- Outremers360 | Crée le 20.10.2025 à 05h00 | Mis à jour le 20.10.2025 à 05h00ImprimerNaïma Moutchou l’affirme, "je plaiderai la voix des Outre-mer partout où je le pourrai". Photo Outremers360Nommée rue Oudinot dans le gouvernement Lecornu 2, Naïma Moutchou n’est pas une novice de la scène politique. Élue Horizons de la majorité présidentielle, la ministre des Outre-mer connaît bien les arcanes de l’Assemblée nationale, dont elle a été vice-présidente de 2022 à 2025. Dans une interview accordée à notre partenaire Outremers360, l’avocate de formation détaille ses priorités : la vie chère, la reconstruction urgente de Mayotte et la situation politique en Nouvelle-Calédonie, où elle effectuera son premier déplacement dans les semaines à venir.
Pour les Ultramarins qui vous découvrent, pouvez-vous raconter votre parcours ?
Je suis avant tout une femme de terrain. Je ne suis pas née dans les cercles du pouvoir, c’est le travail et l’expérience qui m’ont forgée. Je suis devenue avocate parce que je voulais réparer le monde à mon échelle, lutter contre les injustices, contre les inégalités et les discriminations. Ce sont des combats que j’ai parfois vécus dans ma chair et c’est ce fil conducteur de ma vie publique, celui de servir l’intérêt général, qui m’a conduite du barreau à la politique. J’ai eu l’honneur d’être élue députée, puis vice-présidente de l’Assemblée nationale, avant de me voir confier le portefeuille des Outre-mer au gouvernement.
Quelle sera votre méthode de travail ?
Écouter avec humilité, puis agir avec force. Je crois profondément à la concertation, parce que ceux qui vivent les réalités du terrain savent mieux que quiconque où sont les blocages et comment les surmonter. Mon objectif, c’est de construire avec eux une relation nouvelle, fondée sur la confiance, la clarté et le respect. J’ai besoin de savoir précisément où je vais, pour ensuite porter leurs combats au plus haut niveau de l’État. C’est une méthode qui m’a souvent permis de convaincre et de faire bouger les lignes. Dix années passées à plaider m’ont appris à écouter, à argumenter, à ne jamais lâcher. Et mes huit années de vie politique m’ont donné la technicité et la solidité nécessaires pour agir efficacement. Je ne crois ni aux coups de menton, ni aux revirements de circonstance. Je crois au travail, à la constance et à la cohérence. C’est cette ligne que je suivrai.
Sur le plan de la méthode, j’ouvre la porte et je tends la main pour que tout le monde revienne à la table des discussions. Je ne souhaite pas faire sans le FLNKS notamment.
Le Premier ministre a évoqué plusieurs urgences pour les Outre-mer. Quelles seront vos priorités ?
Il y a d’abord l’urgence de la Nouvelle-Calédonie. J’y reviendrai, car c’est une priorité absolue. Mais il y a aussi un fléau bien connu : la vie chère. Les Outre-mer ne doivent plus être les oubliés de la grande question du pouvoir d’achat. Nous savons qu’il existe des marges de manœuvre et il est temps d’en faire une réalité. Un projet de loi est aujourd’hui sur la table. C’est un texte de départ qui est perfectible. Je veux qu’il évolue dans le bon sens, et je travaillerai avec les parlementaires ultramarins pour cela. J’ai invité les élus au ministère pour identifier ensemble les points d’amélioration possibles. Mon objectif est clair : que cette loi change concrètement le quotidien de nos compatriotes ultramarins.
Votre premier grand dossier sera la Nouvelle-Calédonie. Dans quel état d’esprit l’abordez-vous ?
Je crois profondément qu’un chemin vers le destin commun est encore possible. Je ne veux rien brusquer. Sur le plan de la méthode, j’ouvre la porte et je tends la main pour que tout le monde revienne à la table des discussions. Je ne souhaite pas faire sans le FLNKS notamment. Il s’agit maintenant de préparer la suite. Un texte de report des élections vient d’être adopté au Sénat et sera examiné à l’Assemblée nationale cette semaine. C’est ce qui viendra après, dont il importe désormais de se parler : le projet de loi constitutionnelle et surtout la loi organique qui auront un impact majeur sur la vie des Calédoniens. Je veux aussi associer à cette discussion le volet économique et social de l’île et la question des identités, entre autres. Autant de thèmes qui n’ont pas encore été suffisamment explorés et que je veux remettre sur le dessus de la pile.
Avant de décider, je veux d’abord écouter, continuer à comprendre les réalités du terrain et bâtir, avec eux [élus, acteurs économiques, société civile et monde coutumier, NDLR], une trajectoire de confiance et de reconstruction durable.
Vous vous rendrez prochainement sur l’archipel ?
Ce sera en effet mon premier déplacement dans les prochaines semaines. Pour l’heure, je suis pleinement à la tâche, concentrée sur deux textes inscrits les quinze prochains jours à l’agenda du Parlement : le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie et la lutte contre la vie chère. Une fois ces étapes franchies, je me rendrai sur place pour rencontrer les élus, les acteurs économiques, la société civile et le monde coutumier. Parce qu’avant de décider, je veux d’abord écouter, continuer à comprendre les réalités du terrain et bâtir, avec eux, une trajectoire de confiance et de reconstruction durable.
Un point suscite une forte mobilisation, la réduction des aides fiscales aux entreprises ultramarines et de l’investissement productif, souvent qualifiée de "rabot destructeur". Pensez-vous que le gouvernement pourrait limiter cette baisse, évaluée à 800 millions d’euros (95 milliards de francs), et travailler à préserver ces investissements ?
Je comprends les inquiétudes, notamment pour les petites entreprises qui font vivre le tissu économique local. J’ai pris contact avec les parlementaires sur ce point, mais aussi avec Bercy pour sonner l’alarme. Je compte bien y travailler pour faire évoluer à la baisse la trajectoire budgétaire.
Avez-vous déjà chiffré la réduction du rabot de la Lodeom ?
Le Premier ministre a rappelé que la copie originale du budget n’est pas la copie finale. Ça vaut pour la Lodeom. J’ai une rencontre programmée la semaine prochaine avec ma collègue ministre des Comptes publics pour amorcer ce travail. Je continuerai à consulter les parlementaires, pour que nous construisions ensemble la meilleure voie possible.
Je veux renforcer un certain nombre de dispositifs qui fonctionnent : je pense notamment au service militaire adapté (SMA), qui est une réussite exemplaire. Et en imaginer d’autres, plus souples, plus adaptés à la réalité de chaque territoire.
Concernant Mayotte, les engagements financiers du gouvernement seront-ils tenus ?
Les choses doivent être claires : nous sommes très attendus sur ce sujet. Le Premier ministre a rappelé que l’engagement financier de la reconstruction de Mayotte sera tenu, à hauteur de 4 milliards d’euros (477 milliards de francs). La situation des Mahorais est profondément dégradée. Notre rôle, notre devoir même, c’est de leur venir en aide. Quoi qu’il en coûte, cet engagement sera tenu. Mais la refondation ne peut pas se limiter aux infrastructures. Elle doit s’accompagner d’un développement économique stable et durable, pour que les services essentiels (l’eau, l’école, la santé, la sécurité) puissent enfin fonctionner correctement. À cela s’ajoute un autre impératif : assurer la sécurité et lutter contre l’immigration irrégulière, qui est au cœur des préoccupations des Mahorais. Nous devons être présents et déterminés sur tous ces fronts. C’est une question de justice et de dignité républicaine.
Au-delà des urgences, sur quel grand thème souhaitez-vous marquer votre empreinte ?
La jeunesse. J’aimerais qu’on en parle davantage, qu’on lui redonne de l’espoir et surtout des perspectives concrètes. Je veux renforcer un certain nombre de dispositifs qui fonctionnent : je pense notamment au service militaire adapté (SMA), qui est une réussite exemplaire. Et en imaginer d’autres, plus souples, plus adaptés à la réalité de chaque territoire. Mais je ne le ferai pas depuis Paris. Je veux agir en bonne intelligence avec ceux qui sont directement concernés, les jeunes eux-mêmes, les associations, les élus, les acteurs de terrain. C’est ensemble que nous construirons des solutions crédibles et durables.
MERCI DE VOUS IDENTIFIER
Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.X
J'AI DÉJA UN COMPTEJE N'AI PAS DE COMPTE- Vous n'avez pas encore de compte ?
- Créer un nouveau compte
Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement. -
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS




Les transports aériensà consulter ici











