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  • © 2020 AFP | Crée le 30.11.2020 à 14h04 | Mis à jour le 30.11.2020 à 14h05
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    Photo diffusée par le ministère iranien de la Défense le 29 novembre 2020 sur l'hommage rendu au scientifique Mohsen Fakhrizadeh, à Mashhad --IRANIAN DEFENCE MINISTRY/AFP

    Riposter tout de suite en malmenant encore un peu plus un accord sur le nucléaire iranien moribond, ou attendre? Le débat politique était vif à Téhéran sur la réponse à apporter à l'assassinat, attribué à Israël, d'un éminent physicien nucléaire iranien, dont les funérailles se tiennent lundi.

    Au Parlement, les députés ont signé à l'unanimité un appel à venger le savant. Mais prenant le contrepied de l'approche prudente développée la veille par le président Hassan Rohani, ils plaident en faveur d'une loi par laquelle l'Iran cesserait d'autoriser l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à inspecter ses installations nucléaires.

    Cité par l'agence Isna, Mohsen Rezaï, l'ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, et aujourd'hui secrétaire du Conseil de discernement, un poste-clef du système politique, a été jusqu'à juger qu'"il n'y a pas de raison pour (l'Iran) de ne pas reconsidérer" son adhésion au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

    En Iran, c'est toutefois le Conseil suprême de la sécurité nationale qui a la haute main sur les décisions relatives au dossier nucléaire.

    Mohsen Fakhrizadeh a été tué vendredi dans une attaque au véhicule piégé suivie d'une fusillade contre sa voiture, selon le ministère iranien de la Défense, qui a présenté la victime comme le chef de son département recherche et innovation, chargé notamment de la "défense anti-atomique".

    Israël le présentait comme la tête d'un programme nucléaire militaire secret dont Téhéran a toujours nié l'existence.

    Sa dépouille a été honorée samedi soir et dimanche dans deux des principaux lieux saints chiites d'Iran (à Machhad, dans le Nord-Est, et Qom, dans le Centre), avant un nouvel hommage au mausolée de l'Imam-Khomeiny, à Téhéran. Les funérailles ont été annoncées pour lundi dans un lieu non précisé.

    Selon Téhéran, Israël est derrière la mort de Fakhrizadeh. Accusant l'Etat juif de vouloir semer le "chaos", M. Rohani a promis une riposte "en temps et en heure".

    - "Piège" -

    Mais il a aussi prévenu que l'Iran ne tomberait pas dans le "piège" tendu selon lui par Israël.

    Depuis l'annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, M. Rohani a multiplié les signes d'ouverture montrant sa volonté de sauver ce qui peut l'être de l'accord international sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015.

    Ce pacte offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales en échange de garanties, vérifiées par l'AIEA, destinées à attester de la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.

    En 2018, le président américain Donald Trump, qui avait fait de l'Iran sa bête noire, a sorti unilatéralement son pays de l'accord, que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a cessé de combattre.

    Les sanctions imposées ou réimposées par Washington ont plongé l'économie iranienne dans une violente récession et poussé l'Iran à suspendre l'application de la plupart de ses engagements, mais pas l'accès consenti aux inspecteurs de l'AIEA.

    M. Biden a dit vouloir faire revenir les Etats-Unis dans l'accord de Vienne.

    Mais il disposera de peu de temps entre sa prise de fonctions (le 20 janvier) et la présidentielle iranienne (18 juin), pour laquelle les conservateurs partent favoris après leur victoire écrasante aux législatives de février aux dépens de l'alliance des modérés et réformateurs soutenant M. Rohani.

    - "Message clair" -

    Pour le journal israélien Haaretz, l'élimination de Fakhrizadeh "est un message clair" à Joe Biden et montre l'opposition d'Israël "à un retour à l'accord sur le nucléaire".

    "Nous sommes préoccupés" par un risque d'escalade dans la région, a dit la Grande-Bretagne, un des pays partie à cet accord, tandis que la Turquie, voisine de l'Iran, a dénoncé l'assassinat du savant atomiste comme un acte de "terrorisme" qui "trouble la paix dans la région".

    Les Emirats arabes unis ont condamné dimanche un assassinat "odieux", mais ont appelé à "la plus grande retenue" pour "éviter que la région ne sombre dans une nouvelle phase d'instabilité et de menace pour la paix".

    Le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, a plaidé pour "une réaction forte" susceptible d'assurer "dissuasion" et "vengeance".

    Un communiqué signé par tous les députés juge que "la meilleure réponse" face aux actes de "terrorisme et de sabotage" d'Israël, des Etats-Unis et de leurs alliés, est de "relancer la glorieuse industrie nucléaire de l'Iran" en cessant d'appliquer le protocole additionnel de l'AIEA.

    Aux termes de l'accord de Vienne, Téhéran a accepté de se plier aux exigences de ce document prévoyant un accès illimité des inspecteurs de l'AIEA à ses installations nucléaires, avant même sa ratification par le Parlement.

    Mais Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, a déclaré samedi à l'agence officielle Irna que la question de l'accès des inspecteurs devait être "décidée aux plus hauts niveaux".

    Dans un violent éditorial, le journal ultraconservateur Kayhan a appelé dimanche à attaquer le port israélien d'Haïfa de façon à "détruire totalement ses infrastructures" et à faire de nombreux morts s'il est "prouvé" qu'Israël est derrière la mort de Fakhrizadeh.

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