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    Grand Nouméa
  • Joanna Jullien | Crée le 08.01.2018 à 09h59 | Mis à jour le 02.05.2018 à 13h58
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    Qu’ils soient présents dans les Tours de Magenta depuis 1975, ou récemment arrivés, les habitants font preuve de solidarité au quotidien et rêvent d’un avenir apaisé dans la résidence SIC en cours de réhabilitation. Photo Julien Cinier
    Série. Connaissez-vous l’histoire des cités emblématiques de Nouméa ? Aujourd’hui, gros plan sur les Tours de Magenta. Les quinze bâtiments construits par la SIC en 1973 accueillent près de 3 000 habitants tournés vers l’avenir.

    Quand Magenta tousse la Sic s’enrhume. Ce proverbe toujours d’actualité en dit long sur l’importance de la cité historique la plus peuplée de la Sic : les Tours de Magenta. Construit de 1973 à 1975, l’ensemble de quinze tours comprenant 850 logements, pour environ 3 000 habitants, et 19 commerces, a été imaginé par les architectes André Maïkovsky et Yves Cormier. Elles ont été complétées par un nouveau bâtiment de 50 logements en 1981. « On l’appelle le poumon de la SIC car il s’agit d’une grosse partie du parc locatif, 850 sur 10 000 logements. C’est un symbole », explique Laurie Karim, chef du service partenariats et innovation pour le bailleur social.
    Les Tours étaient à l’origine destinées à accueillir la vague de travailleurs venus profiter du boom du nickel, à l’instar d’autres cités connues de la capitale. « Au début, c’était surtout des gens de l’intérieur et des îles », indique André Waneux, président de l’association Mieux Vivre à Magenta tours, qui s’attache à porter la voix et les projets des locataires. Les militaires représentaient un tiers des habitants jusqu’à la seconde moitié des années 1990.

    Monter à pied
    Thomadra Whaja, 85 ans, a été agent SIC dans plusieurs cités. Celle qui a pris son poste à Pierre-Lenquette dès 1972, effectuait aussi des remplacements aux Tours de Magenta, où elle habite. « A l’époque, il n’y avait pas d’ascenseurs, se souvient-elle. Je devais monter à pied jusqu’en haut avec mon balai et mon seau. » La cité vibre alors au rythme des différentes arrivées de population, et de l’installation d’associations, comme l’AS Magenta (voir ci-contre), comme des services aux alentours. Jean Wadrobert, lui, est arrivé en 1984. L’agent d’entretien, qui a pris sa retraite en juin dernier, a lui aussi vu la cité évoluer, mais pas forcément d’un bon œil.
    « Au début, c’était bien. Les gens se rencontraient, puis on rentrait chacun chez soi. Mais au fur et à mesure des années, ça s’est dégradé. Jusque dans les années 2000, ça allait, mais depuis, il y a des tags partout comme à Pierre-Lenquette. » Déplacé des appartements de Sainte-Marie vers la nouvelle résidence des tours, à son ouverture, en 1975, Haudra Roine était très satisfait des logements. Aujourd’hui, il attend toujours que le sien soit réhabilité et constate qu’« il y a beaucoup de nouveaux, notamment des locataires des autres cités en rénovation. » Il se désole du contexte ambiant. « Ça fait des années que ça dure. Les jeunes n’ont pas de travail. Il y a de fortes inégalités. Il faut pousser les politiques à faire quelque chose », tonne-t-il, ému.
    Habitat dégradé, jeunesse désœuvrée qui « met le bazar » : après de nombreuses années sans changements, les habitants se sont sentis délaissés. Et l’ont fait savoir. Notamment via l’association Mieux Vivre à Magenta qui mène depuis de nombreux projets.

    Dans la colle des faïences
    Côté SIC, la réhabilitation des logements est entamée en 2009, suivie des ascenseurs. De l’électricité au carrelage, en passant par les peintures, les travaux prennent du retard, du fait « de la présence d’amiante, souvent dans les colles des faïences de la cuisine et de la salle de bains », justifie le bailleur. « On s’est bagarrés pendant sept ans pour qu’ils rénovent », plaide André Waneux. 70 % des logements seraient aujourd’hui réhabilités (lire encadré). Un chiffre que certains contestent, comme la qualité des travaux. La disparition du fromage (voir p. 9), lieu de passage et de rassemblement, remplacé par un parc, ne contente pas non plus les habitants. « Le présent aujourd’hui ne donne pas satisfaction. Il faut être à l’écoute des besoins des gens des quartiers. »
    Un partenariat signé entre l’association et la SIC en août 2017, lui laisse pourtant entrevoir un espoir. « Nous allons mener une expérience de résidentialisation et redonner sa propre identité à chaque bâtiment », indique Laurie Karim. Portails, codes d’accès, réunions plus régulières avec les habitants, etc., des projets mis en avant par la SIC pour les années à venir. Les habitants, eux, attendent de voir. « Ce projet, il nous a été présenté en octobre. Depuis, toujours rien », pose André Waneux. Le succès de l’opération menée par les jeunes du quartier, embauchés par l’Asea NC afin de ramener le calme dans le quartier*, le conforte cependant dans sa vision d’un changement positif pour 2018.

    *Lire sur lnc.nc : « Des jeunes engagés pour ramener la tranquillité dans leur quartier. »

    850

    logements et une vingtaine de commerces se répartissent aux Tours de Magenta. Selon la SIC, 70 % d’entre eux ont été réhabilités depuis 2006.

    Repères

    Des associations
    Les Tours de Magenta accueillent de nombreuses associations. Comme l’Association des parents d’enfants handicapés (APEHNC), qui a établi un centre d’accueil de jour pour une quinzaine d’enfants, d’adolescents et de jeunes
    adultes. On y retrouve également la célèbre section football de l’AS Magenta, qui comptait 339 licenciés en 2016 ou encore l’association environnementale Ensemble pour la planète, par exemple. Avant le déménagement du CHT, un espace était réservé aux futures mamans.

    Réhabiliter
    70 appartements doivent être rénovés chaque année jusqu’en 2020. L’opération, d’un coût de 3 milliards, a démarré en 2009. La première phase de remplacement des dix-huit ascenseurs (neuf bâtiments) doit se poursuivre jusqu'en 2018. Au total, 26 doivent être changés.

    Un partenariat
    L’Association Mieux Vivre à Magenta et la SIC ont signé un partenariat le 19 août 2017. Au programme : la mise à disposition d’un local pour l’association, l’organisation d’un rendez-vous de l’emploi, d’un événement lors de la fête des voisins, d’une journée de partage pour les familles, d’une concertation sur le projet de résidentialisation du bâtiment K, et des rencontres trimestriels avec la SIC concernant la vie dans la résidence et les gros travaux (éclairage, remplacement des ascenseurs).

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