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    Nouvelle Calédonie
  • Frédérique de Jode | Crée le 01.10.2023 à 16h20 | Mis à jour le 01.10.2023 à 19h17
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    Martine se passionne pour le repassage. Elle est surnommée "Madame chemises". Photo Frédérique de Jode
    Aller à reculons au boulot, se sentir enfermée dans un métier qui ne procure plus de satisfaction... Il est peut-être temps de penser à une reconversion. Si plonger dans l'inconnu engendre du stress, faire ce choix peut se révéler épanouissant comme le confirment ces femmes qui ont bien voulu partager un chapitre de leur histoire.

    « Il n'y a pas d'âge pour changer de métier  », s'exclame Martine, âgée de 64 ans. Sa vie professionnelle le confirme. Un CAP de sténodactylo en poche, c'est dans le domaine du textile qu'elle entame sa vie professionnelle puisqu'elle tient une boutique de vêtements à Valenciennes pendant dix ans. « Ensuite, j'ai travaillé en tant que secrétaire dans l'entreprise de mon second compagnon », précise Martine. En 2006, changement de vie puisqu'elle arrive en Nouvelle-Calédonie. « J'ai fait le grand saut sans avoir de travail à la clé ici  », se souvient-elle. Et sans peur ? « Je peux douter souvent mais en même temps, j'ai toujours eu l'esprit d'initiative et du courage », explique Martine qui travaillera d'abord comme auxiliaire de vie, puis comme gouvernante avant de se lancer à 52 ans dans le repassage. « Le repassage est devenu une passion depuis douze ans. Mes clients me surnomment "Madame chemises" !  », sourit-elle. 

    C'est parfois une situation inattendue qui pousse une personne à réfléchir sur sa vie professionnelle.

    Stress

    Se tourner vers un autre métier, c'est changer d'habitudes, de routine, d'entourage, de collègues, voire de mode de vie. Changer de profession peut être une source de stress car c'est aller vers l'inconnu. Parce qu'une reconversion répond parfois à la nécessité de rebondir suite à un licenciement économique. C'est le cas d'Olivia. « J'ai commencé à travailler à l'âge de 19 ans. N'ayant pas passé mon bac car j'étais enceinte en terminale, je suis une autodidacte et j'ai évolué professionnellement dans différents domaines. En août 2022, pour des raisons économiques, j'ai perdu mon emploi dans le tourisme. Je me suis effondrée car divorcée depuis plus de deux ans et avec deux enfants à charge, je ne savais pas comment m'en sortir. J'avais réussi à trouver une stabilité et tout à coup, tout s'écroulait. »


    Après une perte d'emploi, Olivia a décidé de faire de sa passion pour la photographie son métier. Photo Stéphane Fradet

    À 39 ans, la jeune femme se trouve désemparée. Mais selon l'expression "un mal pour un bien", son avenir va se métamorphoser grâce à sa passion. « J'ai appelé des amis musiciens pour leur demander si je pouvais faire un shooting, explique Olivia. La photographie est une passion que je pratique depuis quinze ans. Quand je photographie, je suis dans ma bulle, je peux créer. J'ai commencé ce nouveau métier en photographiant mes amis. Cela a été une réussite puisque j'ai eu 800 demandes d'amis en une semaine. Je me suis spécialisée en tant que photographe dans le milieu artistique et l'événementiel.  » 

    La Covid : un déclencheur

    C'est parfois une situation inattendue qui pousse une personne à réfléchir sur sa vie professionnelle. C'est le cas de Carine qui, lors du premier confinement en mars 2020 lié à la Covid-19, se pose de nombreuses questions sur le sens de son métier dans le domaine des assurances. « J'étais confinée avec mon fils de 10 ans. Je me devais d'être la meilleure en tout, se souvient-elle. La meilleure maman, la meilleure maîtresse, la meilleure dans mon job et pour mon équipe. Je me mettais la pression jusqu'à arriver à me demander, finalement, ce que ce métier m'apportait, ce que j'allais faire de ma vie.  » Des questions qui sonnent comme un déclencheur. « C'est grâce à mon fils que j'ai trouvé ma nouvelle vocation, relève Carine. Il a fait des poussées de psoriasis et aucun remède n'avait de résultats.  »

    Carine, qui a toujours été attirée par l'esthétique, découvre par l'intermédiaire d'un dermatologue qu'elle suit sur le Net une gamme de produits de la marque Green Keratin. « Il vantait ce produit apaisant pour la peau. Je l'ai commandé et, en un rien de temps, mon fils n'avait plus rien. J'ai trouvé ce produit tellement efficace que j'ai ensuite testé sur moi toute la gamme. Je l'ai trouvée géniale et j'en ai parlé à mes amies.  » Le second confinement confirme ses ressentis. « J'ai vraiment commencé à réfléchir sérieusement sur ma reconversion et à me dire que je pourrais représenter en Nouvelle-Calédonie les produits Green Keratin, boostée aussi par une amie dans l'import-export qui m'a dit que, si je ne me lançais pas, elle le ferait. »


    Carine a lancé Green Cosmétique Calédonie qui importe les produits Green Keratin. Photo DR

    Après une étude de marché, la voilà, à 45 ans, à contacter l'entreprise et à commercialiser la gamme en octobre 2022. « C'est vraiment une super aventure. Avec les clientes, nous avons de superbes échanges  », s'enthousiasme Carine. 

    Côté finances

    Lorsque l'on décide de se reconvertir, la question financière peut inévitablement se poser. Une reconversion professionnelle n'est pas toujours accompagnée par une sécurité financière, un meilleur salaire, au contraire même. Le parcours d'Isabelle en est la preuve. Professeure des écoles pendant quinze ans, elle a ouvert en novembre 2022 son agence immobilière, Altissimo. Un métier loin du monde de l'éducation mais qu'elle peut exercer car elle a un diplôme de juriste. « Mon agence existe depuis peu, donc je ne me rémunère pas encore, indique-t-elle. J'ai la chance d'être épaulée par mon mari. J'ai pu sauter le pas plus facilement. De toute façon, j'avais vraiment cette envie de faire autre chose. »

    Pas facile effectivement de se reconvertir tout en ayant les moyens financiers quand on est, comme Carine, une mère célibataire. «  C'est pourquoi, je n'ai pas encore quitté mon travail dans les assurances, précise-t-elle. Je dois assurer financièrement pour mon fils, payer mes charges, enfin vivre tout simplement. Pour le moment, je m'occupe le soir et le week-end à développer la marque de cosmétiques mais, à un moment donné, je devrai faire un choix.  »

    Si Jennifer n'avait pas eu des économies, elle n'aurait pas quitté son métier de vétérinaire pour l'agroécologie. « Si j'avais choisi un autre métier, peut-être que la question de l'argent ne se serait pas posée. Mais, en me reconvertissant dans l'agroécologie, il me fallait pour commencer une sécurité financière, en raison du prix de la terre et des aléas climatiques.  » À 37 ans, Jennifer est propriétaire d'un terrain à Païta qui comprend un potager, un verger. C'est seule et sans l'aide de machines qu'elle s'occupe de ses plantations. Un métier physique qui convient à la sportive qu'elle est. 

    Se découvrir

    Sauter le pas, tout lâcher, n'ont pas été problématiques pour Sarah, 45 ans. « J'ai cette facilité-là, appuie-t-elle. Je ne peux pas faire la même chose tout le temps. Chaque activité m'apprend quelque chose sur moi et me permet de me découvrir.  » Sarah a suivi des études d'architecture. Diplôme en poche, elle exerce dans des cabinets parisiens avant d'ouvrir sa propre agence en Nouvelle-Calédonie en 2009. «  Être architecte faisait partie de la liste des métiers que je voulais faire  », explique-t-elle. Autre métier : aventurière, en le combinant avec l'humanitaire. « Je faisais déjà du bénévolat et je voulais poursuivre dans cette voie au sein d'une ONG. Mais finalement, j'ai décidé de m'engager dans le volontariat seulement lorsque cela se présentait à moi. » Sarah vend ses parts du cabinet. Elle est ainsi libérée des contraintes financières. L'aventure commence par l'apprentissage de l'anglais à Sydney, puis par des voyages en sac à dos. Elle suit le chemin de Compostelle où, alors qu'elle est athée, elle s'ouvre à la spiritualité. Entre 2018 et 2020, on la retrouve dans un village au Sénégal où elle partage le quotidien de ses habitants, puis aux Philippines pour une expérience personnelle. Après cette vie de nomade, en février 2020, Sarah pose à nouveau ses valises sur le territoire. « Un mois après, la Covid se propage ici. Je me suis lancée alors dans une formation pour être hypnothérapeute à 43 ans. Désormais, je suis thérapeute et magnétiseuse. En tant qu'architecte, je répondais aux besoins des gens. C'est pareil en tant que thérapeute.  » Sarah est multipotentielle, la créativité est son moteur, à tel point qu'elle a décidé, encore, de s'engager dans une nouvelle voie ! « Je souhaite passer un CAP d'ébéniste car j'ai envie de créer des meubles. J'aime apprendre sinon je m'ennuie. Cela peut paraître instable mais pour moi, c'est la normalité. »  

    Pas de regrets

    Olivia pourrait retrouver un emploi en CDI, avec une plus grande stabilité, mais elle ne veut pas revenir en arrière. « Le mot liberté prend tout son sens désormais, souligne-t-elle. J'organise mon temps comme je le veux. Le quotidien est intense mais il me procure beaucoup de satisfaction. J'ai encore des peurs mais le fait de réussir dans ce nouveau métier de photographe me permet de gagner en confiance. » Isabelle ne regrette pas son choix. « Je me sens en accord avec moi-même, appuie l'agent immobilier. J'adorais mon métier de professeur des écoles mais j'étais arrivée au bout de quelque chose. Je n'étais plus épanouie. Mes trois filles voient leur maman en pleine forme même si je travaille beaucoup. Je peux aussi leur consacrer du temps comme je le souhaite, selon mes rendez-vous dans la journée. » Ce changement de métier la challenge. « J'ai vraiment envie de réussir dans ce domaine, j'ai de l'ambition et je suis très motivée. » De son côté, Martine apprécie d'être sa propre boss, « surtout d'être autonome », relève-t-elle. « La Calédonie m'a permis de l'être », poursuit-elle. Jennifer se sent plus en cohérence avec ses convictions environnementales. « Je m'intéresse depuis longtemps à l'alimentation qui est la base de notre santé. J'aurais du mal aujourd'hui à manger quelque chose qui ne vient pas de mon champ !  » Si ces femmes ont eu des trajectoires différentes, elles conseillent en chœur : « Si vous avez envie de changer de métier, lancez-vous, croyez en vous, persévérez et faites confiance à la vie. »  

    Les bonnes questions

    Avant de se lancer dans une reconversion, il convient de répondre à certaines questions.

    Pourquoi mon métier actuel ne me convient plus ?

    Est-ce mon métier qui ne me convient plus ou mon environnement ?

    Quel métier ai-je envie d'exercer ? Pourquoi ?

    Quel métier ai-je les compétences de faire ?

    Ai-je des diplômes pour pratiquer ce nouveau métier ?

    Ai-je déjà expérimenté ce métier ? Si oui, qu'est-ce que j'ai aimé ? Sinon, ai-je moyen de tester ce métier avant de me lancer ? Ou au moins un proche avec qui échanger ?

    Ce métier a-t-il des débouchés ?

    Ce métier m'impose-t-il un changement de vie (devenir indépendante, quitter le salariat, déménager...) ?

    Reconversion : les bonnes adresses

    Le Fiaf

    Il est possible de préparer sa reconversion lorsque l'on est encore salarié du secteur privé. Le Fiaf, pour Fonds interprofessionnel d'assurance formation, propose en effet des bilans de compétences et même des validations des acquis de l'expérience (VAE). Car il ne faut pas oublier qu'une reconversion peut parfois se faire au sein de l'entreprise dans laquelle on travaille. Pour contacter le Fiaf : https://www.fiaf.nc/contact

    Le Giep 

    Le Groupement pour l'insertion et l'évolution professionnelles est là pour informer, orienter et accompagner le projet professionnel, il aide à préparer à l'emploi ou à une formation qualifiante. Il propose même des formations dans les domaines de l'hôtellerie-restauration, de l'industrie, de la maintenance automobile et engins, de la mer et du transport logistique. Le Pôle information orientation assure l'accueil, l'information, l'orientation et l'accompagnement des actifs (demandeurs d'emploi ou salariés) qui souhaitent clarifier leur projet professionnel ou lui donner une autre orientation. Le pôle est également " point relais conseil " pour les candidats à la validation des acquis de l'expérience (VAE).

    Les conseillers du Giep-NC reçoivent sans rendez-vous du lundi au vendredi de 7h30 à 11 heures, dans les locaux du Pôle information orientation, au 1, rue de la Somme à Nouméa. Ils sont joignables au numéro vert 05 07 09 (appel gratuit).

    CCI, CMA et CANC

    Les chambres consulaires ont aussi de très nombreuses formations à disposition. Elles proposent notamment des modules très ciblés pour faire face à certaines lacunes. Par ailleurs, la Chambre de métiers et de l'artisanat, la Chambre de commerce et d'industrie et la Chambre d'agriculture et de la pêche se sont regroupées pour proposer de nombreuses formations en alternance grâce au Point A (pointa.nc ou 24 69 49).

    L'Adie

    L'Association pour le droit à l'initiative économique se destine à ceux qui veulent créer une micro-entreprise. Accueil, conseil, formation et même financement peuvent être au programme de l'accompagnement personnalisé. À noter que l'Adie peut notamment aider ceux qui n'ont pas accès au crédit bancaire. Contact : 05 05 55 (appel gratuit) ou nouvellecaledonie@adie.org

    Initiative NC

    Le réseau Initiative accompagne ceux qui ont un projet d'entrepreneuriat avec, là aussi, un suivi individualisé. Il concerne tous les profils et tous les secteurs d'activité confondus, sur l'ensemble du territoire, pour un projet de 2 millions de francs et plus d'investissement de départ. Il permet aussi l'octroi d'un prêt d'honneur du Réseau Initiative Nouvelle-Calédonie sans intérêts ni garantie, destiné à consolider l'apport personnel et à labelliser le projet, facilitant ainsi l'accès à un prêt bancaire. Renseignements : 24 40 14 ou https://initiative-nc.com/

     

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