Son idée est enfin sortie de terre. Hier matin, sur les bords de la Yahoué, le projet de Joseph Redon, lauréat des Nickels de l’initiative en 2013, et enseignant à l’école Adolphe-Boutan, a enfin pris racine (lire ci-contre).

Toute la matinée, vingt élèves de sa classe de CE2 et treize lycéens du Mont-Dore, en deuxième année de CAP agricole, se sont entraidés pour mettre en terre trente-sept plants.

Trois espèces endémiques, et une autochtone, fournies par la pépinière Eriaxis, permettront de retenir les berges de la rivière et de fournir un peu d’ombre, d’ici deux ans, aux élèves du groupe scolaire de Yahoué. « Depuis dix-huit ans, je vois la terre et les cailloux partir des berges. Et les déchets se retrouvent dans la mare du parc, en bas », résume l’instituteur.

Prêté par les Kamodji, le terrain coutumier situé à mi-chemin des bâtiments du groupe scolaire, dont fait partie Adolphe-Boutan, a été débroussaillé il y a quelques jours par la mairie. Si l’idée est régulièrement remise sur la table par Nadine Jalabert, présidente du conseil de quartier, elle n’avait encore jamais abouti. Pas question, donc, de laisser passer l’occasion lorsqu’en avril, Soazic Prévost, enseignante au lycée du Mont-Dore, propose son aide et celles de ses étudiants pour mener à bien le chantier. 300 000 francs (logistique et plants) ont même été alloués par la mairie.

Un nouveau souffle

Parmi les volontaires, hier, Marianna Boewa-Mi, femme de service depuis 2004 à l’école Adolphe-Boutan. « Enfin, c’est là. Il y a bien des jeunes qui nettoyaient un peu, mais c’était toujours la brousse », se réjouit celle qui connaît bien Joseph Redon. Cet afflux de bonnes volontés colle bien à ce que l’instituteur avait imaginé. Comme il le rappelle, « l’objectif final, c’est de créer du lien social ». A voir les riches échanges hier matin, pas de doutes que la mission est enclenchée.

« Je pensais que les jeunes seraient intimidés, mais pas du tout. C’est eux qui nous montrent », s’amuse Sean, lycéen de 18 ans, en soulevant un plant à mettre en terre, sous les directives d’une jeune de CE2. « Nos élèves ont vraiment à cœur de montrer et de transmettre les gestes. Cette plantation remplit plusieurs objectifs pédagogiques », s’enthousiasme Julien Pardaillant, enseignant au lycée du Mont-Dore et professeur principal des CAP. Qui pourraient bien aider Joseph Redon sur d’autres projets.

Car le lauréat, dont le projet a trouvé un nouveau souffle, ne compte pas s’arrêter là. « Ça n’est que le début. On aimerait travailler jusqu’au parc de la Yahoué et continuer. En accord avec les riverains, bien sûr. »