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  • Anthony Tejero | Crée le 01.12.2023 à 14h43 | Mis à jour le 01.12.2023 à 14h45
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    L’usine Koniambo Nickel SAS (KNS) lors de la visite du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, dimanche 26 novembre. Photo Baptiste Gouret
    C’est le prérequis de l’État avant de "faire le chèque" en vue de sauver la filière nickel et ses usines de la faillite. Le ministre Bruno Le Maire demande la déclassification des réserves métallurgiques du pays, afin de pouvoir exporter ce minerai brut inutilisé. Un sujet qui divise les élus. Si les chefs de la province Sud et des îles y semblent tous deux favorables, la province Nord n’a pas pris part aux discussions. Le Palika a même officiellement exprimé sa profonde opposition. Explications.

    Au cours de son déplacement sur le Caillou, et plus particulièrement à l’usine du Nord, Bruno le maire, ministre de l’Économie, n’a eu de cesse de le répéter : "Si nous faisons de la politique avec les usines, nous courons tous à l’échec". Un discours qui, sans grande surprise, a déjà fait long feu. À peine le ministre de l’Économise parti, que le bras de fer est lancé, entre les représentants politiques, président(e) s de province en tête, autour de la stratégie minière du pays.

    Quelles sont les conditions d’une intervention de l’État ?

    Pour clore sa visite, Bruno Le Maire a rappelé sa volonté ferme de mettre en place son "pacte du nickel calédonien" dès le début du mois de janvier pour sauver les trois usines de la faillite. Pour rappel, ce projet d’accord repose sur trois piliers : l’ouverture des exploitations et des exportations de la ressource ; l’amélioration des coûts de l’énergie ; et enfin la diversification des débouchés économiques, notamment vers les marchés européens.

    Ce projet d’accord, qui n’a que "quelques semaines" pour être signé, tant il y a "urgence" (les usines ont un besoin "immédiat" de près de 180 milliards de francs) prévoit donc de puiser dans les ressources métallurgiques du pays, que la loi interdit d’utiliser actuellement, afin de retrouver le chemin de la rentabilité du modèle industriel. C’est d’ailleurs la "condition sine qua non" à ce que l’État consente "à faire un chèque" et à subventionner la transition énergétique des trois sites (de l’ordre de "plusieurs centaines de millions d’euros") pour parvenir, à terme, à une énergie décarbonée à des tarifs concurrentiels.

    Que sont ces ressources métallurgiques ?

    Actuellement, ces ressources métallurgiques inutilisées reposent sur trois sites de la Grande Terre : à Tiébaghi (pour la SLN), à Koniambo (pour KNS) et à Prony (pour l’usine du Sud). Mais alors pourquoi ce minerai, que le ministre souhaite voir déclassifié afin de pouvoir l’exporter en produit brut et ainsi apporter du cash aux usines, n’est-il pas utilisé ?

    "Ces ensembles de gisements ne sont aujourd’hui pas exportables car ils sont adossés à un projet industriel. Autrement dit, le code minier prévoit qu’il doit être stocké en attendant que l’on ait trouvé une évolution technologique qui permettrait, à plus long terme, de le valoriser localement, explique Alcide Ponga, qui sur ce sujet sensible, troque sa casquette politique contre celle de vice-président du Syndicat des industriels miniers. Dans ce minerai, il y a toute une partie qui ne peut pas être traitée car sa chimie ou ses propriétés ne sont pas compatibles avec nos process actuels. Cela peut être lié à des teneurs trop fortes, ou au contraire trop faibles, etc. Ce minerai, dont les réserves sont énormes, reste donc en verse."

    Et c’est la raison pour laquelle le ministre souhaite que le Congrès modifie "au plus vite" le code minier afin de déclassifier ces réserves.

    Les provinces Sud et des îles favorables au pacte du nickel

    Quand bien même une majorité se dégagerait en ce sens au Congrès, ce sont les présidents de province qui sont ensuite compétents pour donner ou non leur accord à l’exploitation de ces ressources métallurgiques.

    Malgré leurs divergences politiques, à la sortie de la réunion du "groupe nickel" avec Bruno Le Maire, les chefs d’exécutifs des îles, Jacques Lalié, et du Sud, Sonia Backès, ont annoncé être tombés d’accord sur ce sujet. "Cela s’est bien passé. On a à peu près trouvé un consensus pour mettre en place des commissions de travail afin de préparer la sortie (de crise), a déclaré le président des îles Loyauté, qui tend le bras à Paul Néaoutyine. Il reste quand même la province Nord qu’on attend. Mais on espère, en tout cas, trouver la dynamique qui fera en sorte que, demain, le nickel ne sera plus un problème mais une richesse."


    Sonia Backès était présente à la visite des ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, à l’usine du Sud de Prony Ressources pour se pencher sur l’avenir de la filière nickel. Photo Anthony Tejero

    Car les représentants de la province Nord (qui possède les réserves de Tiébaghi et du Koniambo) ont brillé par leur absence au cours de cette réunion. De quoi agacer prodigieusement la cheffe de la Maison bleue : "L’équilibre doit être trouvé entre, d’une part, le vote de la sortie des réserves métallurgiques, c’est-à-dire le fait tout simplement de pouvoir utiliser ce minerai qui est aujourd’hui en verse et qui est de l’argent qui dort autour des mines de nickel, d’autre part, les autorisations d’exporter ce qu’on n’est pas capable de transformer localement et, enfin, avec les autorisations d’exploiter qui sont bloquées par la province Nord, résume Sonia Backès, qui a "dit très clairement" au ministre que "si l’objectif de la province Nord était de fermer la SLN, nous ne laisserons pas faire avec tous les moyens qui sont en notre possession, et on en a, qu’ils soient juridiques ou autres. Et que si l’objectif du président de la province Nord est de remplacer la France par la Chine, nous ne laisserons pas faire non plus. "

    Quelle sera la position officielle de la province Nord ?

    Pour l’heure, aucune réponse officielle n’a été communiquée de la part de la province Nord. Pour autant, le Palika, parti fondé par Paul Néaoutyine, s’est fendu d’un communiqué sur ce sujet. Et ses positions sont loin d’être en phase avec un accord sur ce fameux pacte du nickel voulu par Bruno Le Maire.

    Le comité régional de Koné du Palika tient d’abord à rappeler que la doctrine nickel du pays vise à "la maîtrise de la ressource par les collectivités territoriales, pour un meilleur partage des richesses entre tous les Calédoniens" ainsi qu’à "une optimisation et une meilleure efficacité des procédés métallurgiques des usines en place en Nouvelle-Calédonie, qui éviterait à la puissance publique et notamment celle de l’État de pallier leur déficit économique et ainsi d’agiter " le chantage à l’emploi " favorisant l’accroissement de notre dépendance vis-à-vis de l’État français".

    Sur la question d’une éventuelle déclassification des ressources métallurgiques et ouverture des exportations, le bureau politique y est fermement opposé, refusant le "détricotage du code minier" qui est "le garde-fou du pillage de notre ressource par les multinationales et par l’État français".

    Le comité régional appelle ses élus à "veiller à ce que l’approvisionnement en nickel calédonien, matière première stratégique et critique pour les ambitions écologiques et numériques de l’Europe, ne se fasse pas au détriment des intérêts économiques de la Nouvelle-Calédonie, du patrimoine naturel que nous ont légués nos anciens."

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