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  • Jack MOORE / AFP | Crée le 02.03.2024 à 15h00 | Mis à jour le 02.03.2024 à 15h00
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    Gibran Rakabuming Raka, fils du président indonésien Joko Widodo et actuel maire de la ville de Surakarta, est en passe de devenir le plus jeune vice-président de l’histoire du pays. Photo ADITYA AJI / AFP
    Gibran Rakabuming Raka, fils du président sortant et co-listier de Prabowo Subianto, bien parti pour prendre les commandes de la première économie d’Asie du Sud-Est, devrait devenir dans son sillage à 36 ans le plus jeune vice-président d’Indonésie.

    "Il y a trois mois, je n’étais personne. Je remercie M. Prabowo qui a donné de la place à des jeunes comme moi", a déclaré Gibran, le 14 février, au soir du scrutin à l’issue duquel le grand favori à l’élection présidentielle en Indonésie a revendiqué la victoire avant même l’annonce du résultat officiel attendu pour la mi-mars. Selon des résultats encore partiels, Prabowo Subianto, actuel ministre de la Défense, recueillait lundi 58,84 % des suffrages sur 77 % des bulletins dépouillées, une large avance qui ne laisse que peu de doutes sur le résultat final.

    Pour Gibran, fils aîné de Joko Widodo qui après dix ans au pouvoir et deux mandats ne pouvait se représenter, le succès du tandem "est dû aux jeunes électeurs". Mais la victoire annoncée soulève aussi des questions sur l’influence de Jokowi, surnom de son président de père, les critiques l’accusant de chercher à installer une dynastie politique.

    Une candidature controversée

    Légalement trop jeune, Gibran n’a pu se présenter qu’à la suite d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle, adoptée grâce au vote décisif de son président, Anwar Usman, beau-frère de Jokowi.

    Gibran ne s’est lancé en politique qu’en 2021, remportant la mairie de Surakarta, sur l’île de Java, une fonction que son père avait aussi occupée.

    Gibran s’est présenté au nom du Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-P) de son père, mais lui a ensuite tourné le dos pour se présenter aux côtés de Prabowo Subianto, un ancien général accusé de violations des droits de l’homme sous le régime du dictateur Suharto à la fin des années 1990, accusations qu’il a toujours rejetées.

    Le ticket Prabowo-Gibran a aussi profité de la forte popularité de Jokowi dont il s’est engagé à poursuivre la politique. L’actuel président, qui cédera le pouvoir en octobre, laissera une économie qui a connu en 2023 une croissance de 5,05 %, contre 5,3 % en 2022. "Quand les gens verront Gibran, ils verront Jokowi", estime Ujang Komarudin, analyste politique à l’université Al Azhar de Jakarta. Mais "les grandes questions stratégiques seront déterminées par Prabowo".

    Un millionnaire qui plaît aux jeunes

    Les investissements commerciaux et immobiliers de Gibran ont fait de lui un millionnaire, selon sa déclaration de patrimoine faite en 2020 à la commission électorale. Au-delà de son sens des affaires, Gibran, qui s’est peu exprimé durant la campagne, est accusé de manquer d’idées politiques et de tenter de masquer ses lacunes en balayant les questions avec des réponses en un seul mot ou des blagues.

    "En tant que (candidat) vice-président, il devrait parler de politique", souligne Ika Idris, experte au centre de recherche Monash sur la démocratie à Jakarta. "Mais d’après la façon dont il communique, il n’est pas assez mature".

    Mais dans un pays où plus de la moitié des 204 millions d’électeurs ont moins de 40 ans, certains ont été attirés par l’idée qu’il représenterait les jeunes Indonésiens.

    "J’ai entendu de bonnes choses le concernant et j’ai voté pour lui parce qu’il est jeune, à peu près de notre âge", témoigne Ester Giay, 29 ans, employé dans une mission diplomatique étrangère à Jakarta.

    Lorsque Jokowi a accédé au pouvoir en 2014, il l’a fait en faisant appel au peuple, mettant l’accent sur ses origines humbles et sur le fait qu’il n’était pas issu des grandes familles en place.

    "Retour du népotisme"

    Mais ses détracteurs lui reprochent maintenant d’agir comme ses prédécesseurs issus de grandes dynasties, qui ont installé leurs proches à des postes de pouvoir pour conserver leur influence. Second plus haut responsable politique, Gibran en tant que vice-président prendrait la suite de Prabowo Subianto si celui-ci ne pouvait plus gouverner.

    Au-delà, les observateurs estiment que Gibran se prépare probablement déjà à la prochaine campagne présidentielle en 2029.

    "Une fois de plus, les relations comptent plus que le mérite de chacun", confie sous couvert d’anonymat un membre d’une équipe de campagne rivale. "Cela montre que le népotisme est de retour en force en Indonésie".

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