Mai 2024, les événements ont bouleversé la Nouvelle-Calédonie, impacté à tous les niveaux la société. Le monde du sport n'y a pas échappé, mettant en stand-by les grands rendez-vous. C'est dans ce contexte que la Fédération calédonienne de football a annoncé, en août de cette même année, l'arrêt de l'ensemble des compétitions fédérales pour la saison 2024. Cette suspension a concerné la Super Ligue, mais aussi les championnats jeunes, féminins et le futsal. Un arrêt brutal qui a mis un coup au moral des joueuses passionnées de ballon rond. D'autant que le football féminin sur le Caillou a le vent en poupe, à l'instar du football féminin, dans son ensemble, qui est en plein essor dans le monde. En 2023, on comptait environ 1 000 licenciées, certes, on est loin des 10 000 dans le football masculin, mais le football féminin s'organise et se développe. Des figures d'ailleurs se distinguent. On pense à Christelle Wahnawe, ancienne joueuse semi-professionnelle et entraineuse. En 2011, lors des Jeux du Pacifique en Nouvelle-Calédonie, elle été élue meilleure buteuse de la compétition avec 12 buts à son actif. Autre joueuse qui fait parler

d'elle, Marie-Laure Palene, formée à Païta, qui évolue actuellement sous les couleurs du Mans, en 2e division.

"Le football féminin est sur une belle lancée depuis quelques années et connaît un bel accueil même si cette année 2025 va être plus compliquée et demander des réflexions sur l'avenir ", reconnaît Charlotte Pelletier, ancienne arbitre, nommée en 2020 responsable du développement du football féminin à la Fédération calédonienne de football. Charlotte Pelletier a été chargée de structurer cette discipline sportive à partir de 2020 sous l'impulsion des fédérations calédonienne et internationale. Plusieurs missions lui ont été dévolues : la création d'un championnat senior à 11 joueuses sur le terrain et non plus à 8 joueuses et celle de l'Académie féminine dans une volonté de développement.

Une section solidaire

L'association socio-sportive Academy Féminine (ASAF), fondée en 2017 par Coralie Bretegnier et Christelle Wahnawe, permet aux jeunes filles et aux jeunes femmes de s'épanouir, autant dans leur pratique sportive que dans leur vie du quotidien. Son slogan : "Les femmes de demain". L'ASAF a recruté plus de 110 joueuses, de tout âge, puisque l'association ouvre ses portes aux filles à partir de l'âge de cinq ans, un âge qui permet de former sur le long terme des joueuses talentueuses, et compte des jeunes femmes de 20 à 30 ans.

L'ASAF travaille sur trois volets : un axe scolaire, un axe sportif et un axe socio-éducatif et aide à l'insertion professionnelle. L'encadrement des jeunes filles au quotidien est une volonté dont l'objectif est de les conduire pour les amener vers la réussite de leurs projets. Si le football prime, à côté, du soutien scolaire leur est dispensé ainsi que des activités éducatives et culturelles. "Depuis la reprise, en juillet 2024, pour la section football, nous nous concentrons sur nos jeunes

catégories, celles des U11, U13 et U16. Pour nos adhérentes plus âgées, nous leur offrons un accompagnement et un suivi dans leur projet d'études ou d'insertion, précise Coralie Bretegnier, directrice et coach de l'ASAF. Nous avons fait le choix de développer une section solidaire avec la mise en place de vide-greniers dans la cité Pierre-Lenquette, de distribuer des denrées de première nécessité aux familles en difficulté. Nous avons également une section sport-santé qui s'adresse à un public plus adulte."

Deux enjeux : professionnalisation et médiatisation

Ces dernières années, le football féminin a été de plus en plus médiatisé, à l'image de la Coupe du monde féminine de football, dont la neuvième édition s'est déroulée en Australie en 2023. Un enthousiasme sur lequel la Fédération calédonienne de football espérait se baser pour atteindre 2 000 licenciées d'ici 2026. L'autre enjeu du football féminin, c'est la professionnalisation car les inégalités persistent entre les garçons et les filles. "Pour permettre une évolution favorable du football féminin et créer une bonne dynamique, il faudra poursuivre le travail engagé de structuration des clubs pour fidéliser les joueuses", estime Charlotte Pelletier. Autres problématiques que rencontre le football féminin : le nombre d'encadrants, la formation des femmes à l'arbitrage car elles sont peu nombreuses, les horaires des entraînements, le financement des déplacements. Ce qui implique des sponsors, des partenaires, ou des subventions. Malgré les incertitudes qui planent sur ce début d'année 2025, on espère que le football féminin

calédonien aura encore de très beaux jours devant lui et enflammera les foules.

Création de l'académie fédérale de football de Païta

Dans la volonté de développer le football sur le territoire, la Fédération calédonienne de football, en présence de son président, Gilles Tavergeux, des représentants de la Direction diocésaine de l'enseignement catholique (Ddec) et des coutumiers de Païta, a inauguré, le 11 février 2025, dans la commune, l'Académie Fédérale. Trente-trois jeunes talents (13 filles et 20 garçons) âgés de 13 à 15 ans vont ainsi intégrer l'Académie cette année. Internat, collège et installations sportives de pointe sont mis à leur disposition. Un événement marquant pour la discipline. Un projet ambitieux pour former les élites de demain, construire un avenir prometteur pour le football calédonien et le faire rayonner sur la scène régionale et internationale. Cette structure innovante permettra ainsi aux jeunes talents de bénéficier d'une formation de haut niveau et de s'épanouir pleinement sur le plan sportif et personnel. Si l'Académie de Païta doit permettre de repérer et former plus tôt les jeunes talents calédoniens, la Fédération échange également avec l'UNC pour développer un pôle d'excellence universitaire à destination des étudiants. Autant de dispositifs qui doivent permettre de transformer en habitude le récent exploit d'une double qualification en Coupe du Monde des U17 et U20.