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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 06.11.2023 à 16h24 | Mis à jour le 06.11.2023 à 17h56
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    Nina Julié, porte-parole de Générations NC, est également élue à la ville du Mont-Dore et à la province Sud. Photo Archives LNC / Nicolas Petit
    Générations NC a proposé son premier "débat calédonien", samedi, à Païta, autour de la vie chère et du pouvoir d’achat, auquel près de 200 personnes ont participé. L’objectif : récolter certaines propositions concrètes qui émanent des citoyens pour les porter ensuite devant les institutions. Le mouvement envisage d’ores et déjà d’organiser d’autres rendez-vous de ce type sur des sujets de société qui "préoccupent tous les Calédoniens". Entretien avec Nina Julié, porte-parole du parti.

    Vous avez organisé un " débat calédonien " sur le pouvoir d’achat. En quoi consiste ce nouveau format ?

    Nous souhaitons vraiment travailler avec les Calédoniens à partir des propositions qui émanent du terrain en relation directe avec les citoyens. Il s’agissait donc d’un débat auquel ont été invités de nombreux professionnels représentant notamment les organisations patronales ou celles œuvrant dans la solidarité comme Saint-Vincent-de-Paul, l’UFC Que Choisir, les chambres consulaires, etc. Le public est également venu nombreux, avec au moins 200 personnes présentes. Il y a eu un échange nourri avec les Calédoniens qui subissent l’augmentation des prix des produits, la baisse des salaires, etc. Le débat s’est ainsi organisé autour de différents leviers qui pourraient être actionnés afin de leur redonner du pouvoir d’achat.

    Quels leviers ont été identifiés ?

    Plusieurs propositions concrètes en sont ressorties, tout d’abord autour du prix des produits : comment réfléchir à l’empilement des différentes taxes, comment construire des filières localement pour baisser ces prix, mais également, et c’est un peu surprenant, comment changer de comportement en tant que consommateurs pour mieux gérer son budget en choisissant différemment ses produits. Il y a eu un exemple très frappant : en ce moment, les aubergines ne sont vraiment pas chères, mais les gens ne les achètent pas.

    Ensuite, il y a eu des propositions sur comment augmenter ses revenus, notamment en aidant les gens à avoir plus d’avantages. Il ne s’agit pas forcément d’une augmentation de salaire mais par exemple de chèques repas et d’aides aux transports. Des avantages en nature qui s’ajouteraient aux salaires. Les participants ont également demandé comment défiscaliser les heures supplémentaires pour travailler plus et gagner plus.

    Quels autres constats ont-ils été tirés ?

    Il ressort que dans le pays, il n’y a que 54 % d’actifs et qu’on ne peut pas avoir un système social aussi solidaire que le nôtre quand tout repose sur le travail, les impôts et les cotisations. Il faut donc qu’on augmente notre proportion d’actifs pour pouvoir continuer à financer notre système de solidarité.

    Le dernier levier, enfin, concerne l’attractivité puisque la consommation dépend de l’attractivité d’un territoire, c’est-à-dire que plus on consomme ; plus on crée de l’emploi et plus les gens ont un pouvoir d’achat. Ces propositions sont directement adressées aux politiques en leur demandant à faire revenir des consommateurs, à avoir plus de visibilité sur l’avenir du pays et à vite résoudre les problèmes d’avenir institutionnel pour redonner confiance.

    Justement, quelles sont vos marges de manœuvre pour porter ces propositions chez Générations NC ?

    Nous avons des élus dans plusieurs institutions, dont Nicolas Metzdorf à l’Assemblée nationale qui a déjà obtenu les aides de solidarité, soit 250 millions de francs chaque année pour le territoire, à travers la fameuse carte solidarité qui permet d’avoir des aides alimentaires.

    Nous intervenons également au Congrès au travers d’amendements. Nous nous sommes notamment opposés à l’augmentation de la taxe sur le gasoil. Et nous menons aussi ce travail dans les communes. Florence Rolland, maire de La Foa par exemple, a mis en place des tarifs dégressifs dans les cantines pour les grandes familles ainsi que des vacances gratuites pour les enfants. Nous avons donc des leviers dans toutes les institutions pour agir. L’idée à travers ce rendez-vous, c’est de récolter les propositions et de voir comment on les transforme pour les porter dans les institutions dans lesquelles nous siégeons.

    Ce genre de réunion s’adresse-t-il essentiellement à vos militants et sympathisants ?

    Non. Samedi, il y a eu beaucoup de gens que nous n’avions jamais vus car c’est un sujet qui préoccupe tout le monde en ce moment, à des degrés divers, entre ceux qui vont juste faire attention aux prix et se priver de quelques loisirs et ceux qui, carrément, suppriment un repas par jour.

    C’était un débat vraiment ouvert au public et nous apprécions que les forces économiques et citoyennes du pays aient répondu présent parce qu’il y a toujours cette peur en Calédonie d’être étiquetés politiquement. Or nous avons tenté de dépolitiser le débat en faisant attention à ne pas pointer du doigt un tel ou un tel. Le débat se concentre sur ce qu’on peut faire concrètement ou non.


    Plus de 200 personnes ont répondu présent, samedi, au Dock socioculturel de Païta. Photo DR

    Envisagez-vous d’organiser d’autres débats et sur quels thèmes ?

    Oui. Nous avons proposé un petit questionnaire de satisfaction dont nous attendons les retours. Il y a une demande forte sur l’environnement, sur le social et notre modèle de solidarité, sur la place des associations dans le paysage calédonien et comment faire en sorte de mieux valoriser tous ces bénévoles. Ce sont des sujets qui touchent tout le monde et sur lequel les gens ont beaucoup de choses à dire, sauf que parfois, ils ne comprennent pas tout le mécanisme derrière. C’est donc bien qu’ils puissent poser leurs questions au cours de ce genre de débats.

    Selon vous, les partis politiques se focalisent-ils trop sur l’avenir institutionnel au risque de s’éloigner de ces sujets sociétaux ?

    C’est exactement pour cette raison que nous avons organisé ce débat citoyen. Les politiques parlent beaucoup de l’avenir institutionnel, mais les gens sont lassés, et surtout, ce n’est pas leur préoccupation quotidienne. Leur priorité, c’est de savoir s’ils vont boucler leurs fins de mois, pouvoir faire le plein de la voiture ou comment nourrir leurs enfants. C’est donc de tout cela qu’on a voulu parler. Cela ne veut pas dire qu’on ne continue pas à s’occuper de l’avenir institutionnel, mais il faut aussi travailler sur ces questions essentielles. Nous pouvons le faire et cela ne dépend pas forcément de l’avenir institutionnel, même si tout le monde est d’accord pour dire que lorsque nous aurons retrouvé de la stabilité, nous retrouverons de la consommation et forcément cela aura un impact sur le pouvoir d’achat.

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