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  •  Issam AHMED / AFP | Crée le 03.03.2024 à 13h00 | Mis à jour le 03.03.2024 à 13h00
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    En 1997, l’arrivée d’un loup solitaire à l’Isle Royale, située au large des côtes du Michigan, a relancé l’ensemble de la population de loups, touchée par la maladie et la consanguinité, et a déclenché des effets en cascade qui ont amélioré la santé de l’ Photo John VUCETICH / AFP
    Après des années d’études, des chercheurs américains affirment que le passage d’un pont de glace entre le Canada et une île américaine, par un loup solitaire, a permis de régénérer le pool génétique de la meute locale mais aussi tout un écosystème insulaire.

    "Il s’agit de la première étude qui montre que des problèmes génétiques n’ont pas simplement un impact sur une population donnée et augmentent le risque de voir cette population s’éteindre, mais ont aussi de grandes répercussions sur toutes les espèces", explique Sarah Hoy, autrice principale d’une étude publiée dans la revue Science Advances.

    L’équipe de cette chercheuse en écologie à l’université technologique du Michigan a scruté à la loupe l’écosystème de l’Isle Royale, située du côté américain du Lac Supérieur, vaste étendue d’eau douce coincée entre le Canada et les États-Unis, après l’arrivée sur place d’un loup solitaire inconnu de la meute locale.

    En 1997, ce nouveau venu, baptisé "M93" dans le cadre de l’étude mais plus affectueusement "le vieux loup gris" par les chercheurs, traverse un pont de glace entre le Canada et l’île.

    Les premiers loups connus étaient arrivés sur ce territoire dans les années 1940 et ils chassaient principalement des élans, permettant ainsi de mener la plus longue étude jamais réalisée sur le système "prédateur-proie".

    Dans les années 1980, l’introduction d’un virus, le "parvovirus canin", dans cet écosystème contribue à décimer la population locale de loups qui passe de la cinquantaine à la douzaine, souligne l’étude.

    Nouveau mâle reproducteur

    Mais l’arrivée du "vieux loup gris" change la donne pour les meutes locales et tout l’écosystème. N’étant pas lié à cette meute et étant particulièrement large, un avantage clé face aux élans, il s’impose comme le nouveau "mâle reproducteur" parmi l’une des trois meutes de l’île, au point d’être le géniteur de 34 louveteaux.

    Conséquence : non seulement le pool génétique des loups de l’île se diversifie mais leur capacité à tuer les élans s’améliore.


    L’élan, autrement appelé orignal sauvage, consomme jusqu’à 14 kg de végétation par jour. Photo Julien BESSET / AFP

    Comme les élans, des herbivores, mangent jusqu’à 14 kilos de végétation par jour, la réduction de leur nombre face aux loups entraîne aussi une transformation de l’écosystème pour en rétablir l’équilibre, concluent les chercheurs américains.

    Les sapins baumiers sont de retour

    Avec moins d’élans, les sapins baumiers ont recommencé à pousser à un taux qui n’avait pas été observé depuis des décennies, ce qui était vital pour la forêt et donc une myriade de plantes et d’espèces. Mais l’histoire ne s’arrête pas là et le boom démographique des loups a finalement contribué à un nouveau déséquilibre de l’écosystème, en raison de la consanguinité.

    Après la mort de "M93", qui avait fait bénéficier de son patrimoine génétique environ 60 % des loups, la population a recommencé à décliner au point où il ne restait plus que deux loups : un père et sa fille, qui était aussi demi-frère et sœur.

    De même pour les guépards ?

    Un programme de réintroduction de l’espèce lancé il y a cinq ans a toutefois permis de rétablir un meilleur équilibre dans cet écosystème isolé où vivent désormais une trentaine de loups et un peu moins d’un millier d’élans, aussi nommés "orignaux" en Amérique du Nord.

    Pour Sarah Hoy, le cas du "vieux loup gris" pourrait sans doute s’appliquer à d’autres populations de prédateurs consanguins en danger d’extinction comme les guépards en montrant que l’introduction d’un ou quelques individus dans un pool génétique permet non seulement de renouveler une population mais aussi un écosystème.

    Professeur d’écologie à l’université d’Etat de l’Oregon, William Ripple qualifie "d’important" le travail de sa collègue du Michigan, à laquelle il n’a pas participé, en montrant que les processus génétiques peuvent limiter les impacts écologiques d’une espèce donnée.

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