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  • © 2020 AFP | Crée le 17.10.2020 à 03h53 | Mis à jour le 17.10.2020 à 03h55
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    Le "penacho", coiffure de cérémonie dont la légende veut qu'elle ait été portée par l'empereur aztèque Moctezuma, exposée au Musée d'ethnologie à Vienne, le 15 octobre 2020 JOE KLAMAR-AFP

    C'est une des stars du Weltmuseum de Vienne, une flamboyante coiffe aztèque aux plumes irisées bleu-vert surmontée de plus d'un millier de pierres d'or. Mais seulement voilà, le président mexicain voudrait bien la ramener au pays.

    Andres Manuel Lopez Obrador a réveillé cette semaine une vieille querelle, missionnant sa femme en Autriche pour convaincre les autorités de le laisser exposer le "Penacho" en 2021, pour célébrer les 200 ans d'indépendance du Mexique.

    Beatriz Gutierrez a donc rendu visite lundi au président Alexander Van der Bellen et "lui a remis une requête de son mari" portant sur cette fameuse coiffe à plumes, a raconté jeudi à l'AFP le directeur du musée ethnographique viennois, Christian Schicklgruber.

    En tournée en Europe, la Première dame avait aussi rencontré la semaine dernière le président italien Sergio Mattarella, réclamant le prêt de deux manuscrits de l'ère aztèque.

    - 'Trop fragile' -

    Officiellement, le ministère autrichien de la Culture s'est saisi du dossier mais l'issue ne fait guère de doute, de l'aveu même du chef d'Etat mexicain.

    "C'est une mission quasi impossible, (les Autrichiens) se sont totalement appropriés" l'objet, a-t-il tweeté, visiblement remonté. Le lendemain, devant la presse, il enfonçait le clou: cette coiffe "fait partie de nous, du Mexique", lâchait-il, blâmant Vienne qui a "mis la main dessus".

    Pour le Weltmuseum, le problème est ailleurs: l'objet est "vraiment trop fragile" pour être déplacé, souligne le commissaire Gerard van Bussel. La preuve, "il n'a même pas pu être descendu d'un étage pour venir rejoindre notre exposition en cours sur les Aztèques".

    Au final, un prêt "l'exposerait à des dégradations irréparables", confirme le directeur M. Schicklgruber.

    D'ailleurs les deux parties en avaient convenu, au terme d'une étude menée entre 2010 et 2012 par des experts autrichiens et mexicains.

    Et c'est avec d'immenses précautions que la précieuse coiffe de 2 mètres de large pour seulement 850 grammes est aujourd'hui conservée, dans un comptoir de présentation conçu pour résister aux vibrations des pas des visiteurs.

    "Imaginez-vous qu'elle a plus de 500 ans!", rappelle M. van Bussel. "De toutes les coiffes de l'époque pré-coloniale, elle est la seule à avoir survécu".

    - 'Symbole' -

    On ne sait pas précisément comment le "Penacho" s'est retrouvé en Europe mais on en trouve la première trace écrite dans une collection de la dynastie des Habsbourg à la fin du 16e siècle, environ 75 ans après la conquête de la capitale aztèque par les colons espagnols.

    Selon la légende, cette couronne aurait été portée par l'empereur aztèque Moctezuma mais "rien ne permet d'affirmer qu'il l'a eu en sa possession", selon le commissaire.

    A Mexico aussi, les experts n'imaginent pas un quelconque transfert de l'objet. C'est déjà "un miracle" qu'il ait pu être préservé, souligne Ivan Escamilla, chercheur de l'Université nationale.

    Alors pourquoi donc raviver une question semble-t-il déjà tranchée? "M. Lopez Obrador joue avec les symboles", analyse l'historien et politologue Jose Antonio Crespo, et "cette coiffe est l'un d'entre eux", en ce qu'elle incarne la grandeur des civilisations précolombiennes.

    "C'est une manière de dire: +moi, je suis du côté du peuple. Je suis celui qui essaie de récupérer ce que les Européens nous ont pris+".

    Cette requête s'inscrit dans un débat plus large sur les restitutions de biens culturels "pillés" lors des périodes coloniales, les détracteurs de ce mouvement avançant au contraire le caractère universaliste des collections des musées occidentaux.

    Si le "Penacho" ne rejoindra sans doute jamais ses terres d'origine, les ressortissants mexicains de passage à Vienne peuvent en revanche l'admirer dans son écrin sans débourser un sou, privilège consenti par le Weltmuseum depuis 2012.

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