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    Histoire
  • LNC | Crée le 04.02.2024 à 05h00 | Mis à jour le 14.02.2024 à 17h08
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    Les côtres étaient fabriqués à Nouméa, à Touho ou à Bélep. Photo DR
    Jusqu’aux années 1940, certains bateaux de pêche, appelés côtres, étaient équipés de viviers destinés à maintenir le poisson vivant jusqu’au retour à terre.

    Une coque d’une longueur de 6 à 8 mètres, une bonne stabilité en mer formée, un double hauban équipé d’une échelle pour surveiller bancs de poissons et patates… le côtre, robuste bateau de pêche sorti des chantiers de Nouméa, de Touho ou de Bélep, possédait une particularité : à son bord, un bac parfaitement étanche, rempli d’eau de mer, permettait de conserver les prises de la campagne de pêche. Au retour à terre, le poisson était toujours vendu vivant.

    Un ingénieux système garantissait le remplissage du vivier en eau de mer. L’eau s’engouffrait par une trentaine de trous percés dans les bordées. Le fond était recouvert d’une couche de ciment, et chaque trou était traversé par un tube de cuivre rouge rabattu des deux côtés. Une cloison longitudinale réduisait le roulis dans le vivier.

    Parfois, une cloison latérale permettait de séparer les prises pêchées. Au départ de la campagne, le vivier était vidé. Pour ce faire, il fallait boucher tous les trous avec un tampon de bois enroulé d’un morceau de toile de jute.

    Souvent, le bateau était partiellement échoué à marée basse pour vider le vivier et surtout nettoyer la coque à l’aide de bourre de coco ramassée sur le rivage.

    Rougets et communards

    Ainsi allégé, le bateau arrivait plus vite sur les lieux de pêche. Les vivres embarqués sont simples : eau, sirop, thé, vin, rhum, pain, riz, farine, boîte Ouaco, sucre, sel, curry et soyo. A bord, la cuisine se fait au Primus à pétrole ou au charbon. Il arrive que l’équipage se mette à l’abri sous le vent d’un îlot, et dîne à terre. Quelques œufs de goéland ou de tortue, quelques poulpes et coquillages améliorent alors l’ordinaire. On n’oublie pas de laisser dans la braise quelques poissons non grattés, vidés, avant de regagner le bord pour la nuit. Le mets est à point, le lendemain, pour le petit-déjeuner.

    Ces professionnels pêchent les rougets et communards avec des balancines de 4 à 6 hameçons, sans barbet pour faciliter le décrochage du poisson.

    Avant de jeter le poisson dans le vivier, on lui perce la vessie natatoire à l’aide de l’hameçon ou d’une aiguille en bambou.

    En effet, la remontée rapide de l’eau a fait sortir la vessie de la gueule du poisson.

    Protéger le vivier de la lune

    Certains pêcheurs utilisent deux lignes alternativement. L’appât est souvent un morceau de poulpe. Pour les grosses prises, la nuit, le pêcheur utilise une " ligne fourrée ", c’est-à-dire une ligne normale en coton enrobée d’une garniture serrée en fil fin, qui assure une bonne prise et surtout évite les embrouillages. Éclairé par un fanal à pétrole posé sur le plancher ou hissé à la drisse au mouillage, on couche soit dans les coursives, soit dans le pic avant. Une bâche est tendue par dessus la bôme, pour s’abriter des intempéries. Une façon, aussi, de protéger le vivier du soleil et plus encore de la lune, qui peut détruire en un rien de temps tout le produit de la campagne. On raconte que certains pêcheurs ne rentraient que lorsque la barre du gouvernail tenait toute droite dans le vivier.

    Des poissons vendus vivants


    Fort robuste, le côtre possédait la particularité d'être équipé d'un vivier pour garder les poissons vivants.

    Dans la première moitié du XXe siècle, les moyens de conservation étaient quasiment inexistants. Le poisson était vendu au marché de Nouméa, vivant. On ramenait du quai des charrettes étanches chargées de poissons frétillants. Il ne fallait pas avoir peur de se mouiller pour bien choisir son poisson !

    Au retour au port, la cargaison était transférée dans un vivier flottant amarré au corps-mort du bateau, à l’aide de grosses épuisettes. Les poissons étaient parfois directement jetés dans les charrettes remplies d’eau de mer, que l’on roulait jusqu’au marché.

    Souvent, dans la cohue, le client désignait de façon imprécise un poisson qui aussitôt recevait un coup de gourdin. Si le poisson occis n’était pas le bon, une dispute ne manquait pas d’éclater entre le vendeur et le client : un poisson mort était devenu invendable…

    Le poisson était pesé sur une balance Roberval avant d’être transpercé aux ouïes ou aux yeux par un fil à voile au bout d’une alène, pour faciliter le transport.

    La friture était vendue par filoches (en général une douzaine) : pour former ces " colliers de poisson ", il suffisait d’attacher le premier et de faire glisser les autres à l’aide de l’aiguille et du fil à voile.

    Note

    Cette série d'été est réalisée en collaboration avec l'Association témoignage d'un passé.

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