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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero et Baptiste Gouret | Crée le 22.05.2024 à 16h23 | Mis à jour le 24.05.2024 à 19h39
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    De nombreux gendarmes ont bouclé le périmètre le temps de déblayer les carcasses dans le secteur de l’avenue d’Auteuil. Photo Anthony Tejero
    A Dumbéa, Koutio est l’un des quartiers les plus durement frappé par les émeutes. Commerces incendiés, routes bloquées… Après neuf jours d’exactions, un timide retour à la normale se fait sentir avec les premières opérations de déblayage et la mise en place de barrages filtrants pour permettre aux habitants de se déplacer et aux patients d’aller se soigner. Reportage.

    De part et d’autre du rond-point, entre le lycée Dick-Ukeïwé et le cinéma MK2, ils sont nombreux à se mobiliser pour réguler la circulation et aider les automobilistes à se frayer un chemin parmi les nombreuses carcasses brûlées sur les routes. Dans ce secteur du centre urbain de Koutio, les militants l’assurent : les barrages sont "filtrants" et "pacifiques".

    "Notre rôle, c’est de permettre aux habitants de circuler mais surtout aux patients de pouvoir se rendre au centre médical et de dialyse ainsi qu’à la pharmacie", expliquent Dany et Richard, en charge de donner les consignes et de coordonner l’action des jeunes.

    "Sans ce dispositif, il n’y aurait plus rien ici"

    Alors que la zone commerciale Kenu-In a été dévastée, ces Dumbéens assurent que ce dispositif est avant tout là pour préserver ce qui peut encore l’être dans ce quartier populaire. "Sans ce dispositif, il n’y aurait plus rien ici. Nous sommes là pour défendre et sécuriser les habitations et ces infrastructures. Nous assurons la surveillance du lycée et du cinéma également en collaboration avec les responsables de ces établissements."


    Les jeunes, qui ne lâchent pas leur lutte contre le dégel du corps électoral, ont pour consigne de laisser passer les habitants ainsi que les patients qui doivent se rendre au centre médical et de dialyse voisin Photo Anthony Tejero

    Pour tenir, ces militants, qui continuent leur "combat" contre le dégel du corps électoral, se sont organisés et se relaient toutes les quatre heures. Ils ne lâcheront pas les barrages, qui sont un rempart, assurent-ils, pour se protéger des milices, qu’ils affirment voir circuler tous les jours. "L’intérêt de ce dispositif, c’est de pouvoir également contrôler toute voiture suspecte : un véhicule avec des vitres teintées, des gens cagoulés, etc."

    Car depuis une semaine, la suspicion s’est installée dans les rues de l’agglomération, comme le souligne Nathalie, également mobilisée sur ces barrages. "On n’a plus confiance envers les gens qui viennent, c’est pourquoi on tient à garder le contrôle sur le quartier, confie la jeune femme de 32 ans, qui se sent noyée dans le flot des publications sur Internet. Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup de vidéos tourner sur les milices. Mais au fond, on ne sait jamais si ce sont de bonnes ou de fausses informations. On ne sait pas si ce sont des milices ou des forces spéciales. J’en ai marre de tout ça."

    "Nous n’avons presque plus aucun commerce"

    Toujours est-il, depuis que les grandes surfaces de la zone ont été incendiées, les habitants de ce quartier initialement conçu autour de ces galeries commerciales, sont les premiers pénalisés. "Nous n’avons presque plus aucun commerce désormais et les files d’attente sont très longues partout", poursuit la jeune femme.

    Le long de l’avenue d’Auteuil, une foule d’habitants patientent justement devant la Supérette 68, dernier commerce alimentaire du secteur depuis que le Vival et la pâtisserie Chantilly ont été réduits en cendres.

    Scène attendue par bon nombre de riverains : au pied de ces deux magasins calcinés, les tractopelles s’activent pour enfin libérer et nettoyer cet axe stratégique qui relie la RT1 et le centre de secours à l’hôtel de police et à la mairie.


    Les Dumbéens devraient de nouveau pouvoir circuler en voiture sur l’avenue d’Auteuil. Photo Anthony Tejero

    Les pompiers participent à l’effort en balayant la chaussée et les trottoirs. Autour, les gendarmes bloquent les trois accès et s’assurent du bon déroulement de l’intervention. C’est la " première opération de déblayage sécurisée " dont profite la commune, fait remarquer le maire, Yoann Lecourieux, les mains noircies par une matinée de labeur. Elle n’a été possible que grâce à l’intervention des parents du quartier, qui ont réussi à "faire partir" les bandes de jeunes, offrant, ce mercredi matin, un premier retour au calme.

    "Les forces de l’ordre étaient déjà venues mais seulement pour sécuriser des interventions de pompiers", poursuit le premier édile. De quoi alimenter ce sentiment "d’abandon" qui se répand parmi la population des quartiers urbanisés de Dumbéa, frappés par de très nombreux pillages et incendies depuis neuf jours.

    "Les Dumbéens sont anéantis et écoeurés"

    "Les Dumbéens sont anéantis et écœurés par la lenteur d’intervention des effectifs de sécurité. Ces riverains sont les premiers pénalisés. Ce sont vingt ans de construction et de développement détruits en une semaine", se désole Yoann Lecourieux, qui juge bon de préciser que "ce n’est pas fini", notamment dans les secteurs "encore chauds" d’Apogoti, des Érudits et de Jacarandas.

    Ce mercredi matin, ces quartiers faisaient encore l’objet de blocages et d’affrontements avec les forces de l’ordre. Des opérations pourraient être menées très prochainement pour en reprendre le contrôle.

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