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  • Imran MARASHLI / AFP | Crée le 06.11.2023 à 21h00 | Mis à jour le 06.11.2023 à 21h59
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    Une vue aérienne montre un pont détruit dans la ville de Derna, dans l’est de la Libye, à la suite d’inondations soudaines meurtrières. Photo Mahmud TURKIA
    La crue soudaine qui a tué des milliers de personnes mi-septembre en Libye fait suite à un "medicane", un phénomène météorologique rare mais destructeur dont les scientifiques pensent qu’il va s’intensifier dans un monde en réchauffement.

    Peu connu du grand public mais régulièrement utilisé par les scientifiques et météorologues, le terme "medicane" est un mot-valise formé des mots "Méditerranée" et "ouragan" ("hurricane" en anglais).

    Les "medicanes" sont semblables aux ouragans, aux typhons ou aux cyclones, mais ils peuvent se former au-dessus d’eaux plus froides. Sur les images satellites, ils peuvent ressembler à une masse tourbillonnante de nuages d’orage entourant un œil.

    Mais ces tempêtes méditerranéennes sont généralement plus petites et plus faibles que leurs équivalents tropicaux et disposent d’un espace plus restreint pour se développer.

    Leur puissance maximale équivaut généralement à un ouragan de catégorie 1 sur l’échelle de Saffir-Simpson, soit une vitesse de 119 à 153 kilomètres par heure.

    Outre leurs vents violents, les "medicanes" sont également accompagnés de pluies déchaînées. La tempête Daniel a déversé jusqu’à 170 millimètres de pluie en moins de deux jours sur la Cyrénaïque, dans le nord de la Libye, où la pluie est très rare en cette saison.

    Un ou deux par an

    Les "medicanes" ont tendance à se former à l’automne lorsque la mer est chaude, généralement dans la Méditerranée occidentale et dans la région située entre la mer Ionienne et la côte nord-africaine, explique Suzanne Gray, professeur au département de météorologie de l’Université de Reading.

    Une couche d’air plus froid provenant d’altitudes plus élevées forme des convections avec de l’air plus chaud s’élevant de la mer qui convergent autour d’un centre de basse pression.

    Les "medicanes" se forment en moyenne une à deux fois par an, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).


    L’énorme crue, alimentée par des pluies torrentielles, a brisé deux barrages et envoyé une vague géante s’écraser sur le lit de la rivière auparavant asséché, ou oued, qui traverse la ville d’environ 100 000 habitants. Photo Mahmud TURKIA / AFP

    Alors que les ouragans se déplacent d’est en ouest, les "medicanes" ont tendance à se déplacer d’ouest en est. Daniel a ainsi frappé la Bulgarie, la Grèce et la Turquie avant d’atteindre la Libye.

    Trois phénomènes se sont produits au large de la Grèce entre 2016 et 2018, tandis qu’en 2019, les services météorologiques espagnols en ont identifié un entre les îles Baléares et les côtes algériennes.

    En septembre 2020, un "medicane" soufflant des vents allant jusqu’à 120 km/h a frappé la Grèce, tuant trois personnes dans la ville de Karditsa et déclenchant des inondations, des glissements de terrain et des coupures de courant.

    La Sicile a également été frappée en 2021.

    "Plus intenses"

    Selon Météo France, il est difficile de tirer des conclusions climatiques des "medicanes" en raison de leur rareté. Mais les experts affirment que le réchauffement des températures à la surface de la mer, provoqué par le changement climatique induit par l’homme, va rendre plus intenses les événements extrêmes comme les cyclones ou les "medicanes", même si ceux-ci pourraient devenir moins fréquents.

    "On pense que le changement climatique augmente l’intensité des medicanes les plus puissants", estime Liz Stephens, professeur à l’Université de Reading. Et "nous sommes convaincus que le changement climatique augmente les précipitations associées à de telles tempêtes."

    Les océans ont absorbé 90 % de l’excès de chaleur produit par l’activité humaine depuis le début de l’ère industrielle, soulignent les scientifiques.

    L’eau de la Méditerranée plus chaude

    La Méditerranée a atteint en juillet sa température la plus élevée jamais enregistrée alors que l’Europe était confrontée à une série de vagues de chaleur exceptionnelles.

    Les eaux de surface de la Méditerranée orientale et de l’Atlantique étaient début septembre deux à trois degrés Celsius plus chaudes que d’habitude, ce qui aurait donné un coup de fouet à Daniel.

    Daniel "illustre le type d’inondations dévastatrices auxquelles nous pouvons nous attendre de plus en plus à l’avenir" à mesure que le monde se réchauffe, estime Lizzie Kendon, professeur de sciences du climat à l’Université de Bristol.

    "Le fait que Daniel puisse se transformer à partir d’un medicane… est probablement le résultat de températures de surface de la mer plus chaudes et donc d’un changement climatique provoqué par l’homme", abonde le climatologue Karsten Haustein de l’Université de Leipzig.

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