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    Politique
  • Jean-Alexis Gallien-Lamarche | Crée le 15.11.2021 à 01h00 | Mis à jour le 15.11.2021 à 14h19
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    "Il est clair que depuis la signature de l'Accord de Nouméa, il y a eu la tentation parfois de laisser dériver le temps, en prenant toujours la date la plus éloignée pour gagner du temps", a déclaré Sébastien Lecornu.  Photo Thierry Perron
    Interrogé sur Europe 1 et CNews, le ministre des Outre-mer s’est longuement exprimé sur le dossier calédonien.

    Il avait besoin de faire passer des messages forts.

    Interrogé sur Europe 1 et CNews, Sébastien Lecornu est longuement revenu sur la décision de l’État de maintenir le troisième référendum au 12 décembre, ce qui a provoqué la colère des forces indépendantistes.

    "Nous sommes dans la fin de l’accord de Nouméa. L’État, peu importe qui est le président de la République, peu importe qui est ministre des Outre-mer, se doit d’organiser cette dernière consultation. C’est un processus de décolonisation. Au sens des Nations-Unis, la Nouvelle-Calédonie fait partie d’une liste des territoires qui sont encore à décoloniser. On ne peut pas y échapper. C’est une parole qui a été donnée à l’ensemble des partis par des présidents de la République successifs", a-t-il d’abord affirmé.

    Rappelant "la complexité du dossier" calédonien, le ministre des Outre-mer a rappelé que cette consultation "a été demandée par les indépendantistes. On doit l’organiser. Les dates des référendums ont rarement été consensuelles. La date du deuxième référendum ne faisait déjà pas consensus. Cette date a été néanmoins acceptée parce que c’est la compétence de l’État. Et d’ailleurs, la campagne électorale avait démarré en juin, en juillet, en août. Puis le Covid est entré sur le territoire. J’ai toujours indiqué que dans une démocratie, dans un état de droit, seules les circonstances sanitaires pouvaient conduire à un report de cette consultation".

    Interrogé par le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, Sébastien Lecornu a préféré parler de "non-participation" des indépendantistes parce que "les mots ont du sens, le boycott renvoie à une terminologie des années 1980". "La non-participation est un droit en démocratie. Est-ce que je me réjouis de cette situation ? La réponse est non. Est-ce qu’il y aura un impact juridique à cela ? La réponse est non. Dans notre droit, il n’y a pas de vote obligatoire donc le fait de ne pas participer n’emportera sur la sincérité juridique du scrutin. Cela n’empêche pas que le vote se déroule, cela n’empêche pas qu’il soit légitime au sens juridique du terme".

    Pour autant, il a affirmé que l’État regardera de près "l’implication politique de cette non-participation. Parce qu’il y a déjà eu deux référendums précédemment et qu’ils ont montré des résultats particulièrement serrés avec un corps électoral restreint. Pour l’État et le gouvernement, l’enjeu est de tirer les conclusions politiques aussi de cette situation".

    Accusé par le Palika dimanche de prendre fait et cause "pour la droite coloniale", le membre du gouvernement a tenu à être clair : "ce n’est pas parce qu’une des deux parties demande le report d’une date que l’on peut le faire. Ce n’est pas le choix d’un camp contre un autre. Si les Loyalistes avaient demandé le report, il y aurait eu un vote quand même".

    Sébastien Lecornu a aussi pris le temps de rappeler qu’il "revient à l’État d’appliquer, non seulement, la fin de l’Accord de Nouméa en tenant parole mais il nous revient, aussi, le soin d’imaginer le jour d’après. Or, dans cet Accord de Nouméa, il y a une formule un peu énigmatique qui dit qu’en cas de Non, les partis se réunissent pour examiner les effets ainsi créés. Sous l’autorité du président et du Premier ministre, je veux définir ce jour d’après avec une méthodologie de transition en cas de Oui comme en cas de Non".

    "Au bout du processus c’est l’indépendance, quel que soit le président ?", a demandé Jean-Pierre Elkabbach. "Non, pas forcément, a-t-il répondu. Il y a beaucoup d’amnésiques parfois sur la place de Paris. L’Accord de Nouméa, ratifié par tout le monde, droite et gauche, y compris celles et ceux qui aujourd’hui se servent de la Calédonie dans leur débat politique pour les élections présidentielles, écrit que la pleine émancipation est le principe même de l’accord".

    Mais, a temporisé le ministre, "le 13 décembre au matin, vous aurez d’un côté 50 % de la population qui dira 'l’affaire n’est pas terminée, l’autodétermination doit prospérer' et vous aurez une autre partie de la population, Loyaliste, qui dira’trois fois de suite on a eu notre Non, nous avons acquis notre droit de rester dans la République'. Pour l’État, l’enjeu va être de trouver un chemin commun".

    Sébastien Lecornu s’est tout de même autorisé une pique à l’encontre de ses prédécesseurs et de la classe politique calédonienne. "Il faut avoir l’humilité du temps long en Océanie et en particulier sur ce dossier. Mais il est clair que depuis la signature de l’Accord de Nouméa, il y a eu la tentation parfois de laisser dériver le temps, en prenant toujours la date la plus éloignée pour gagner du temps. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Néanmoins, je pense qu’il y a une urgence (il y a la question sanitaire, les finances du pays, les inégalités sociales, l’enjeu du nickel) à redéfinir une clarté et un avenir".

    Enfin, annonçant que "la prochaine Assemblée nationale et le Sénat seront amenés à travailler sur des projets de lois organiques constitutionnelles", le membre du gouvernement a plaidé pour "la phase de transition jusqu’en juin 2023. Quoi qu’il arrive, il faudra revoter en Nouvelle-Calédonie. Pour quelles raisons ? En cas d’indépendance, il faudra que le pays indépendant se dote d’une Constitution – c’est donc la Constituante – et on ne pourra pas dire quel sera le lien avec la République française sans savoir ce qu’il y aura dans cette Constitution. Et en cas de Non, la Constitution ayant des dispositions spécifiques et qui ne pourront pas rester durablement dans le temps sur la Nouvelle-Calédonie, il faudra redonner la parole aux Calédoniennes et Calédoniens d’ici juin 2023".

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