- Anne-Claire Pophillat | Crée le 20.12.2025 à 20h02 | Mis à jour le 20.12.2025 à 20h02ImprimerLe Rex baisse définitivement le rideau après seize d’existence. Photo A.-C.P.Ce samedi 20 décembre, le Rex, institution socioculturelle et éducative nouméenne ouverte en 2009, fermera ses portes pour de bon, après seize ans d’existence. L’Adamic, gestionnaire du lieu, s’inquiète pour son avenir. La ville assure que les activités seront transférées dans le futur pôle jeunesse de la ville, censé ouvrir en milieu d’année prochaine. Mais sous une forme différente. Explications.
"J’ai une impression de deuil", témoigne Israëla Sanchez. La comédienne, qui jouait encore récemment la pièce Voleurs de Pardons, de Pacifique & Compagnie, sur la scène du Rex, peine à réaliser. Car c’est dans ce lieu où elle est aujourd’hui intervenante, qu’a débuté son parcours artistique, en 2010, à seulement 12 ans. "Je suis tombée sur une affiche pour un concours de slam. J’y ai participé et c’est comme ça que j’ai découvert le Rex. Et puis, j’ai eu envie d’y retourner", raconte la jeune femme.
À l’époque, Israëla Sanchez suit des cours de danse et de slam avec Paul Wamo. Depuis deux ans, c’est elle qui anime des ateliers de théâtre et d’impro. "J’aime transmettre, je trouve que ça donne du sens à mon métier, et puis de cette façon, je participe à ce qui fait que le Rex est ce qu’il est." L’artiste met en avant le fait que l’endroit est fréquenté "par des gens d’origines et de milieux différents". "Cela permet aux jeunes de se construire en s’ouvrant aux autres et à la différence." Quand Israëla Sanchez apprend la fermeture de la salle, elle ne comprend pas. "On nous prive de ce lieu, alors qu’on a une jeunesse en demande. C’est comme si on l’abandonnait encore une fois, et c’est triste. Le Rex, il n’y en a pas deux comme ça." Mais l’envie de poursuivre son œuvre de transmission est intacte. "J’essaierais de continuer ailleurs, parce que ça fait du sens. On va trouver un endroit. Avant, on allait sur le damier de la place des Cocotiers, par exemple."

Derniers moments partagés entre les habitués du Rex le jour de la fermeture, samedi 20 décembre, autour d’un repas. Photo Le Rex"Un refuge, une maison"
Ouvert en 2009, le Rex accueille environ 400 jeunes par an qui bénéficient de cours de danse, de musique, de slam, de théâtre, d’un espace multimédia, d’un studio d’enregistrement… En plus de ce projet socio-éducatif, le lieu, géré par l’Adamic (association culturelle née en 2004) pour le compte de la ville de Nouméa, accueille des résidences de compagnies professionnelles et diffuse des événements. Il y a eu, entre autres, le TedX, des projections dans le cadre du Festival de La Foa, des spectacles de danses urbaines, mais aussi le Festival La 1re séance ou encore des représentations de Pacifique & Compagnie… Et toute une génération d’artistes devenus professionnels s’y est révélée. Simane, Astro, Kito… "C’est cette convergence des publics, qui fait la force de la dynamique du Rex. Cela développe une curiosité artistique et est propice à l’émergence de vocation", considère Diane-Lise Da Ros, présidente de l’Adamic. C’est ça, "le projet Rex", mis en œuvre par l’association. "Les jeunes nous disent aussi que c’est un refuge, une maison", ajoute Nadège Lagneau, directrice de l’Adamic.
À LIRE ÉGALEMENT :
Mais voilà. La mairie loue les locaux. Cher (plus de 40 millions de francs chaque année). Le bâtiment est vieillissant, nécessite de l’entretien, et dans le contexte actuel, les collectivités se voient contraintes de réduire leurs dépenses. Surtout, la ville envisage, depuis plusieurs années, de regrouper les actions liées à la jeunesse au sein d’un nouveau pôle plus grand, en train d’être aménagé dans les anciens locaux de la police municipale, sur l’avenue Gallieni, qui lui appartiennent. Tout cela a scellé l’avenir du Rex. Ce samedi 20 décembre, après un repas partagé, le rideau s’est baissé pour la dernière fois sur cette salle telle qu’elle existait depuis seize ans.

Nadège Lagneau, directrice de l’Adamic, et Diane-Lise Da Ros, présidente. Photo A.-C.P.Quel avenir pour l’Adamic ?
L’Adamic s’inquiète de son avenir. "On ne sait pas si on va pouvoir poursuivre notre activité", glisse Diane-Lise Da Ros. Car sans le contrat avec la mairie, l’association se retrouve sans moyens financiers pour maintenir le salaire de ses deux employés et sans local pour assurer sa mission. Ce qu’il faudrait aujourd’hui ? Un autre lieu afin de poursuivre ailleurs. "Le projet existe depuis 15 ans, il a son public, on a de bons résultats. Tout le monde sait ce que c’est le Rex, c’est une référence. Le risque, s’il n’y a pas un signal fort des institutions d’attribuer une subvention pour que nos activités perdurent, c’est que le projet meurt." Et ainsi, estime la présidente de l’Adamic, "fragiliser tout un écosystème culturel et artistique". "Or, après ce qu’il s’est passé, investir dans la culture, auprès des jeunes, ce n’est pas un luxe, c’est investir dans le bien-être et l’apaisement d’une société. Ça me semble tellement nécessaire."
Marc-Olivier Vergé se veut rassurant. Le secrétaire général adjoint à la mairie en charge du pôle vie locale explique que si la ville est "contrainte de réduire la voilure", elle souhaite néanmoins maintenir les actions du Rex dans le futur pôle jeunesse, qui doit ouvrir ses portes en milieu d’année prochaine. "Le bâtiment sera plus grand, il rassemblera tout ce qui est en lien avec les jeunes, un espace informatique, la danse, la musique, les éducateurs de rue y auront leur bureau, ce sera la base du conseil local de la jeunesse… Il y aura aussi une grande salle polyvalente. Il pourra accueillir le public du Rex et les cultures urbaines, mais aussi d’autres publics." La gestion sera assurée en interne. Le reste, en prestation de service. "Le projet socio-éducatif perdurera sous une autre forme. L’Adamic, comme d’autres associations, doit se réinventer, mais on va les accompagner. Il est hors de question de les laisser tomber, c’est un partenaire historique privilégié."
Le Rex, 95 ans d’existence
Le Rex est l’une des plus anciennes salles de spectacle et de cinéma de la ville, créée en 1930. Johnny Hallyday ou Dalida s’y sont notamment produits. Il a été fermé en 2004, puis reloué en 2008 par la mairie de Nouméa, afin d’y instaurer un lieu d’échange pour les jeunes. C’est en avril 2009 que le Rex devient un espace socioculturel pour les jeunes de 12 à 26 ans. Il ferme en décembre 2025.
MERCI DE VOUS IDENTIFIER
Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.X
J'AI DÉJA UN COMPTEJE N'AI PAS DE COMPTE- Vous n'avez pas encore de compte ?
- Créer un nouveau compte
Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement. -
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS




Les transports aériensà consulter ici











