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  • Rigoberto DIAZ / AFP | Crée le 27.04.2024 à 14h00 | Mis à jour le 27.04.2024 à 14h00
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    René Reyes, un artisan de 55 ans, utilise souvent de vieilles poutres ou des meubles usagés pour confectionner ses trésors dans son atelier de La Havanne. Photo Adalberto ROQUE / AFP
    René Reyes est artisan. Son travail : prendre des vieux meubles pour en faire de véritables œuvres d’art. A Cuba, les caves à cigares en acajou, ébène ou vieux cèdre, dont certaines conservent les qualités d’un havane pendant 15 ans, peuvent atteindre plusieurs millions de dollars.

    A l’aide d’une raboteuse datant de l’époque soviétique, l’artisan cubain René Reyes lisse une vieille porte en bois de cèdre qu’il va transformer en cave à cigares, ces boîtes ouvragées destinées à stocker dans des conditions optimales les fameux havanes.

    "Les gens n’imaginent pas […] que de telles caves à cigares puissent sortir d’ici", déclare le charpentier de 55 ans, en faisant visiter son atelier du centre de La Havane où s’entassent vieilles poutres, portes et meubles usagés, la matière première de son art.

    Tandis que l’artisan travaille sur une porte vieille de "plus de 80 ans", l’odeur de vieux cèdre envahit la pièce. Cette "odeur de cèdre est si bonne. C’est comme de l’or, du vieil or", s’émerveille ce fumeur invétéré de cigares, en portant à son nez une pleine poignée de sciure.

    René Reyes travaille pour Tania Duyos, commerçante indépendante de 53 ans, qui exerce depuis une vingtaine d’années dans la conception de ces coffres qui permettent une conservation optimale des cigares, soit dans une humidité comprise entre 65 % et 70 % et une température entre 16 et 18 degrés.

    Plusieurs types de bois

    Des dizaines d’autres ateliers de ce genre sont disséminés sur l’île. Selon les experts, les caves à cigares peuvent conserver les qualités d’un havane pendant quinze ans, voire les bonifier. A Cuba, dont les cigares sont considérés comme les meilleurs au monde, les artisans utilisent plusieurs types de bois comme l’acajou ou l’ébène, mais la tradition veut que l’intérieur soit confectionné avec du vieux cèdre.

    "Le cèdre est très favorable" car "il protège le tabac des bactéries et lui fournit l’humidité" nécessaire à sa conservation, explique Mme Duyos, alors que dans un environnement inadapté, même le meilleur cigare peut perdre de sa qualité.

    Finitions uniques

    Sculptées en relief, ornées d’embossages métalliques, peintes ou marquetées, certaines de ces boîtes, convoitées par les collectionneurs ou les amateurs de cigares, constituent parfois de véritables œuvres d’art pouvant atteindre des prix astronomiques.


    La commerçante Tania Duyos (à gauche) et le menuisier Alain Perez (à droite) vérifient l’odeur d’une cave à cigares dans leur atelier à La Havane. Photo Adalberto ROQUE / AFP

    Des artisans vendent directement pour quelques milliers de dollars certains modèles à des restaurants de luxe ou à des hommes d’affaires à l’étranger. Des boîtes moins élaborées peuvent également être achetées sur les marchés artisanaux pour des prix plus modestes.

    Chaque année, une vente aux enchères exceptionnelle a lieu dans la capitale cubaine lors de la clôture du Festival du Havane, qui attire professionnels, amateurs et célébrités. Lors de la dernière édition, en février, la mise aux enchères de six caves à cigares particulièrement ouvragées a atteint le chiffre record de 11,9 millions de dollars (1,3 milliard de francs).

    Un meuble circulaire à 4,4 millions de dollars

    La grande vedette de ces enchères a été vendue pour 4,4 millions de dollars (plus de 493 millions de francs) : un meuble circulaire de 100 cm de profondeur fabriqué en bois précieux, cèdre et acajou, agrémentés de titane et de bronze. Il contenait 500 des meilleurs cigares de la marque Cohiba, la plus prestigieuse du pays.

    René Reyes travaille actuellement sur une réplique d’une cave à cigares plus modeste ayant appartenu à Ernest Hemingway (1899-1961), prix Nobel de littérature et grand amateur de havanes. L’originale est exposée à la Finca Vigia, la maison que possédait l’écrivain américain dans l’est de la capitale, désormais transformée en musée.

    "Le secret, c’est l’amour" du métier

    Après l’atelier du charpentier, chaque pièce passe entre les mains d’une équipe composée d’orfèvres, ébénistes, vernisseurs pour des finitions uniques.

    Mme Duyos reconnaît qu’à Cuba, sous embargo américain depuis 1962 et qui traverse sa pire crise économique depuis 30 ans, il faut savoir s’adapter au manque de colle, de mastic, de vernis, de papier de verre ou d’outils.

    "On fait pratiquement des merveilles avec rien", confirme René Reyes. "Le secret, c’est l’amour" du métier.

    Tania Duyos peut se targuer d’avoir eu des célébrités pour clients tels que l’ancien président américain Jimmy Carter, le footballeur Diego Maradona (1960-2020) et le chanteur des Rolling Stones Mick Jagger.

    Elle a également offert un coffre à cigares à Barack Obama quand il est venu sur l’île en 2016 lors d’une visite historique. "Merci pour votre présent", lui a écrit le président américain dans une lettre que la commerçante conserve précieusement.

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