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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 02.05.2024 à 15h41 | Mis à jour le 02.05.2024 à 15h43
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    Kendjy Togna (USTKE), Yohan Michelon (Usoenc), Gérard Balier (CE de l'OPT), Virginie Barreau (CFE-CGC) et Fabienne Henriot (La Fédé), réunis en intersyndicale, ont rencontré à deux reprises le membre du gouvernement en charge du numérique et devraient pro Photo Anthony Tejero
    Quatre syndicats de l’OPT ont décidé de s’unir et de monter au créneau pour alerter les Calédoniens sur les menaces que feraient peser sur les services publics, voire sur la survie même de l’office, l’ouverture à la concurrence de l’accès à internet aux opérateurs satellitaires, projet porté par le gouvernement. Explications.

    "C’est un projet de loi mortifère qui va tuer les services publics et mettre à terre l’OPT". Réunis en intersyndicale (fédérant la CFE-CGC, l’USTKE, l’Usoenc et la Fédé), ces représentants du personnel ne mâchent par leurs mots pour "alerter l’opinion" et exprimer leurs vives inquiétudes autour du texte "Pour une meilleure connectivité en Nouvelle-Calédonie". Cet avant-projet de loi du pays, validé par le gouvernement en novembre dernier, prévoit de permettre à des opérateurs satellitaires haut débit tels que Starlink (détenu par Elon Musk) ou encore OneWeb, de proposer leurs services sur le Caillou. Une porte ouverte vers la fin du monopole de l’OPT pour l’accès à internet.

    "Une offre complémentaire"

    Avant de dérouler ses critiques et ses craintes, l’intersyndicale tient à préciser qu’elle n’est pas opposée à l’arrivée de tels opérateurs, en particulier dans les zones blanches du pays où déployer des infrastructures est extrêmement coûteux pour l’OPT. Cette nouvelle offre pourrait alors être "complémentaire", en particulier au bénéfice de certains sites isolés notamment pour les opérateurs miniers ou encore en mer pour les pêcheurs.

    Pour autant, à l’instar de ce qui a été décidé en Australie, ces représentants du personnel demandent au gouvernement "d’imposer" à ces nouveaux opérateurs de "nouer un partenariat privilégié" avec l’OPT, qui joue un "rôle essentiel en tant qu’aménageur de la Nouvelle-Calédonie" et non pas d’ouvrir totalement le marché, sans quoi une "concurrence déloyale" s’instaurera, ce qui aura de "lourdes conséquences" pour les 1 200 salariés ainsi que pour tout le pays, assure l’intersyndicale.

    "Cette vision de la libre concurrence est une utopie"

    "Pour l’instant, il s’agit du marché de l’internet fixe, mais on sait que dans un avenir très proche, ces opérateurs seront capables de proposer des offres directes pour la téléphonie mobile et alors nous n’aurons plus rien, déplore Virginie Barrau (CFE-CGC), qui juge bon de rappeler que le modèle économique de l’Office est assuré par la rentabilité du domaine des télécommunications qui finance en grande partie les services publics et les investissements. Nous voulons sensibiliser la population qui risque de se faire berner par de fausses bonnes idées venant d’élus qui réfléchissent en fonction des campagnes électorales, mais n’ont pas de vision à long terme. Strarlink va en effet proposer des tarifs concurrentiels, en tirant les prix vers le bas, sans être rentable les premières années, car sa stratégie est d’avaler tous ses concurrents et de conquérir le monde, au-delà des nations, afin de se retrouver seul et ensuite de pouvoir de nouveau augmenter les prix. C’est clairement la stratégie des milliardaires de la tech et cette vision de la libre concurrence est une utopie."

    "L’intérêt général du pays"

    À terme, cette intersyndicale, qui s’est alliée "dans l’intérêt général du pays", redoute ainsi une perte de ses ressources principales issues des télécommunications qui creuseraient le déficit de cet établissement public, le conduisant à une situation similaire à celle que connaît Enercal. "La Nouvelle-Calédonie peut-elle prendre le risque de conduire l’opérateur historique vers une telle perspective ?", interpellent ces représentants du personnel qui, au-delà des menaces sur les emplois, s’inquiètent des conséquences d’un tel scénario sur les régimes sociaux, chiffres à l’appui. Selon l’intersyndicale, chaque année, l’OPT contribue à hauteur de 2 milliards de francs à la CLR (caisse locale des retraites), de 1,2 milliard au Ruamm, de 6 milliards pour la commande publique réinjectés dans l’économie calédonienne, sans oublier les salaires reversés (6,2 milliards) et les 2,5 milliards d’impôts et de taxes dont l’office doit s’acquitter.

    "En dix ans, l’OPT a investi plus de 47 milliards de francs d’investissements pour les télécommunications. Existe-t-il un autre territoire que la Nouvelle-Calédonie, ayant une densité de population aussi faible avec un tel ratio de couverture en infrastructures ? Seul un opérateur public peut avoir la volonté et pour mission d’investir dans une zone non rentable sans mettre à contribution les collectivités, avertit Gérard Balier, le secrétaire du CE (comité d’entreprise) de l’office. Je ne veux pas que la notion de service public, comme on peut le voir par endroits en Métropole, appartienne au passé. Sinon, les premiers à en pâtir, ce sera la Brousse, les petits villages et, d’une manière générale, la partie la plus fragile de la population."

    Des avis favorables… mais

    Le Cese (Conseil économique social et environnemental), qui a rendu un avis favorable à cet avant-projet de loi du pays, a souligné l’absence d’étude d’impact économique et social accompagnant ce texte ainsi que le manque d’information entourant une potentielle redevance qui serait imposée aux opérateurs satellitaires. Dans ce contexte, cet avis "ne peut pas être éclairé", estime l’intersyndicale.

    De son côté, l’Autorité de la concurrence qui, sans surprise, n’est pas opposée à ce projet a notamment recommandé de mettre en place une régulation indépendante qui disposerait de l’expertise adéquate pour répondre à l’ensemble des parties prenantes dans ce dossier.

    Alors que des assises des télécommunications pourraient être organisées d’ici juin, les membres de l’intersyndicale comptent bien peser dans les débats autour de ce projet de loi du pays, qui n’a pas encore été examiné par le Congrès. D’ici-là, les représentants des salariés comptent rencontrer le président du gouvernement et les différents groupes politiques pour les mettre en garde sur les limites de ce texte.

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