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    Histoire
  • LNC | Crée le 18.02.2024 à 05h00 | Mis à jour le 18.02.2024 à 05h00
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    Poste à galène appartenant à Jean Rolland, fondateur de l’Association témoignage d’un passé. Illsutration Archives LNC
    Il y a 70 ans, bien avant la banalisation du transistor, le seul moyen d’entendre les informations du monde était le poste à galène. Avec un petit talent de bricoleur et un ridicule morceau de sulfure de plomb, on pouvait rejoindre la voie des ondes. Fréquence nostalgie.

    On vous parle d’un temps que les utilisateurs de smartphone ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, bien qu’îlienne, la Calédonie vivait coupée du monde des ondes et la météo marine ne se lisait qu’au petit matin, sur les sémaphores.

    Et quand le 29 avril 1937 à 20 heures, Charles Gaveau, pionnier de Radio Nouméa, la TSF locale, lança sur fond de Marseillaise son premier " Chers auditeurs, chères auditrices ", ils ne devaient être guère légion devant leur poste, à capter ces chuintements qui traversaient la nuit et les murs.

    C’est qu’à l’époque, l’équipement hi-fi des ménages était proche du néant. A la précarité de l’offre s’ajoutait le coût de l’acquisition. Moralité, il fallait être fortuné ou bricoleur pour capter les infos australiennes ou les tubes de Tino distillés par Radio Nouméa.

    Sans alimentation

    Arnold Russ se souvient des quelques réunions de radioamateurs qu’organisait son papa, au domicile familial. Des Géo-Trouvetout qui, avec trois francs six sous, construisirent sur le territoire les premiers postes à galène. 70 ans plus tard, le poste a des allures de fossile. Dur à croire qu’en France, ce drôle d’engin permit, pendant la Seconde Guerre mondiale, à des milliers de résistants de recevoir les messages de Londres. Il était pourtant d’une simplicité édifiante.

    Arnold Russ, qui hérita de son père la passion de la radio et un goût sans limite pour les inventions, le reconnaît : "Ce poste à galène qui ne peut recevoir que les ondes courtes, fonctionne sans alimentation. Il n’y avait pas de piles, l’énergie perçue dans les écouteurs provenait uniquement de l’antenne."

    "Magique"

    On n’est guère loin des deux pots de yaourt reliés par un fil. Les composants ? "Des condensateurs, une bobine, des écouteurs et surtout cette fameuse galène, un tout petit morceau de sulfure de plomb sur lequel une sorte de ressort métallique vient se poser, (comme le saphir d’un tourne-disque NDLR), créant ainsi une diode de détection". La magie était à son comble reconnaissait en 2005 Arnold. Capter le grésillement, les informations et musique du monde grâce à un poste élaboré avec du matériel de récup' avait de quoi abreuver les rêves d’évasion de plus d’un adolescent. "Tout était magique, y compris les solutions de rechange. Quand on n’avait pas de galène, on essayait avec une pomme de terre encore verte, ça marchait."

    Un filon au musée

    Terre de Nickel, la Calédonie ne portait pas en ses flancs ce sulfure de plomb, précieux sésame. Comment se procuraient-ils la galène ? Arnold Russ en rougit encore mais l’aveu sera lavé par toutes les prescriptions. " Avec des copains, on allait au rayon lapidaire du musée. Il y avait un gros morceau de galène exposé. Avec un marteau, on cassait des petits bouts. Je crois qu’à la fin, il ne devait plus en rester beaucoup. "

    A leur départ, les forces américaines abandonnèrent de petits postes de campagne à lampes, " très performants ". Le chemin de la modernité était tracé. En quelques décennies, postes en bakélite, transistors, baladeurs, MP3 et enfin le smartphone allaient vite nous faire oublier qu’un jour, le Caillou fut relié à la planète par un petit bout de pierre. Précieuse bien sûr…

    Repères

    Le fil à linge des Résistants

    En France, pendant l’Occupation, les postes à galène furent, selon Arnold Russ, " largement utilisés avec toutes les astuces pour ne pas être détectés ". C’est ainsi que, pour échapper au regard de l’occupant, les hautes antennes en fils de cuivres (il fallait qu’elles mesurent au moins dix mètres pour garantir une bonne réception) étaient camouflées dans une corde à linge.

    Charles Gaveau, le pionnier de la radio

    Il est impossible de parler de l’histoire du poste à galène en Nouvelle-Calédonie sans évoquer celle de Charles Gaveau, considéré à juste titre comme le père de la radio calédonienne. C’est ce photographe portraitiste qui lança, en 1937, Radio Nouméa, première radio de langue française du Pacifique (avec le poste à galène, on ne captait que les émissions australiennes). Une radio qui fonctionna jusqu’en 1942, dans des conditions spartiates et folkloriques mais qui eut le mérite de donner de l’information chaude (qu’on allait chercher au port à l’arrivée des bateaux) et de sensibiliser tout un territoire aux valeurs montantes de la chanson. Ce pionnier eut un tel rayonnement que plus d’un Calédonien surnomma Radio Nouméa la " Radio Gaveau ".

    Sources : Les Nouvelles Hebdo. Juin 1991

    Note

    Cette série d’été est réalisée en collaboration avec l’Association témoignage d’un passé.

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