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    Agriculture
  • Ryland JAMES | Crée le 04.12.2023 à 17h28 | Mis à jour le 04.12.2023 à 17h28
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    A Lake Hawea, à Wanaka, Kevin O’Neill et ses collègues ne tondent que 50 moutons par jour, contre 400 dans les autres exploitations. D’après la propriétaire des lieux, plus la tonte est lente, meilleure est la qualité de la laine. Photo Kavinda HERATH / AFP
    Du Vivaldi et des papouilles pour une tonte tout en douceur… dans une ferme de Nouvelle-Zélande, les moutons pourraient bien être les plus heureux et choyés du monde, pour une laine de haute qualité.

    Dans l’exploitation agricole de Lake Hawea à Wanaka, sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, la tonte se fait dans une atmosphère des plus zen, bien différente des hangars habituellement bondés et bruyants.

    "Notre objectif est d’avoir des moutons plus heureux et plus calmes. Cela commence par la façon dont nous les traitons", explique Justine Ross, qui a racheté cette grosse exploitation en 2017 avec son mari Geoff.

    Dans le hangar où les ovins de race mérinos sont débarrassés de leur toison, le bruissement des tondeuses résonne au milieu d’un morceau de musique classique.

    Les tondeurs sont priés de pratiquer une tonte lente et douce, sans rechercher le rendement. À l’inverse, leur salaire dépend de la manière dont ils ont traité le mouton : tout stress, bleu ou coupure est susceptible d’entraîner une baisse de leur paie.

    La tonte s’effectue sur un plan de travail d’un blanc immaculé afin de mieux remarquer toute éventuelle trace de sang liée à une coupure infligée à l’ovin.

    "Le point de vue du mouton"

    "Nous avons décidé d’aborder la tonte en nous plaçant du point de vue du mouton", souligne Mme Ross. "Quand on voit le caractère de chacun, leurs personnalités, on mesure notre responsabilité. Et on en a 10 000". Les chiens de troupeau de l’exploitation ont été dressés à ne pas aboyer et les moutons malades sont particulièrement choyés.

    "Dans l’agriculture, on perd des animaux, c’est un fait. Mais parfois, avec un peu plus d’amour et de soins, ils s’en sortent", relève Mme Ross.

    L’élevage des moutons est une affaire sérieuse en Nouvelle-Zélande, pays qui compte 25 millions d’ovins pour 5 millions d’habitants.


    Chloe Ransfield vérifie la laine qui vient d’être tondue. En Nouvelle-Zélande, on ne plaisante pas avec la qualité de ce produit qui rapporte près de 36 milliards de francs par an. Photo KAVINDA HERATH / AFP

    Le pays est un des plus gros exportateurs mondiaux de viande de mouton (près de 120 milliards de francs par an) et de laine (environ 36 milliards de francs), celle de mérinos étant une des plus prisées.

    Un professionnel expérimenté, payé à la tâche, peut y tondre jusqu’à 400 moutons par jour et gagner l’équivalent de près de 80 000 euros par an.

    Le métier exige habileté et endurance : les moutons pèsent un demi-quintal et peuvent donner des coups de pied, en particulier s’ils sont stressés.

    Un cas de figure rarissime à Lake Hawea. "Si nous sommes calmes et détendus, les moutons le sont aussi", relève le chef tondeur Kevin Patrick O’Neill.

    Qualité augmentée

    Ici, un professionnel tond rarement plus de 50 moutons par jour. "Le manque à gagner est compensé par une prime versée par l’éleveur", souligne M. O’Neill.

    Et les tondeurs sont eux-mêmes plus détendus : "le rythme plus lent signifie également que les moutons ont moins tendance à se tortiller ou à donner des coups de pied", relève-t-il.

    Selon Justine Ross, l’attention portée au bien-être des animaux représente également un avantage commercial.

    "L’énergie que l’animal ne met pas dans le stress, il l’utilise pour produire plus de laine", assure-t-elle. Sans compter que les clients avertis sont prêts à débourser davantage pour de la laine assortie d’un "certificat de bien-être animal".

    Une démarche qui a séduit l’entreprise britannique Sheep Inc., spécialisée dans les tricots en mérinos, qui s’approvisionne auprès de l’exploitation. Celle-ci a par ailleurs été la première ferme néo-zélandaise à avoir été labellisée pour sa neutralité carbone.

    "Si l’on réduit le stress dans la vie d’un mouton, les fibres de sa laine sont moins cassantes, et la durabilité est augmentée", assure le cofondateur de Sheep Inc., Edzard van der Wyck.

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