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    Histoire
  • LNC | Crée le 31.01.2024 à 14h00 | Mis à jour le 14.02.2024 à 17h08
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    Les carnets de commande déposés dans les boîtes dispersées dans les quartiers étaient relevés par les bouchers chaque soir. Le paquet préparé était ensuite livré au client dans la nuit. Photo DR
    Jusque dans les années 1960, les Nouméens se faisaient livrer en viande, à domicile. Deux fois par semaine, les boucheries Ballande, Peyrolle, Montier ou Vincent de Casteljau assuraient le ravitaillement de la population.

    Après-guerre et jusque dans les années 1960, un étrange ballet nocturne animait les rues de Nouméa : de drôles de facteurs sillonnaient les quartiers, panier au bras. Ils déposaient devant les maisons des paquets de toutes tailles, enveloppés de papier brun. Au matin, les habitants récupéraient rôtis, côtelettes ou filets mignons commandés la veille.

    Toutes les boucheries de Nouméa assuraient la livraison à domicile. Chaque commerçant possédait ses " boîtes à commande ". On y déposait le carnet dans lequel on consignait sa commande et un sac de toile à son nom. Les boîtes étaient réparties dans les quartiers de la ville.

    Commerçants et restaurateurs étaient livrés chaque jour, les particuliers deux fois par semaine.

    Une organisation bien rodée

    La boucherie Ballande, au coin des rues de l’Alma et d’Austerlitz, était reconnaissable à ses grosses grilles métalliques rouges. Les clients déposaient leur commande les mardi et vendredi soir, soit dans une des boîtes de leur quartier, soit directement dans celle fixée sur la grille principale, rue de l’Alma.

    Vers 22 heures, le livreur effectuait la relève des carnets et les ramenait à la boucherie. Là, il les classait par quartier et surtout par ordre de livraison. Le dernier livré étant la première commande préparée et déposée dans le fond des caisses en bois à claires-voies.

    Un comptable annonçait la commande du client et un boucher coupait et pesait la viande pendant que le comptable établissait la facture.

    Un aide empaquetait la commande dans du papier avant de la déposer dans le sac de toile.

    Quand il n’y avait pas de sac, la viande était enveloppée dans du " papier goudron ". Paquets et sacs étaient soigneusement disposés dans la caisse afin de faciliter la livraison.

    L’Orphelinat livré en premier

    Dès que les commandes pour un quartier étaient prêtes, le livreur partait pour la distribution avec un aide, chargé de déposer les colis placés dans un gros panier d’osier, pendant que le chauffeur livrait une autre partie du quartier.

    Ce n’est que vers 1 heure ou 2 heures du matin que la livraison débutait. Pendant qu’un quartier était ravitaillé, l’équipe de veille travaillait à la préparation des commandes d’un second quartier, et ainsi de suite. La livraison commençait souvent par le quartier de l’Orphelinat puis venait le tour du Faubourg-Blanchot et du Trianon. Le travail de nuit se poursuivait avec la Vallée-du-Tir, puis le centre-ville.

    Des factures en fin de mois

    Les particuliers disposaient généralement de deux boîtes placées sur la barrière de leur villa : l’une pour la livraison de pain, l’autre pour la viande. Il arrivait cependant que le livreur entre dans les maisons pour déposer la commande sur la table de la terrasse voire à l’intérieur de la maison.

    Les gens se connaissaient, se faisaient confiance.

    Le carnet était rendu avec la commande. Un bordereau de commande y était joint. Rue de l’Alma, le comptable facturait sur une grande feuille sur laquelle il précisait le type de viande (" Vo " pour viande ordinaire, " Bo " pour viande à bouillir…), le poids, le prix et qu’il adressait au service comptabilité.

    Les particuliers recevaient leur facture en fin de mois.

    Des livreurs endormis au milieu des carcasses fraîchement dépecées


    Le nécessaire des bouchers lors des déplacements en Brousse.

    Chaque boucherie avait ses propres fournisseurs en bœuf, veau, porc, cabri etc. Les abattages étaient effectués par les personnels des boucheries. Chez Ballande, chaque semaine, on effectuait deux abattages de bœufs (soit 6 tonnes en moyenne), un abattage de veaux (20 à 30 bêtes environ), et un abattage de porcs (entre 10 et 15 bêtes). Les cabris et les moutons étaient abattus par les éleveurs eux-mêmes.

    Pour ce faire, chaque lundi, un camion avec chauffeur était commandé auprès du Service de l’Élevage. Trois bouchers partaient. Si l’abattage était effectué à moins de 200 kilomètres de Nouméa, le camion partait vers minuit pour arriver avant le lever du jour, moment de l’abattage.

    De la viande "chaude"

    Si la distance était supérieure, l’équipe quittait la capitale la veille dans l’après-midi pour être sur la propriété le soir. Les bouchers chargeaient eux-mêmes les quartiers de viande dans le camion bâché et les suspendaient à des barres sur de gros crochets. Pour le trajet retour, deux hommes s’installaient avec le chauffeur pendant que le troisième se couchait dans un hamac au milieu des quartiers de viande et de la douzaine de têtes dépecées.

    Quand la viande arrivait à Nouméa, le camion stationnait rue de l’Alma, devant la boucherie et le ballet des quartiers descendus à dos d’hommes reprenait. Certains clients achetaient de la viande " chaude ", dès son arrivée.

    Note

    Cette série d’été est réalisée en collaboration avec l’Association témoignage d’un passé.

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