fbpx
    Monde
  • Anuj SRIVAS / AFP | Crée le 01.04.2024 à 14h00 | Mis à jour le 01.04.2024 à 13h59
    Imprimer
    Les pierres précieuses artificielles sont en train de remodeler le marché mondial des bijoux en diamants, en particulier dans la ville de Surat, dans l’ouest de l’Inde, où 90 pour cent des diamants du monde sont taillés et polis. Photo Sam PANTHAKY / AFP
    Le solitaire, d’une pureté cristalline, brille de mille feux au point de tromper les plus fins connaisseurs, pourtant ce diamant n’a pas passé plus d’un milliard d’années dans le ventre de la terre. Loin s’en faut. Flambant neuf, il est né dans un laboratoire indien et vaut moins de la moitié du prix d’un joyau naturel.

    Les diamants synthétiques ont été développés pour la première fois au début des années 1950, mais la mise au point d’un processus commercialement viable a moins de dix ans.

    Ces gemmes de synthèse ont changé la donne pour le marché mondial de la bijouterie diamantaire, pesant désormais 89 milliards de dollars, en particulier pour la ville indienne de Surate (ouest) où 90 % des diamants du monde sont taillés et polis.

    Dans le laboratoire de Smit Patel, directeur de Greenlab Diamonds à Surate, des techniciens laissent choir des éclats de diamants, qu’ils appellent "graines", dans des réacteurs qui reproduisent la pression extrême qui règne dans les profondeurs de la terre.

    Il faut moins de huit semaines à ses équipes pour produire un diamant synthétique prêt à porter pratiquement indiscernable d’un diamant naturel.

    Gaz, chaleur, pression

    Les réacteurs de son laboratoire sont remplis de gaz comme le méthane, contenant du carbone, où les "graines" croissent sous l’effet de la chaleur et de la pression. "C’est le même produit, aux mêmes propriétés chimiques et optiques", assure M. Patel, dont la famille est dans le commerce du diamant depuis trois générations. Ses diamants synthétiques sont ensuite acheminés vers une autre installation où ils sont taillés et polis par des centaines d’ouvriers.

    A Bombay, Lekha Prabhakar, 29 ans, ne le détrompe pas. "Un diamant sorti d’une mine serait cinq fois plus cher", dit-elle, "si vous voulez quelque chose à porter tous les jours […] un diamant synthétique fait l’affaire. C’est ce qui me séduit le plus".

    Les exportations de diamants de synthèse de l’Inde ont triplé en valeur entre 2019 et 2022. En volume, elles ont augmenté de 25 % entre avril et octobre 2023, contre 15 % sur la même période de 2022, selon les dernières données de l’industrie.

    Greenlab Diamonds a "connu une croissance de 400 % en volume d’une année sur l’autre", se félicite M. Patel.

    La part de marché mondiale en valeur des diamants synthétiques, passée de 3,5 % en 2018 à 18,5 % en 2023, dépassera probablement les 20 % cette année, déclare Paul Zimnisky, analyste de l’industrie basé à New York.

    Aux États-Unis, premiers consommateurs de diamants naturels au monde, ils sont maintenant synthétiques sur 37 % des bagues de fiançailles, contre 17 % en février 2023, selon l’analyste industriel Edahn Golan.

    "Une tempête parfaite"

    La Chine et l’Inde, deux des plus grands producteurs de diamants synthétiques, y ont contribué. Les laboratoires indiens ont exporté 4,04 millions de carats entre avril et octobre 2023, une augmentation de 42 % en glissement annuel, selon le Conseil indien de promotion des exportations de pierres précieuses et de bijoux (GJEPC). A l’inverse, les exportations de diamants naturels ont baissé de plus de 25 %, à 11,3 millions de carats.

    Les ventes de diamants naturels avaient pourtant bondi pendant la pandémie de Covid-19, mais la demande a chuté lors de la réouverture des économies. Les grandes entreprises se sont retrouvées avec des stocks excédentaires coûteux.

    La pire chute en 30 ans de carrière, déplore Ajesh Mehta dont le groupe D. Navinchandra Exports est l’un des acheteurs agréés du géant mondial du diamant De Beers. "C’est totalement différent d’une pénurie de demande", précise M. Mehta. Avec le ralentissement économique aux Etats-Unis et en Chine, les sanctions contre les diamants russes, l’offre excédentaire, "tout s’est enchaîné comme une tempête parfaite".

    Les prix ont dégringolé l’an dernier

    En octobre, l’industrie indienne du diamant naturel a été contrainte d’interdire volontairement l’importation de diamants bruts, ce qui est rare. Au moins cinq acheteurs agréés indiens ont affirmé à l’AFP que De Beers avait réduit les prix de 10 à 25 % de ses diamants pour la première vente de l’année, période de réapprovisionnement après les fêtes aux États-Unis.

    Mais le diamant synthétique est lui victime de cette explosion de l’offre. Les prix de gros ont baissé de 58 % en 2023, selon M. Golan, et WD Lab Grown Diamonds, deuxième producteur américain, a déposé le bilan en octobre.

    Selon des détaillants de Surate, le prix d’un diamant poli d’un carat de moindre qualité est passé de 2 400 dollars en 2022 à quelque 1 000 dollars en 2023. Pour M. Patel, la baisse des prix stimulera la demande. "Nous savions que les prix baisseraient, car il n’y a pas de monopole dans cette industrie."

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS