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    Grand Nouméa
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 18.12.2025 à 05h00 | Mis à jour le 18.12.2025 à 05h00
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    Liliane Condoumy, présidente de l’Acapa, regrette le peu d’attention porté en général par la société et les pouvoirs publics sur la situation des personnes âgées. Photo A.-C.P.
    L’association calédonienne d’aide aux personnes âgées célèbre ce mois de décembre son demi-siècle d’existence. Cinquante ans à accompagner les seniors et les sortir de leur isolement. Liliane Condoumy, la présidente, veut poursuivre cette mission, alors que la situation financière de la structure ne cesse de se dégrader. Entretien.

    L’association calédonienne d’aide aux personnes âgées fête ses 50 ans en décembre. Que représente cet anniversaire pour vous ?

    On a célébré notre demi-siècle dans la salle d’honneur de la mairie le 22 novembre, en présence de plus d’une centaine de personnes, avec l’élection de la mamie des 50 ans et une animation par Guy Raguin. Les mamies ont dansé, elles adorent ça ! Cela a permis de prendre du recul et de voir l’évolution de l’association. L’Acapa a démarré petit, il y a 50 ans.

    Comment la structure a-t-elle été créée ?

    L’association a été créée en décembre 1975 par Rose-France Bondarenko et deux assistantes sociales. Elles voulaient améliorer le sort des personnes âgées, parce qu’elles s’étaient rendu compte qu’il y en avait beaucoup qui étaient seules et n’avaient rien. Elles ont donc décidé de créer une structure pour leur rendre service. Ça a été un travail vraiment très difficile au début, elles étaient peu nombreuses et avaient peu de moyens. La Cafat leur avait prêté un local aux Tours de Magenta, afin de recevoir les personnes âgées, et elles se rendaient chez celles qui ne pouvaient pas se déplacer.

    Ensuite, l’association a occupé une maison en centre-ville jusqu’en 1994. Puis Jean Lèques, le maire de Nouméa, a loué le terrain qu’occupe aujourd’hui l’Acapa au Faubourg-Blanchot à l’association. Et, sous l’impulsion du président d’alors, les locaux actuels ont été construits. Une directrice puis une secrétaire de direction ont été embauchées, et l’Acapa s’est vraiment développée.

    C’est à cette période que vous êtes devenue bénévole ?

    Je suis arrivée en 1995, il y a trente ans. Au début, j’étais visiteuse, on se rendait chez les gens, on les emmenait faire leurs courses, on les aidait. À l’époque, il n’y avait pas encore le minimum garanti. On donnait tous les mois, à ceux qui en avaient besoin, un colis de première nécessité et une petite subvention de 5 000 francs. Je suis devenue présidente bien malgré moi deux ans plus tard, en 1997, en remplacement du président qui était tombé malade. Je suis restée jusqu’en 2004. C’était très prenant, je suis partie. En 2017, l’Acapa cherchait à nouveau un président et on m’a demandé de reprendre du service. J’ai dit oui pour un an. C’était il y a un huit ans (sourires). Il faudrait une relève maintenant, mais ça n’intéresse pas. Je trouve que c’est plus difficile de trouver des bénévoles qui s’investissent.

    Certains disent que l'Acapa leur a sauvé la vie.

    Qu’est-ce qui vous plaît à l’Acapa, qu’est-ce qui continue de vous animer ?

    Il y a une bonne ambiance. On fait beaucoup de choses, on apprend plein de trucs, à tresser, à chanter. C’est vraiment bien. Beaucoup de gens pensent que l’Acapa, c’est pour les pauvres, mais non, c’est pour toutes les personnes âgées à partir de 60 ans. On peut avoir de l’argent et être isolé. Beaucoup de gens pensent aussi que c’est une maison de retraite, alors que c’est une maison de loisirs. J’apprends plein de choses avec les membres de l’association, ils sont rigolos et on passe de bons moments. Je suis très attachée à eux. Je découvre la façon dont ils vivaient quand ils étaient petits, leurs recettes de cuisine, les discussions… J’aime bien être avec ces personnes âgées. Ce sont surtout des femmes, il y a très peu de messieurs, peut-être une dizaine.

    Est-ce que des couples se sont créés à l’Acapa ?

    Il y en a un en ce moment. Il y a des romances parfois. Nous, on rêverait d’un mariage (rires), mais il n’y en a pas encore eu. Peut-être un jour !

    Avec la baisse des subventions que subissent les associations ces dernières années et surtout depuis les émeutes de mai 2024, dans quelle situation financière se trouve la structure ?

    J’ai cru que je serais obligée de licencier, mais on a pu s’arranger, avec tout ce qu’on a fait, pour pouvoir tenir jusqu’à la fin de l’année. Le gouvernement ne nous donne rien depuis 2 ans. On reçoit plus que des subventions de la mairie et de la province Sud, mais elles diminuent tous les ans. L’argent qu’on nous donne suffit juste à payer le personnel et la Cafat. Après, pour le fonctionnement, on doit se débrouiller pour payer les assurances, l’électricité, l’eau, les voitures, etc. On organise des lotos, des kermesses, des bals, des vide-greniers, des marchés, de la location de salle, pour des anniversaires par exemple. On a des réservations presque chaque semaine. On a aussi eu de la chance de recevoir un don de l’association Les Disciples d’Escoffier. Mais là, on nous dit que ça va être pire en 2026, je ne sais pas comment on va faire. On vit au jour le jour. Comme tous les ans, on ferme le 18 décembre et on rouvre le premier lundi de février, mais on ne sait pas comment.

    Que représente l’Acapa aujourd’hui ?

    Une association qui récupère les personnes âgées. On en a eu qui arrivaient ici avec leur famille. Elles étaient un peu amorphes parce qu’elles étaient toutes seules et, au fur et à mesure, elles se sont épanouies. Celles qui ne parlaient pas se mettaient à parler, à danser, etc., c’est vraiment une transformation pour eux. D’ailleurs certaines ne veulent pas qu’on ferme en janvier, parce qu’elles n’ont pas d’autres activités à part l’Acapa. C’est leur deuxième maison. On avait un petit papy qui était vraiment mal en point, et petit à petit, il s’est mis à danser, il souriait tout le temps, il a commencé à se faire des amis, etc. L’Acapa offre de l’activité et des moments de sociabilité. Lors de la journée des 50 ans, Guy Raguin interrogeait des mamies, et certaines ont dit : "l’Acapa m’a sauvé la vie".

    Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à l’association ?

    On souhaite qu’il y ait des bénévoles, des moyens, que l’Acapa puisse vivre encore au moins 50 ans.


    L'Acapa compte une centaine d'adhérents, dont une partie à profiter d'un repas de Noël le 15 décembre. Photo Acapa

    Un accueil du lundi au jeudi : "c’est nous qui faisons tout"


    L’équipe de l’Acapa.

    Les locaux de l’Acapa, situés au 2 bis, rue Montcalm, au Faubourg-Blanchot à Nouméa, sont ouverts à la centaine d’adhérents de l’association du lundi au jeudi. Le lundi est consacré aux jeux de société. "Il y a des mémés qui jouent au tarot, d’autres à la belote ou encore aux dominos", décrit Liliane Condoumy. Sont également proposés du yoga sur chaise ainsi qu’un atelier mémoire. Le tout animé par la secrétaire, explique la présidente de la structure. "Avant, on avait des intervenants, mais on ne peut plus les payer, donc maintenant, c’est nous qui faisons tout." Le mardi, place à l’atelier couture, qui permet de rapporter un peu d’argent grâce à la vente des créations qui sont réalisées, soit à la boutique sur place, soit dans des vide-greniers ou des marchés, comme celui de Noël organisé place des Cocotiers. Le mercredi, c’est gymnastique adaptée pour les personnes âgées. Et le jeudi, cours d’ukulélé et de danse tahitienne. Un petit-déjeuner gratuit est servi aux adhérents qui arrivent le matin. Le midi, ils peuvent manger un repas cuisiné sur place pour seulement 300 francs. "Puis, ils repartent à 15h30. Soit on les ramène en minibus, soit les familles les récupèrent, soit elles utilisent des VSL…" Un repas a été organisé pour Noël, juste avant la fermeture annuelle, ce jeudi 18 décembre. L’Acapa fonctionne grâce à la présence de cinq employés.

    Note

    L’actualité de l’Acapa est diffusée sur la page Facebook de l’association.

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