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  • Alexis HONTANG  | Crée le 07.05.2024 à 11h50 | Mis à jour le 07.05.2024 à 11h50
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    Au Vietnam, de nombreuses commémorations sont attendues pour fêter le 70e anniversaire de la victoire de Dien Bien Phu contre les forces coloniales françaises. Photo Nhac NGUYEN / AFP
    Au bruit des bottes et des canons, le Vietnam célèbre mardi le 70e anniversaire de la victoire de Dien Bien Phu contre les troupes françaises, sous le signe de la réconciliation avec l’ancienne puissance coloniale.

    Environ 12 000 soldats, policiers et représentants de la société civile vont défiler mardi matin, dans un stade Dien Bien Phu, en souvenir du triomphe qui a conduit à l’indépendance du Vietnam.

    Organisée tous les dix ans, la démonstration de force, avec hélicoptères et obusiers à l’appui, rassemblera de nombreux dirigeants communistes, ainsi que, pour la première fois, des membres du gouvernement français, accompagnés par trois anciens combattants tricolores.

    La présence du ministre des Armées Sébastien Lecornu et de la secrétaire d’Etat chargée des Anciens combattants et de la Mémoire Patricia Mirallès, témoigne de la réconciliation à l’oeuvre, sur fond d’intérêts stratégiques en commun.

    Les relations entre les deux pays autrefois en guerre sont aujourd’hui cordiales, en dépit des atteintes aux droits humains dont est régulièrement accusé le régime communiste.

    "Le passé est derrière nous, nous ne pensons plus au conflit ou à la haine. C’est bien de se serrer la main, parce que nous voulons plus d’amis et moins d’ennemis", explique à l’AFP Ha Thi Duong, une gradée de l’armée vietnamienne, croisée dans la ville.

    13 000 morts ou disparus

    Dans les rues de Dien Bien Phu, les festivités exaltent l’unité du pays et la mobilisation des masses, à coups de slogans scandés sur haut-parleur, de concerts, et de portraits du héros de l’indépendance Ho Chi Minh ou du général Vo Nguyen Giap.

    A une dizaine de kilomètres du Laos à vol d’oiseau, le site est cerné par les montagnes, dans une "cuvette" à jamais synonyme d’humiliation militaire pour les Français.

    La reddition du colonel Christian de la Croix de Castries, le 7 mai 1954, a mis fin à 56 jours de déluges d’obus et d’affrontements au corps à corps, qui ont fait 13 000 morts ou disparus, dont 10 000 du côté vietnamien.

    Le corps expéditionnaire français, fort de quelque 15 000 hommes de nombreuses nationalités, avait sous-estimé la puissance de feu de ses ennemis, nourrie par l’installation, sur les collines surplombant le camp retranché, de canons transportés en pièces détachées sur des centaines de kilomètres dans la jungle, parfois à vélo.

    "Les blessures et les morts étaient normales sur le champ de bataille, il n’y avait pas à avoir peur. Nous nous battions pour notre indépendance et notre liberté", se rappelle un ancien combattant vietnamien, Hoang Van Bay, 93 ans, qui a creusé des kilomètres de tranchées sur le champ de bataille.

    Dien Bien Phu a débouché sur les accords de Genève, le 21 juillet 1954, qui ont acté la fin d’un quasi siècle de domination française en Indochine, ainsi que la partition du Vietnam, prélude à l’engagement américain à venir.

    Equilibre diplomatique

    Des sites commémoratifs de la bataille ont récemment été rénovés, dans un contexte de promotion touristique de la région souhaitée par les autorités locales.

    Au musée de la Victoire, des dizaines de visiteurs se bousculent pour admirer la fresque peinte retraçant le film de la bataille, où des tanks avancent sur des tas de cadavres.

    L’évolution des lieux témoigne de l’ouverture du Vietnam, à la suite de grandes politiques de libéralisation économique initiées dans les années 1980.

    "Il y avait une sorte de rétention côté vietnamien, car le 7 mai est sacré pour eux. Il y a 20 ans, c’était beaucoup plus discret. D’une histoire très nationaliste, on voit plus d’ouverture aujourd’hui", estime Pierre Journoud, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul Valery-Montpellier.

    "L’aspect politique n’est pas innocent non plus", poursuit-il, Hanoï étant à la recherche d’alliés qui puissent l’aider à maintenir son équilibre diplomatique entre Pékin et Washington, auquel il est attaché.

    Avec la France, qui se présente comme une troisième voie en Asie-Pacifique, il faut essayer de "refermer le passé, surmonter les différences et se tourner vers le futur", a déclaré le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh, après sa rencontre avec Sébastien Lecornu dans la capitale Hanoï lundi.

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