fbpx
    Monde
  • Luana Sarmini-Buonaccorsi/AFP | Crée le 26.06.2018 à 04h25 | Mis à jour le 26.06.2018 à 05h44
    Imprimer
    Les partisans de M. Erdogan ont fêté la réélection de leur leader, dimanche soir.Photo AFP
    TUrquie. Recep Tayyip Erdogan a été rééludès le premier tour, dimanche, pour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés, venant à bout d’une opposition pourtant revigorée.

    Monsieur Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis quinze ans a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans. Il a savouré sa victoire en s’adressant dans la nuit de dimanche à lundi à des milliers de partisans réunis à Ankara devant le siège de son parti islamo-conservateur, l’AKP. « Le vainqueur de cette élection, c’est la démocratie, la volonté nationale. Le vainqueur de cette élection, c’est chacun des 81 millions de nos concitoyens », a clamé M. Erdogan, tandis que ses supporters l’acclamaient.

    Les autorités électorales turques ont indiqué tôt hier que M. Erdogan avait obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, ce qui lui permet d’être élu dès le premier tour face à une opposition pourtant farouche, à l’image du tribun social-démocrate Muharrem Ince.

    M. Erdogan s’est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga-projets d’infrastructures et en libérant l’expression religieuse, et a fait d’Ankara un acteur diplomatique clé. Mais ses détracteurs accusent le « Reis », âgé de 64 ans, de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016. Celui-ci a été suivi de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes et suscité l’inquiétude de l’Europe. Sa victoire aux élections de dimanche assoit encore son pouvoir, car le scrutin marque le passage du système parlementaire en vigueur à un régime présidentiel où le chef de l’Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif, aux termes d’un référendum parlementaire qui s’est tenu l’an dernier.

    « La victoire d’Erdogan est incontestablement le signe de sa grande popularité auprès de l’électorat, en particulier l’électorat conservateur dans les régions rurales d’Anatolie, et le signe de sa résilience face à une opposition unie », estime Jana Jabbour, docteure associée au CERI/Sciences Po et spécialiste de la Turquie.

     

    Toutes ses chances

    S’il pensait mettre toutes les chances de son côté en convoquant ces élections pendant l’état d’urgence et plus d’un an avant la date prévue, M. Erdogan a été rattrapé lors de la campagne par la dégradation de la situation économique et surpris par un sursaut de l’opposition.

    Voyant dans ce scrutin leur dernière chance d’arrêter M. Erdogan dans sa quête d’un pouvoir incontestable, des partis aussi différents que le CHP (le parti social-démocrate de Muharrem Ince), Iyi (nationaliste) et le Saadet (islamiste) ont noué une alliance inédite pour les législatives, avec l’appui du HDP (prokurde).

    La campagne a été marquée par une couverture médiatique très inéquitable en faveur du président, dont chaque discours a été retransmis in extenso par les télévisions. Les craintes de fraudes ont été vives pendant le vote, notamment dans le sud-est à majorité kurde. Les opposants, qui avaient mobilisé une armée d’observateurs, ont dénoncé des irrégularités, notamment dans la province de Sanliurfa.

    P

     

    Ni un séjour en prison, ni des manifestations monstres, ni même une sanglante tentative de putsch n’ont stoppé l’irrésistible ascension du « Reïs » (chef), comme le surnomment ses plus fervents partisans, qui dirige le pays d’une poigne de plus en plus ferme depuis 2003.

    A l’âge de 64 ans, M. Erdogan est désormais tout près de son but : devenir un « hyperprésident », poste taillé sur-mesure aux termes d’une révision de la Constitution adoptée l’an dernier.

    M. Erdogan a déjà profondément transformé la Turquie à travers des méga-projets d’infrastructures et en menant une politique étrangère plus affirmée, quitte à fâcher les traditionnels alliés occidentaux.

    Pour ses partisans, il reste, malgré les difficultés, l’homme du « miracle économique » qui a fait entrer la Turquie dans le club des vingt pays les plus riches, et le champion de la majorité conservatrice longtemps dédaignée par une élite urbaine et laïque. Souvent dépeint en Occident comme un sultan indétrônable, ce nostalgique de l’Empire ottoman est un redoutable animal politique qui a remporté toutes les élections depuis l’arrivée au pouvoir de son parti, l’AKP, en 2002. Né dans un quartier populaire d’Istanbul, M. Erdogan a envisagé une carrière dans le football - sport qu’il pratiquera à un niveau semi-professionnel -, avant de se lancer en politique. Il apprend les ficelles au sein de la mouvance islamiste de l’ex-Premier ministre Necmettin Erbakan, avant d’être propulsé sur le devant de la scène en étant élu maire d’Istanbul en 1994. En 1998, il est condamné à une peine de prison ferme pour avoir récité un poème religieux.

    Il prend sa revanche lorsque l’AKP, qu’il a cofondé, remporte les élections en 2002. L’année suivante, il est nommé Premier ministre, fonction qu’il occupera jusqu’en 2014, lorsqu’il devient le premier président turc élu au suffrage universel direct.

     

    L

     

    Repères

    Vainqueur avec 52,5 % des voix

    D’après l’agence de presse étatique Anadolu, M. Erdogan est arrivé en tête de la présidentielle avec un score de 52,5 % après dépouillement de plus de 99 % des urnes, et l’alliance dominée par l’AKP menait avec 53,61 % dans le volet législatif du scrutin. Son principal concurrent, le social-démocrate Muharrem Ince, arrive en deuxième position de la présidentielle avec 30,7 %, et l’alliance anti-Erdogan formée par plusieurs partis d’opposition pour le volet législatif du scrutin récolte 34 %, d’après les résultats partiels publiés par Anadolu.

     

     

    Les prokurdes accèdent au Parlement

    Le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, a été contraint de faire campagne depuis une cellule : accusé d’activités « terroristes », il est en détention préventive depuis 2016. Selon les résultats partiels, M. Demirtas a obtenu près de 8 % des voix et son parti a franchi le seuil de 10 % au niveau national lui permettant de siéger au Parlement.

     

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • MEDIAS ASSOCIÉS
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS