A quelques heures près, il aurait dû se contenter d’un rôle de spectateur. L’équipe de France à 7, en stage pendant près de deux semaines en Calédonie, s’étant envolée dimanche matin pour les Etats-Unis, Ephraïm Niutupea a saisi, samedi matin, sa dernière opportunité de mettre des crochets aux internationaux français. Avec une certaine réussite, le membre du pôle espoir calédonien filant notamment une fois dans l’en-but après une course croisée bonifiée par une chistera (passe dans le dos) d’un coéquipier.

« Il a fait un travers, du coup j'ai parlé, lui disant de croiser, et j’ai coupé la course à l'opposé », raconte l’étudiant en BTS économie sociale et familiale. « J’ai essayé d’appliquer ce qu’on travaille au pôle : la vision du jeu et la communication. »

Trop léger...

Un entraînement « commencé par du contact avec un bouclier, et terminé par du jeu » en « toucher », c’est-à-dire « sans plaquage ». « Il n'y avait pas de contact, c'était bien car c’était peut-être ça le plus dur pour moi, par rapport à leur densité physique. Je suis plus à l’aise sur les déplacements et sur le jeu... Je me suis rendu compte que les mecs sont costauds : ma taille, 1,80 m, est inférieure à la leur, et mes 80 kg ne sont pas suffisants, j’étais vraiment léger pour eux », rigole le métis Futuna - Houaïlou.

Défensivement, il a aussi pris un coup de vent, arrivant en retard pour plaquer un joueur partant seul sur une aile...

« J’étais en libero, un poste que j’occupe rarement. C'était un peu improvisé, je courais beaucoup sans vraiment connaître les limites, la façon de jouer et de faire... J'ai fait trois fois la largeur du terrain ! Et sur la troisième je n'avais plus de jus, il a mis une accélération et m'a pris de vitesse... » Ce fan de Virimi Vakatawa était pourtant en forme. « On devait avoir une opposition, il fallait se préparer mentalement pour bien élever le niveau de jeu qu'on a l'habitude de pratiquer. J'ai essayé de ne pas me coucher tard, de bien manger, en fait de rattraper l'hygiène de vie par rapport aux vacances... »

« Ça va vite... »

Bilan de l’exercice, selon « Ephra », son surnom sur le terrain : « ça court beaucoup, c'est physique, solide et ça va vite ! Ça montre le niveau qu'il faut avoir pour être avec eux. »

Mais aussi : « au début c'était un peu compliqué, parce que c'est intimidant et c'est dur de rentrer, mais une fois que tu es dedans ça va : ils parlent beaucoup et ils sont très sympas ! Je suis assez satisfait de mon entraînement. » Son coach au pôle, Laurent Vili, a bien observé Ephraïm. « Il a des qualités d'habileté technique qui sont excellentes, après derrière il y a beaucoup de choses à travailler. Dire aujourd’hui qu'il a tout pour être en équipe de France plus tard, non, il y a encore du chemin. C'est lui qui décidera, par sa capacité à se mettre au travail, à être rigoureux, à être moins îlien : même s'il ne faut jamais oublier son identité, il faut savoir ce qu'on veut faire et s'en donner les moyens. Ici, le rugby c'est du loisir, mais au haut niveau ce sont des sacrifices. » « Ephra » en a eu un aperçu samedi...