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    Société
  • Anthony Tejero | Crée le 15.04.2024 à 17h11 | Mis à jour le 15.04.2024 à 20h42
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    Ce lundi matin, les élèves de troisième du collège Georges Baudoux, à Nouméa, ont répondu aux questionnaires, de façon anonyme. Photo Anthony Tejero
    Bien-être à la maison et à l’école, relations avec ses amis ou sa famille, consommation d’alcool ou de drogues, violences subies ou infligées… Depuis ce lundi 15 avril, tous les élèves de troisième de la province Sud sont appelés à répondre à un questionnaire pour davantage cerner leur quotidien, leurs besoins et leurs difficultés. Lancée en 2022, l’enquête "Bien dans mes claquettes" est de retour afin de mieux orienter les politiques publiques en faveur de la jeunesse. Explications.

    Pourquoi lancer cette enquête ?

    La mise en place de ce questionnaire est partie d’un constat : une partie de la jeunesse calédonienne est confrontée à des problèmes d’addiction (consommation d’alcool, de cannabis, etc.) et de délinquance. C’est pourquoi la province Sud a lancé, en 2022, cette enquête intitulée "Bien dans mes claquettes ". Inspiré du modèle islandais, ce dispositif a pour objectif de mieux "cerner" les adolescents de 14-15 ans dans leur cadre de vie quotidien à travers leurs comportements, leurs besoins, leurs perceptions, leurs relations au sein du cercle amical, familial et scolaire ou encore leurs pratiques liées aux prises de risque et aux consommations de substances psychoactives.

    Quel est l’objectif de ce dispositif ?

    Les résultats de cette étude, qui doit être reconduite tous les deux ans, visent à mieux orienter les programmes de la province Sud au bénéfice de la jeunesse. "C’est une étude très poussée qui nous permet ensuite d’avoir un cadrage public de nos politiques publiques provinciales, mais également en lien avec les communes, explique Gil Brial, deuxième vice-président à la Maison bleue. En fonction de ces chiffres, nous développons de nouvelles politiques. Et le fait de reconduire régulièrement cette enquête va nous permettre de voir les évolutions sur les consommations, les pratiques des jeunes, etc. En clair, il s’agit d’un outil de pilotage et d’évaluation de nos politiques envers la jeunesse."

    À qui s’adresse cette étude ?

    Ce questionnaire doit être adressé, du 15 avril au 31 mai, à l’ensemble des jeunes des classes de troisième des collèges publics et privés de la province Sud, soit environ 3 000 adolescents. Ce formulaire, totalement anonyme, sera rempli durant le temps scolaire avec des équipes de l’ASS (Agence sanitaire et sociale).

    Que retenir de la première enquête ?

    L’enquête réalisée en 2022 a révélé plusieurs tendances. Par exemple, si plus de 80 % des jeunes sondés se sentent respectés au sein de leur établissement scolaire, un tiers a déclaré s’y ennuyer et ils étaient également un tiers à avouer avoir séché les cours au moins une fois dans les 30 derniers jours. Par ailleurs, un tiers d’entre eux ne s’y sentaient pas en sécurité.

    Autre enseignement : bon nombre d'adolescents ont peu d’activité extrascolaire. Seul un jeune sur deux pratiquait une activité physique ou sportive en dehors des heures de cours et 60 % d’entre eux restaient à la maison pendant les vacances.

    Plus alarmant encore, un jeune sur trois déclarait avoir consommé de l’alcool durant les 30 derniers jours, un quart avoir fumé du tabac et 15 % du cannabis.

    Le questionnaire a également mis en exergue un environnement où règne la violence chez de nombreux adolescents. Ainsi, au cours des 12 derniers mois, un jeune sur deux avait subi des violences verbales, un quart des violences physiques, 20 % des violences en ligne et 5 % des violences sexuelles.

    Enfin, 40 % de ces jeunes avaient agressé quelqu’un physiquement ou verbalement, au moins une fois au cours des 12 derniers mois, 17 % avaient volé quelque chose et 12,5 % avaient réalisé des actes de vandalismes de manière fréquente.

    Quelle réaction face à ces chiffres alarmants ?

    Parmi les outils mis en place par la Maison bleue figure notamment Clic 1 & Mouv', un dispositif qui émane clairement de cette première enquête. Pour rappel, il s’agit d’une appli qui permet aux jeunes de la province Sud de bénéficier de 15 000 francs à dépenser pour découvrir des activités sportives ou artistiques.

    "Le questionnaire de 2022 a montré que 48 % des enfants ne font pas d’activité sportive régulière et ne sont pas occupés en dehors du temps scolaire. Or, les études mondiales montrent que la dérive vers des consommations d’alcool, de drogue et vers des actes de délinquance vient de l’oisiveté, assure Gil Brial. Il faut donc occuper ces jeunes-là et canaliser cette adrénaline qu’ils vont chercher quand ils font une bêtise, en leur donnant plutôt des activités sportives et artistiques. D’où cette carte de clic & mouv'. Et des outils comme cela, il y en aura d’autres au fil de ces enquêtes."

    Quant aux consommations d’alcool de ces adolescents : "Nous avons constaté que l’alcool se fait dans le cercle familial, mais aussi après le sport par exemple. Nous avons donc adressé une note aux clubs en ce sens pour empêcher ces troisièmes mi-temps, poursuit l’élu. Les efforts doivent être faits tant au niveau des collectivités que de tous ceux qui encadrent les enfants. Une notion très importante enfin, c’est le suivi des parents. Plus ils suivent leurs enfants, moins il y a de dérapages et d’actes de délinquance."

    Quand les nouveaux résultats seront-ils connus ?

    Cette nouvelle enquête donnera à la province Sud, aux collèges et aux communes une première évolution des indicateurs par rapport aux données récoltées en 2022. Le formulaire doit être rempli par les collégiens d’ici le 31 mai. Ces informations seront ensuite analysées et synthétisées avant d’être présentées dans chaque commune d’ici la fin de l’année.


    Source Province Sud

    "A 14-15 ans, ce n'est pas normal de boire et de fumer du tabac"


    Dr Pascale Domingue Mena est en charge de piloter l’enquête "Bien dans mes claquettes".

    Trois questions à… Dr Pascale Domingue Mena, responsable programme baromètre et études, à l’ASS NC.

    Que comprend ce formulaire ?

    Cela concerne tout le champ de vie de l’enfant : le champ parental déjà, à savoir les relations, les règles à la maison, la réaction des parents selon différents cas, etc. Le bien-être de l’enfant ensuite : comment se sent-il ? Quelles sont ses relations avec ses amis, dans la classe ? A-t-il subi des violences ou pratique-t-il des activités ? De quoi a-t-il besoin ?

    Il y a également toute une partie sur l’école : est-il bien encadré ? Est-ce difficile pour lui ?… Il y a également des questions sur ses pairs (c’est-à-dire les autres jeunes de son âge), comment est-ce que cela se passe avec les copains ? A-t-il des copains qui fument, qui boivent, qui sont violents ? Fait-il la même chose ? A-t-il peur d’être exclu ? Il y a beaucoup de questions sur ces consommations et sur des violences qu’il a pu subir ou dont il a pu être auteur. Et les jeunes répondent bien.

    Quelles sont les tendances négatives ou alarmantes que vous retenez de la première enquête ?

    Au niveau du contrôle parental, on a observé une tolérance vis-à-vis de la consommation d’alcool et de tabac globalement, avec très peu de sanctions. Par contre, ils sanctionnent quasiment tous la consommation de cannabis. On voit donc qu’il y a un travail à mener aussi auprès des parents car à 14-15 ans, ce n’est pas normal de boire et de fumer du tabac.

    Ce qu’il ressort également, c’est que les gamins auteurs de violences subissent aussi des violences. Globalement, les enfants se sentent bien, mais ils sont très influencés par leurs pairs, ce qui est lié à leur âge. C’est un élément important à prendre en compte.

    Le questionnaire évoque-t-il également le risque de harcèlement scolaire ?

    On pose des questions sur le harcèlement, sur les violences physiques et verbales ainsi que sur les réseaux sociaux et c’est un sujet qui ressort beaucoup.

    Pour les jeunes en difficulté, il existe de nombreux dispositifs dans les établissements scolaires, qu’ils connaissent mais on remarque qu’ils ne les utilisent pas. On constate qu’en cas de difficulté, les garçons ne font rien. Ils restent avec leur mal-être et n’en parlent à personne en majorité alors que les filles vont en parler avec leurs parents ou leurs amis. Ce n’est pas vraiment une surprise, mais cela montre qu’ils ne se tournent pas vers les dispositifs en place.

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