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    Justice
  • AFP | Crée le 06.02.2024 à 14h37 | Mis à jour le 06.02.2024 à 14h37
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    Un officier de police paramilitaire chinois (à gauche) monte la garde devant l’ambassade d’Australie à Pékin le 5 février 2024. Le gouvernement australien s’est dit "consterné" après l’annonce de la condamnation à mort avec sursis en Chine de l’écrivain Y Photo Pedro PARDO / AFP
    L’écrivain australien d’origine chinoise Yang Jun, emprisonné en Chine depuis 2019 pour des accusations d’espionnage qu’il conteste, a été condamné lundi à mort avec sursis, ont annoncé Pékin et Canberra. Cette condamnation est de nature à tendre à nouveau les relations entre les deux pays, qui s’étaient apaisées depuis l’an passé.

    Romancier et blogueur, partisan d’une démocratisation de la Chine, Yang Jun, né en 1965, est un ancien diplomate chinois devenu citoyen australien en 2002. Connu également sous son nom de plume, Yang Hengjun, il avait été arrêté lors d’un passage en Chine en janvier 2019, alors qu’il vivait aux États-unis.

    Un tribunal pékinois a déclaré lundi Yang Jun "coupable d’espionnage", a indiqué lors d’un point presse régulier Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La justice "l’a condamné à mort avec un sursis de deux ans et a confisqué tous ses biens personnels", a-t-il précisé.

    Concrètement, une peine de mort avec sursis en Chine est généralement commuée en prison à vie après deux ans d’emprisonnement.

    Le Premier ministre australien Anthony Albanese a dit avoir fait part à Pékin de "la consternation, du désespoir, de la frustration, et pour le dire très simplement, de l’indignation" de son gouvernement face à ce verdict.

    Plus tôt, la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, avait déclaré que le gouvernement australien était "effaré par cette décision" et que Canberra réagirait "dans les termes les plus forts".

    "Détresse aiguë"

    En août 2023, Yang Jun avait dit craindre pour sa vie en détention en raison d’un gros kyste sur un rein. L’écrivain avait affirmé en mai 2021 avoir été torturé dans un lieu tenu secret pendant sa détention, craignant que des aveux forcés ne soient utilisés contre lui. Pékin avait rejeté ces accusations.

    Penny Wong a précisé lundi que Canberra avait convoqué l’ambassadeur de Chine en Australie. "Je tiens à souligner la détresse aiguë que le Dr Yang et sa famille doivent ressentir aujourd’hui, après des années d’incertitude", a déclaré la ministre. "Tous les Australiens souhaitent que le Dr Yang puisse retrouver sa famille", a-t-elle souligné.

    Domicilié aux États-unis, Yang Jun avait été arrêté lors d’un retour en Chine en janvier 2019. Il est l’auteur d’une série de romans d’espionnage ainsi que d’un populaire blog en langue chinoise.

    Cette condamnation intervient à un moment où les relations sino-australiennes apparaissaient en voie d’amélioration, avec notamment la libération en octobre 2023 de la journaliste australienne Cheng Lei.

    Cette ex-présentatrice de la télévision publique chinoise anglophone CGTN, également emprisonnée en Chine, avait été détenue au nom de la "sécurité nationale".

    Les relations entre les deux pays s’étaient dégradées en 2018, quand l’Australie avait exclu le géant privé chinois des télécoms Huawei de son réseau de téléphonie 5G.

    Relations tendues

    Pékin avait aussi reproché à Canberra des descentes de police aux domiciles de journalistes chinois basés en Australie, effectuées dans le cadre d’une enquête sur une potentielle campagne d’influence.

    Canberra avait également irrité Pékin en appelant à une enquête internationale sur les origines du virus responsable du Covid-19, qui avait été détecté pour la première fois en Chine.

    En réponse, Pékin avait notamment imposé des droits de douane élevés sur de nombreux produits d’exportation australiens, dont la viande, le vin et l’orge, et interrompu ses importations de charbon.

    La plupart de ces mesures ont été levées depuis l’arrivée au pouvoir en mai 2023 du Premier ministre australien Anthony Albanese. Le dirigeant de centre-gauche s’est rendu en novembre à Pékin, y saluant une amélioration "incontestable" des liens entre les deux pays.

    L’Australie, qui a formé avec les États-unis et le Royaume-Uni l’alliance militaire Aukus, cherche toutefois toujours à contrecarrer l’influence de la Chine dans le Pacifique Sud.

    Canberra doit notamment acheter trois sous-marins à propulsion nucléaire aux États-unis au cours des années 2030 et a conclu en décembre un accord de sécurité avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, que courtisait également la Chine.

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