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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 20.03.2024 à 14h52 | Mis à jour le 20.03.2024 à 15h56
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    Philippe Gomès et Philippe Michel, élus Calédonie ensemble, s’opposent à la signature du pacte du nickel proposé par l’État. Photo Baptiste Gouret
    Le parti de Philippe Gomès voit dans ce document, qui sera présenté ce jeudi au Congrès, une perte de souveraineté organisée et déplore le manque d’engagements financiers des industriels et de l’État au détriment des Calédoniens, à qui un nouvel effort sera demandé pour financer ce pacte.

    Un "chantage", une "forme de duplicité" menant à une "situation invraisemblable". Les mots sont durs de la part de Calédonie ensemble pour qualifier le pacte du nickel. Le parti a pris connaissance de ce document de six pages souhaité par Bruno Le Maire pour garantir la pérennité de la filière calédonienne. À quelques semaines de sa signature à Paris et à la veille de sa présentation aux élus du Congrès, prévue jeudi 21 mars, Calédonie ensemble a affiché sa déception lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi.

    "On aurait rêvé d’une vision stratégique de la France, lance Philippe Gomès, président de Calédonie ensemble. On en avait eu un avant-goût", notamment de la part du président de la République qui avait qualifié le nickel, lors de son discours sur la place des Cocotiers en juillet, de "richesse" et de "ressource stratégique" pour la France. Le pacte du nickel "aurait dû marquer le retour de l’Etat-actionnaire", s’inscrire dans le grand plan d’investissements "France 2030" et devenir un projet porté par l’Union européenne, pense Calédonie ensemble.

    Des engagements "sans valeur" des industriels

    Au lieu de ça, le document proposé par l’État "rate le coche de l’histoire", cingle Philippe Gomès. En premier lieu, Calédonie ensemble reproche des engagements "sans valeur" imposés aux industriels à travers ce pacte. "On leur demande de réaliser des investissements dans l’appareil productif et d’investir dans la modernisation des usines. Mais ils veulent tous se barrer, comment ils pourraient s’engager à investir ?", s’interroge Philippe Gomès, rappelant les propos de Christel Bories, PDG d’Eramet, actionnaire majoritaire de la SLN, annonçant qu’aucun nouvel investissement ne sera plus jamais réalisé par son groupe dans sa filiale calédonienne. À cela s’ajoute le départ déjà acté de Trafigura (Prony Resources) et de Glencore (KNS). "Donc c’est une vaste fumisterie, lâche le président de Calédonie ensemble. Les industriels ne mettront rien."

    Quant aux garanties formulées par l’État dans ce document (subventions à l’énergie et programme d’investissements sur 10 ans), c’est "la moindre de ses responsabilités". "L’État est actionnaire d’Eramet et a validé le montage bidon de reprise de l’usine du Sud, donc c’est à lui d’assumer ses errements."

    Augmentation de la TGC

    Pire encore que des engagements en demi-teinte, Calédonie ensemble voit dans le pacte du nickel un abandon forcé de la souveraineté calédonienne, tant sur la compétence minière que sur la fiscalité. Les contreparties soumises à la Nouvelle-Calédonie pour le financement de ce pacte du nickel impliquent en effet l’ouverture temporaire à l’exportation de minerai brut "dans la limite d’un million de tonnes par an pour chacune des réserves" de Goro, Koniambo et Tiébaghi.

    Le document exige également que le territoire renonce "à toutes mesures susceptibles d’accroître les charges ou de diminuer les recettes des entreprises métallurgiques […], en suspendant la mise en œuvre du régime spécial de l’amodiation […], en instaurant un bouclier fiscal rétroactif au 1er janvier 2023" et "en s’abstenant de soutenir tout texte législatif ou réglementaire venant alourdir la charge administrative et financière". "Je rappelle que la Nouvelle-Calédonie fait déjà cadeau de 20 milliards de francs par an à l’industrie métallurgique", signale Philippe Gomès.

    "Cerise sur le gâteau", les Calédoniens seront "pressurés de 8 milliards" à travers une augmentation de la TGC programmée pour financer partiellement le pacte du nickel. "Les intérêts privés ont obtenu gain de cause. À la sortie, les seuls qui vont payer, ce sont les Calédoniens."

    Une séance du Congrès doit avoir lieu prochainement pour habiliter le président Mapou à signer le pacte du nickel. En l’état, Calédonie ensemble votera contre cette signature.

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