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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 07.07.2021 à 20h15 | Mis à jour le 09.07.2021 à 15h47
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    Au centre du CHT Gaston-Bourret, le nombre de volontaires est de nouveau en hausse, notamment depuis l'ouverture aux plus jeunes. Photo A.T. 
    Selon le président Thierry Santa, ce n'est que lorsque l'immunité collective sera atteinte en Nouvelle-Calédonie que le sas sanitaire à l'entrée du pays sera totalement levé, soit 180 000 personnes à vacciner. Pour autant, le 16e gouvernement estime qu'on ne pourra plus maintenir les frontières fermées au-delà de la fin de l'année.

    «Cet isolement de la Nouvelle-Calédonie ne peut pas être éternel. Ce virus fait partie du monde, la Calédonie fait partie du monde, et un jour, elle devra apprendre à vivre avec la Covid-19. » Cette phrase, Thierry Santa n'a pas attendu ce mercredi pour la dire. Sauf que cette fois-ci, elle n'avait pas la même portée.

    À la veille de la probable élection du président du 17e gouvernement indépendantiste, le chef de l'exécutif organisait une conférence de presse sous forme de bilan après un an et demi de gestion d'une crise sans précédent. Et qui devra, tôt ou tard, prendre fin. Mais encore faudrait-il que la population soit un maximum protégée contre le coronavirus avant d'ouvrir les frontières. Ou avant même qu'une brèche dans le sas sanitaire ne permette une nouvelle fois à la Covid-19 de circuler sur le Caillou.

    C'est pourquoi le chef du 16e gouvernement en a encore appelé à « la responsabilité des Calédoniens » pour aller se faire vacciner. Cette « même responsabilité qui les avait animés lors des deux confinements » permettant au pays de redevenir Covid free. « Le gouvernement, en mettant à disposition des centres de vaccination à travers tout le pays, et l'État, en assurant un approvisionnement continu de doses, ont pris leurs responsabilités en donnant les moyens à la population d'atteindre l'immunité collective d'ici la fin de l'année, estime Thierry Santa. À charge désormais aux Calédoniens de faire ce qu'il faut pour atteindre cet objectif qui permettra de rouvrir les frontières. »

    Aucun financement après le 31 octobre

    Mais pour l'heure, on est loin du compte. Pour atteindre cette fameuse immunité collective, 180 000 personnes devront avoir subi leurs deux injections, soit 90 % de la population éligible à la vaccination (dès l'âge de 12 ans). Or, actuellement, à peine 61 000 personnes ont reçu au moins une dose, soit un tiers de l'objectif à atteindre. Et les stocks de vaccins s'accumulent. Signe du ralentissement de la campagne, alors que 10 000 doses arrivent chaque semaine, plus de 60 000 attendent toujours d'être utilisées. Pour autant, l'État n'a pas prévu de réduire ou de suspendre cet approvisionnement assure le président du 16e gouvernement, qui espère un sursaut, notamment chez les plus jeunes dont la vaccination est ouverte depuis un mois. Et ce, « de manière que quand le virus rentrera, nos personnes les plus fragiles ne tombent pas malades et à ce que la propagation du virus ne soit pas fulgurante pour avoir la capacité de gérer au niveau hospitalier. » D'autant plus que sur le plan économique, l'isolement du pays atteint ses limites. Au 31 octobre, qui correspond à la date de fin des réglementations des vols, le coût total du sas sanitaire sera de 10 milliards de francs, financés par une subvention de l'État. Au-delà, si le 17e gouvernement souhaite prolonger ce dispositif, aucune enveloppe n'est encore prévue et il faudra trouver 700 millions supplémentaires par mois, ne serait-ce que pour tenir jusqu'à fin décembre. « On ne pourra pas tuer l'économie calédonienne plus longtemps, avertit Christopher Gygès, porte-parole du gouvernement. On a mis en place de nombreux dispositifs pour empêcher l'explosion du chômage. Mais l'an prochain, Aircalin ne pourra plus tenir, tout comme d'autres sociétés si elles ne peuvent pas avoir de personnels qualifiés. »

    Un discours appuyé par Thierry Santa : « L'économie calédonienne ne peut pas rester dans cette difficulté d'approvisionnement en matériel, en personnels et en équipement. Et cela ne peut pas non plus continuer au niveau social. Il y a une tension aujourd'hui d'une partie de la population qui a besoin d'avoir des relations avec leurs familles à l'extérieur du territoire, estime le chef du 16e gouvernement. Pour toutes ces raisons, on ne peut pas ne pas envisager une réouverture de nos frontières. Sans parler du sas sanitaire à l'entrée qui coûte extrêmement cher. On a eu la chance d'avoir un soutien de l'État, mais dès l'an prochain, on n'aura plus les moyens de financer ce dispositif. »

    « Le virus reviendra quoi qu'il arrive »


    Le Dr Pierre-Henri Moury est médecin anesthésiste au CHT et le Dr Myrielle Dupont-Rouzeyrol est virologiste à l'Institut Pasteur.

    On assiste à une perte de vitesse de la vaccination. Quels en sont les freins ?

    Dr Pierre-Henri Moury : Le sentiment d'être Covid free occulte la réalité de la pandémie au niveau mondial et le fait que, de toute façon, on aura une introduction à un moment ou à un autre du virus. Le virus reviendra sur le territoire quoi qu'il arrive, donc ce sentiment de liberté est un peu erroné.

    Quel est l'intérêt de la vaccination en Calédonie ?

    Dr Myrielle Dupont-Rouzeyrol : C'est déjà pour vous protéger et pour protéger les gens autour de vous, notamment les personnes vulnérables. En Calédonie, il ne faut pas oublier que si le virus rentre, pour pouvoir être protégé, il faut compter cinq semaines car il faut deux doses à trois semaines d'écart et on considère que la réponse de protection est efficace deux semaines après la deuxième dose. Il y a donc un temps incommensurable pour que la vaccination soit efficace.

    PHM : C'est la seule alternative aux mesures de distanciation physiques et aux mesures de confinement dont on connaît les effets délétères. C'est donc aussi, d'une certaine manière, se protéger des conséquences sociales, éducatives et économiques de cette pandémie.

    MDR : Plus la population calédonienne sera vaccinée, plus lorsque le virus rentrera, cela permettra d'atténuer les mesures. Ce ne sera pas forcément un confinement strict, et la durée des mesures d'atténuation pourra être régulée en fonction de la couverture vaccinale de la population.

    Au niveau mondial, de plus en plus de variants apparaissent, dont le delta qui serait plus résistant. En quoi la vaccination reste utile face à ces mutations du virus ?

    MDR : Pour qu'un virus mute, il faut qu'il se réplique. Pour qu'il se réplique, il faut qu'il infecte des personnes. Donc plus le virus va se répliquer, plus les mutations apparaîtront. Pour empêcher la réplication, il nous faut des anticorps pour empêcher que le virus n'infecte des cellules et se réplique. Ce qu'on sait sur la vaccination et le variant delta, c'est qu'il est plus transmissible, mais tous les vaccins, dont le Pfizer, sont efficaces dans la protection contre ce variant. Il est intéressant de voir qu'au Royaume-Uni, il y a une épidémie massive à variant delta, mais ils n'ont pas observé une augmentation des hospitalisations. Et quand ils ont étudié, ils ont vu que ce sont les personnes vaccinées qui avaient une protection contre les formes sévères due à cette infection au variant delta. Plus les personnes seront immunisées, moins cela permettra l'apparition de variants.

    Que dire aux gens qui estiment manquer encore de recul sur ces vaccins ?

    PMH : On est des millions, voire des milliards à avoir été vaccinés dans le monde avec un recul sur plus d'un an. C'est largement suffisant en termes pharmacologiques pour acquérir un ensemble de données. Par exemple, le taux de vaccination des médecins est de plus de 95 %. On a donc pleinement conscience des enjeux et des éléments scientifiques.

    Quelles sont nos capacités hospitalières en cas de réintroduction du virus ?

    À l'heure actuelle, les capacités sont limitées par un manque de personnel soignant qualifié pour la réanimation, et plus généralement pour les soins critiques. Lors de l'introduction du virus de mars en Calédonie et à Wallis, on a fait l'expérience que l'on était arrivé aux limites de nos capacités avec un risque, en cas de dépassement des capacités, d'une surmortalité en réanimation, la nécessite de faire des choix entre les personnes malades et entre les pathologies. Et donc des situations beaucoup plus compliquées à gérer d'un point de vue éthique, individuel, etc. Comme on est en sous-effectif actuellement, on n'est pas en mesure de gérer une introduction du virus et une épidémie telle qu'elle a pu être vue en Polynésie par exemple.

    Repères

    Prochains vaccinodromes

    Vendredi 9 juillet au Mont-Dore, au complexe sportif Victorin-Boëwa à Boulari, premières et deuxièmes doses, sans ou avec rendez-vous à prendre au 20 53 00.

    Samedi 17 juillet à Nouméa, à la mairie, premières et deuxièmes doses, sans ou avec rendez-vous à prendre au 05 00 33.

    Vendredi 30 juillet à Bourail, à la mairie, premières et deuxièmes doses, sans ou avec rendez-vous à prendre au 20 53 00.

    Vaccin obligatoire pour les passagers ?

    Alors que le 17e gouvernement doit être élu jeudi, le précédent exécutif continuait de travailler sur la gestion de la crise. Il assure d'ailleurs qu'il devait annoncer, courant juillet, une date limite de fermeture des frontières, d'ici la fin de l'année. Parmi les travaux en cours du 16e gouvernement : rendre obligatoire la vaccination par ARN à tous les passagers venant sur le Caillou. De quoi passer à une septaine pour tous et donc libérer plus de place pour de nouvelles arrivées, et éventuellement permettre « une prise en considération plus large des voyages pour motifs familiaux ».

     

    « La crise a été bien gérée : notre pays est  Covid free et c'est l'un des seuls, si ce n'est le seul où il n'y a eu aucun mort. »

    Thierry Santa, président du 16e gouvernement. 

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