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  • Baptiste Gouret | Crée le 26.12.2023 à 18h57 | Mis à jour le 26.12.2023 à 18h57
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    Les élus étaient réunis en séance du Congrès, ce mardi 26 décembre. À l’ordre du jour figurait notamment le vote d’une série de contrats passés avec les établissements de l’Asee pour garantir leur survie, alors que le tribunal a prononcé il y a cinq jours Photo Baptiste Gouret
    Le tribunal a prononcé la liquidation judiciaire de l’Alliance scolaire de l’église évangélique (Asee) le 21 décembre, en raison notamment d’une dette de plusieurs centaines de millions auprès de la Cafat. Ce mardi, en séance du Congrès, le gouvernement a fait adopter une série de contrats passés avec les établissements de l’Asee pour garantir une rentrée 2024 aux quelque 2 000 élèves qui y sont scolarisés.

    Après des années de difficultés financières et au terme de cinq ans de redressement judiciaire, le couperet est tombé. Le tribunal de commerce de Nouméa a placé l’Alliance scolaire de l’église évangélique (Asee) en liquidation judiciaire, jeudi 21 décembre. Une décision motivée en grande partie par une dette de 600 millions auprès de la Cafat, malgré les efforts consentis ces dernières années par l’Alliance, en particulier sur sa masse salariale. La fin d’une histoire commencée il y a près de deux siècles (lire par ailleurs).

    Garantir la continuité du service public

    Une question se pose désormais : quid des 2 000 élèves scolarisés dans les quinze établissements de l’Asee répartis sur le territoire ? Anticipant la décision du tribunal, le gouvernement avait déjà proposé une solution, le 19 décembre, en commission de l’enseignement et de la culture : que chaque établissement de l’Alliance se constitue en association pour "devenir autonome" et pouvoir ensuite nouer un partenariat avec le gouvernement.

    C’est ce programme qu’est venue présenter Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de l’enseignement, aux élus du Congrès réunis en séance ce mardi 26 décembre. Ces derniers ont eu à se prononcer sur une série de huit contrats permettant à la Nouvelle-Calédonie de reprendre l’activité d’enseignement jusqu’ici coordonnée par l’Asee. "Cette démarche vise avant tout à garantir la continuité et la qualité du service public d’enseignement, assurant ainsi un environnement éducatif stable et propice à l’épanouissement des élèves, malgré le contexte complexe", souligne le gouvernement. En plus de sauver la rentrée 2024 pour l’ensemble des élèves, ce plan assure la rémunération, sans rupture, de la centaine d’enseignants qu’embauchait l’Alliance.


    Isabelle Champmoreau, en charge de l’enseignement, est venue présenter le plan du gouvernement pour maintenir l’activité des établissements de l’Asee malgré la liquidation de celle-ci. Photo Baptiste Gouret

    Ces différents contrats démarreront le 1er janvier 2024 pour une durée d’un an. La nouvelle charge financière qu’ils représentent sera assumée par l’État. Il faudra toutefois que le tribunal de commerce valide les conditions de cette reprise en s’assurant que chaque établissement présente un "budget 2024 équilibré", a fait remarquer Isabelle Champmoreau.

    Des propos polémiques

    Reste quelques problématiques que le texte proposé par le gouvernement ne résout pas dans l’immédiat, comme la question du foncier détenu par l’Asee au lycée Do Kamo ou celle du personnel non-enseignant, dont la reprise n’est pas garantie. Autant de contraintes "qu’il va falloir lever d’ici la rentrée".

    Si la série de délibérations a été adoptée à l’unanimité par les élus du Congrès, la discussion générale a fait l’objet d’échanges houleux. Une formule de Marie-Line Sakilia, élue sans étiquette, a notamment fait réagir l’hémicycle. Évoquant le rôle primordial de l’Asee qui a "formé une majorité de nos élites kanak", celle-ci s’est ensuite engagée dans une comparaison de l’enseignement public et privé en ces termes : "Aux derniers examens, c’est dans les établissements de l’Asee qu’on a les meilleurs taux de réussite. Vous pouvez m’expliquer pourquoi dans ces établissements privés, on a les meilleurs taux et dans nos établissements laïques, on produit des déchets ?"

    Un terme jugé dégradant par une grande partie des élus. "On ne peut pas parler de déchets au sujet d’élèves qui ne réussissent pas leur scolarité", s’est indigné Nicolas Metzdorf. Sa collègue et président du groupe Loyalistes, Françoise Suve, a qualifié ces propos de "graves". Jean-Pierre Djaïwé (Uni) s’est quant à lui dit "choqué" du mot employé par Marie-Line Sakilia. "Nous n’avons jamais considéré nos enfants qui ne réussissent pas à l’école comme des déchets, on les respecte. Il y a des propos qui sont inaudibles dans cet hémicycle."

    180 ans d’histoire

    L’histoire de l’Asee commence au moment de l’arrivée des premiers missionnaires océaniens protestants, originaires des Samoa, qui débarquent à Rô, à Maré en 1841, puis l’année suivante à Lifou où Fao, un catéchiste polynésien, s’installe au sud de l’île. Il faut attendre 1853 pour que ces matas, ces missionnaires océaniens, s’installent à Ouvéa, puis encore dix ans plus tard pour voir l’ouverture des premiers établissements qui seront ensuite gérés par l’Alliance scolaire. L’école pastorale de Bethanie, à Xepenehe, à Lifou, sera ainsi la première d’entre elles, créée en 1862. L’objectif de ces missions était d’évangéliser et d’éduquer la jeunesse et d’améliorer les conditions de vie en tribu. En 1903, la création de Do-Neva à Houaïlou par le pasteur Maurice Leenhardt entre dans ce cadre. D’école pastorale, elle devient peu à peu un centre de formation des Kanak.

    L’Asee naît en 1958, sous le statut d’association. Plusieurs écoles sont ouvertes au cours des années suivantes. Le lycée Do-Neva ouvre en 1979 et le lycée agricole Do-Neva en 1984. L’essentiel du foncier de l’Asee est mis à disposition par l’EPKNC (Église protestante de Kanaky-Nouvelle-Calédonie) qui cultive des liens étroits avec l’institution.

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