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    Nouvelle Calédonie
  • LNC | Crée le 07.04.2024 à 08h00 | Mis à jour le 07.04.2024 à 09h00
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    Une salle de classe comme il y a quarante ou cinquante ans : des bancs et des pupitres de bois avec abattant, des encriers, des cartes, des écorchés, un boulier… Photo DR
    Dans le Nouméa des années 1930, l’École communale n’avait que deux noms : Suzanne-Russier pour les filles, et Frédéric-Surleau pour les garçons. C’était au temps des bancs de bois, des encriers et de la belle écriture au porte-plume.

    Il existe toujours une école Suzanne-Russier, à la Vallée-du-Génie. Mais la " vraie ", la première, était au bas de la place des Cocotiers et a été rasée pour faire place à la mairie de Nouméa. Quant à Surleau, si elle n’a pas bougé, elle a été entièrement reconstruite. Ce qui fait de l’école Paul-Boyer, qui a fêté ses 70 ans, la plus ancienne de la capitale, du point de vue des bâtiments, pas de l’antériorité.

    Le repas en panier

    " Mes premiers souvenirs d’écolière datent de 1922, raconte une ancienne élève. Habitant Nondoué, pour aller à Suzanne-Russier, je devais chaque jour prendre le train très tôt, pour rentrer tard le soir. C’est aux mauvaises lumières du train que nous apprenions nos leçons et faisions nos devoirs, dans une ambiance qui n’était guère favorable à l’étude. Il n’existait pas de cantine. Nous emportions notre repas dans un petit panier, et nous déjeunions sur un banc, sous la véranda. Pour ma première rentrée scolaire, ce qui m’a le plus marquée, c’est qu’après la mise en rang nous devions entrer dans la classe et en faire plusieurs fois le tour en récitant les tables de multiplication. "


    Le compendium était un lot de petit matériel représentant l’abrégé de toute une science. Les écoles de Nouméa disposaient du compendium métrique (balance et ses poids, boîtes cubiques et cylindriques, mesures de longueur, etc.) et du compendium scientifique (lampe à alcool, ballons et éprouvettes, produits chimiques, mercure, etc.). Photo DR

    Des classes surpeuplées

    Suzanne-Russier et Frédéric-Surleau ont été, des années trente aux années cinquante, les deux seules écoles communales publiques et laïques de Nouméa. Elles avaient toutes les deux seize classes. Surleau accueillait plus de 600 élèves.


    On n’appelait pas encore cela l’éducation civique, mais cela y ressemblait. Chaque jour de classe commençait par la morale, avec une phrase au tableau. Photo DR

    Du cours préparatoire au cours supérieur 1re et 2e année (l’équivalent de la 6e, qui permettait d’entrer en 5e au collège Lapérouse), il y avait 40 élèves par classe. Les effectifs ne se sont allégés qu’avec la construction des écoles de la Vallée-du-Tir, et une salle ainsi libérée fut transformée en salle de travaux manuels.

    Le temps du Certif

    Au cours supérieur, on ne rigolait pas. On y faisait même de l’anglais. 98 % des élèves, nantis de leur Certificat d’études primaires, le Certif, étaient admis en 5e. Ce cours accueillait également une dizaine d’élèves mélanésiens de l’intérieur et des îles, qui rejoignaient ensuite l’école des Moniteurs de Nouville, en internat.


    Au temps des porte-plumes et des « sergents-majors », il y avait bien sûr des… plumiers. Le buvard était indispensable, la règle était en bois. Photo DR

    A une époque, trois classes de Surleau furent même réservées exclusivement aux enfants vietnamiens dont les familles arrivaient pour le travail des mines. Généralement intelligents et travailleurs, ils étaient cependant gênés par leurs difficultés en français. Cette ségrégation n’a duré que trois ans.

    En sept décennies, Surleau a connu bien des épisodes. Des années 30 à 40, la gym pour les grands y était par exemple assurée par… deux sous-officiers de l’armée, qui transformaient les murs d’enceinte en parcours du combattant, pour élèves, à la grande inquiétude des enseignants.

    Pendant la guerre, le collège Lapérouse ayant été réquisitionné, ses élèves avaient déménagé à Suzanne-Russier. Du coup, Surleau accueillait les filles quatre heures le matin et les garçons quatre heures l’après-midi, six jours sur sept !

    Sobriquets et politesse

    C’était aussi l’époque des sobriquets, façon " Guerre des boutons ". Il y eut, parmi les élèves de Surleau, " Beaugueule ", " Cissis ", " Nono ", " Bout de Bois ", " le Gris ", " le Pur ", " le Brême " ou " Barrière ". Et chez les enseignants " Misère ", " Carotte " et " Caillebibitte ".

    Mais, globalement, les enfants étaient polis et respectueux. Les punitions étaient rares, essentiellement des lignes à copier, parfois un coup de règle sur les doigts. En cas de faute grave, c’était la gifle. Les parents n’y trouvaient pas à redire.


    Écrire au temps du Certif tenait de la calligraphie. Il fallait respecter les pleins et les deliés, travailler sur réglure Seyès : un interligne pour les petites lettres, un et demi pour les t et les d, trois pour les “grandes” en haut (h et l) et deux pour les grandes en bas (p et q). Les majuscules, c’était (presque) l’enfer… Photo DR

    Ce respect pour les autres s’appliquait aussi au matériel. Les derniers jours de classe, chaque année, étaient réservés au nettoyage des pupitres. Les élèves devaient les gratter, à la lame de rasoir ou au tesson de verre, puis les poncer, les laver à l’eau de Javel et les cirer. Ils étaient ainsi prêts pour la rentrée suivante.

    Note

    Cette série est réalisée avec le concours de l’Association témoignage d’un passé.

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