Cinq ans après son lancement, le Nouméa Women’s Forum s’est affirmé comme "un lieu pour penser, construire et oser", constate Naïwa Wateou. La fondatrice de l’évènement et désormais membre du gouvernement a ouvert, devant un parterre d’élus et une cinquantaine de participantes, la cinquième édition de ce rendez-vous consacré à l’entrepreneuriat féminin, mardi 4 novembre à l’auditorium de la province Sud. L’occasion d’un premier bilan élogieux. "On a appris à occuper l’espace", se félicite aujourd’hui l’élue, qui veut faire de cette cinquième édition un "symbole de résilience et de transmission".

Trois jours de rencontres

"Aujourd’hui, 50 % des projets économiques aidés par la province Sud sont portés par des femmes, ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans", révèle Sonia Backès, présidente de la province Sud, qui y voit la preuve que le Nouméa Women’s Forum "a fait bouger les lignes". Le succès du forum a convaincu ses organisateurs de le développer et plus particulièrement le réseau de femmes qu’il a permis de construire. "Il est temps d’écrire ensemble la suite", exhorte Naïa Wateou. Trois jours d’ateliers et de tables rondes réuniront, jusqu’au 7 novembre, des femmes autour de la promotion du "leadership féminin", pour rappeler "combien les femmes calédoniennes sont le socle de la société" et inciter une partie d’entre elles à sauter le pas de l’entrepreneuriat.

Dans une Nouvelle-Calédonie en pleine crise économique et sociale, les pouvoirs publics voient également dans cet espace de rencontres et d’échanges "devenu incontournable", un outil de "reconstruction du pays", selon le haut-commissaire, Jacques Billant. "Vos travaux pourront enrichir ceux de la mission interministérielle", mise en place par l’État pour réfléchir à la transformation du modèle calédonien.

"Vibration régionale"

La réussite de l’évènement a également fait naître de nouvelles ambitions. Le thème de l’édition, consacrée aux "voix.es du Pacifique", en est l’illustration. Le Nouméa Women’s Forum veut être le point de départ d’une "vibration régionale" sur la question de l’évolution des droits des femmes dans le Pacifique. "Ce que vous faites cette semaine, c’est mettre en œuvre une politique étrangère", a salué Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France dans le Pacifique et invitée d’honneur, venue avec une suggestion pour cette inauguration : "la création d’un Pacific Women’s Forum, avec une présidence tournante entre tous les États et territoires insulaires du Pacifique."

Une initiative que l’État pourrait alors accompagner, a souligné l’ambassadrice, promettant jusqu’à 215 millions de francs pour sa mise en œuvre, tirés du Fonds Pacifique. "Si vous proposez de lier toute la région autour de cet enjeu, nous sommes enthousiastes", a insisté Véronique Roger-Lacan. Les trois jours de forum devront justement permettre d’identifier les moyens de reproduire, à l’échelle du Pacifique, le réseau de femmes entrepreneurs que le Nouméa Women’s forum a permis de construire en Nouvelle-Calédonie. "Je suis ici pour y contribuer", a affirmé l’ambassadrice.