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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 14.10.2023 à 08h40 | Mis à jour le 14.10.2023 à 09h40
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    Jean-Francis Clair a coécrit avec sa fille Delphine une nouvelle édition du guide de randonnée Nouvelle-Calédonie sauvage, spécial treks et expéditions. Photo A.T.
    C’est un incontournable des amateurs de randonnées dans le pays. Après quinze ans d’absence, une réédition de Nouvelle-Calédonie sauvage vient de sortir. Si ce tome 1 spécial "treks et expéditions" s’adresse aux promeneurs confirmés, d’autres ouvrages sont en préparation pour lister l’ensemble des itinéraires à découvrir à la journée, province par province. Rencontre avec l’auteur et infatigable marcheur Jean-Francis Clair.

    Vous êtes l’auteur de ce guide depuis la première édition, parue en 1997. Quelle est la genèse de cet ouvrage devenu une référence pour les randonneurs ?

    On a fait appel à moi car j’avais participé à de nombreux raids en tant que concurrent et comme encadrant. Je connaissais déjà bien le terrain de la Nouvelle-Calédonie. La première édition a ainsi été réalisée en seulement six mois.

    A l’époque, la Nouvelle-Calédonie était encore peu organisée en matière de randonnées balisées.

    Comment ce loisir a-t-il évolué ?

    La randonnée a énormément évolué. Au départ, les itinéraires étaient uniquement empruntés par des initiés ou des chasseurs. Progressivement, sont apparus en province Sud, puis en province Nord, des itinéraires balisés.

    L’offre en matière de randonnées gérées, c’est-à-dire balisées et aménagées, s’est beaucoup améliorée cette dernière décennie. La Nouvelle-Calédonie n’a pas à rougir face à des destinations comme la Nouvelle-Zélande. Il y a par exemple près de 600 km de sentiers, rien qu’en province Sud.

    "Le niveau technique des marcheurs a chuté de manière drastique."

    Le profil des marcheurs s’est-il diversifié ?

    Oui, surtout depuis la Covid. Durant la pandémie, la volonté des gens de se balader dans la nature a énormément augmenté. Le problème, c’est que le niveau technique des marcheurs a chuté de manière drastique. Certains se lancent dans des opérations pour lesquelles ils n’ont ni l’équipement, ni le niveau physique, ni le niveau technique : la capacité à lire un GPS, une boussole, une carte, etc.

    Avec l’apparition des smartphones et des applications, les gens ont le sentiment de pouvoir aller n’importe où. Sauf que toutes les applications ne sont pas en mesure de répondre à leurs questions.


    La dernière étape du GR Nord, qui aboutit sur l’embouchure de la Tipindje, à Hienghène, est un incontournable des amateurs de treks. Photo Gilles Caprais

    Est-ce que cela signifie que les gens préparent moins leurs itinéraires ?

    Le travail de préparation en amont de l’itinéraire est essentiel. Cela permet notamment de se construire une carte mentale de l’espace dans lequel on va évoluer, mais les gens ne le font plus avec les applis qui éloignent de la lecture et d’une saine préparation de la randonnée.

    Au risque de se perdre, ce qui arrive régulièrement en Nouvelle-Calédonie…

    Oui. Cela tient beaucoup à la nature du relief, très compartimenté et à la végétation souvent dense. En Nouvelle-Zélande ou dans les Alpes par exemple, il y a de vastes systèmes de vallées où il est assez simple de se construire cette image mentale de l’espace. Ici, c’est beaucoup plus difficile.

    Une énorme source d’erreurs également, ce sont les anciennes pistes de mine. Elles étaient souvent des itinéraires de prospection qui ne débouchent sur rien. Cet entrelacs d’itinéraires perturbe donc les gens notamment dans les zones minières où il y a des tonnes de pistes qui ne permettent pas de se repérer facilement.

    D’où l’intérêt de posséder un guide de randonnée comme le vôtre…

    Cela permet surtout de faire ce travail préparatoire en amont, qu’il est impossible de mener sans cet ouvrage qui décortique et analyse chaque itinéraire, le segmente en étapes, en donne une traduction géographique, etc.

    Cette nouvelle édition est dédiée aux treks et s’adresse aux très bons marcheurs…

    Oui. Ce ne sont que des itinéraires longs, de plusieurs jours, et plutôt difficiles. On y retrouve les tracés des GR balisés mais aussi des tracés dits "sauvages" qui ne sont absolument pas balisés et qui vont nécessiter d’avoir une bonne connaissance de la navigation terrestre.

    "Le prochain ouvrage, qui devrait sortir début 2024, sera dédié à la province Sud."

    Pouvez-vous nous donner un exemple ?

    La traversée de la Chaîne entre la tribu d’Atéu, dans l’arrière-pays de Koné et l’embouchure de la Tipindjé, à Hienghène. Deux jours de marche suffisent pour atteindre la côte Est en suivant ce qui était autrefois un itinéraire de conduite de bétail.

    Je peux citer aussi la traversée de la Rivière bleue jusqu’à l’embouchure de la Pourina, sur la côte Oubliée, qui franchit sur la deuxième journée tout le massif minier du Sud, jusqu’à la tribu d’Unia.

    Ces treks impliquent de l’organisation pour se faire récupérer à l’arrivée. Mais il commence à y avoir des transporteurs qui proposent leurs services. Le guide contient d’ailleurs 100 pages d’infos pratiques.

    D’autres tomes sont en préparation. Quels en seront les thématiques ?

    Nous comptons lancer une édition par province sur les itinéraires à faire à la journée et les petites promenades. Le prochain ouvrage, qui devrait sortir début 2024, sera dédié à la province Sud, de l’ascension du plateau de Dogny aux nombreux itinéraires du Grand Sud, dont le sentier des cochons après le col de Mouiranges ou le sentier Glissant, qui ne sont pas du tout balisés mais que beaucoup de monde connaît.

    Le tome 3 traitera de la province Nord, puis il y en aura probablement un en province des Îles où il y a moins de chemins et où les habitants ne voient pas encore trop l’intérêt des itinéraires libres et gratuits. Ils seraient pourtant des produits d’appel leur permettant de gagner de l’argent ensuite pour les autres services.

    Quels conseils donneriez-vous avant de se lancer ?

    Bien préparer son itinéraire dans les jours qui précèdent la balade, vérifier la météo, que le matériel soit adapté et que l’état physique du marcheur ou de l’équipe corresponde au niveau de difficulté. C’est le plus lent qui rythme la progression de l’équipe, même si ce n’est pas toujours facile…

    Note

    A Savoir

    Nouvelle-Calédonie sauvage, éditions Thupaca, 448 pages, 4 895 francs.

    En vente chez Calédo Livres.

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