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  • Javier TOVAR / AFP | Crée le 17.10.2023 à 13h59 | Mis à jour le 17.10.2023 à 15h41
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    Une femme qui a demandé à rester anonyme montre les cicatrices laissées par l’opération qu’elle a subie pour l’extraction de biopolymères et qui a gravement affecté sa santé. Photo Magda GIBELLI / AFP
    Au Venezuela, pays réputé pour ses reines de beauté, la chirurgie esthétique a toujours le vent en poupe. Un peu moins l’injection de biopolymères non encapsulés, interdits depuis plus de dix ans, mais qui laissent des traces indélébiles sur des corps meurtris.

    Maria Sanchez, 50 ans, marche lentement dans sa maison de Caracas avec deux sacs de drainage accrochés à la taille après une opération, la deuxième. Dix ans après avoir reçu des injections de biopolymères pour augmenter le volume de ses fesses, elle vit un calvaire.

    Une cicatrice traverse le bas de son dos. Le rappel douloureux de la première opération qui a permis, il y a 8 mois, de retirer 90 % des 125 ml de biopolymères injectés dans chaque fesse en 2006.

    "Je suis mutilée" et "j’ai dû assumer", dit-elle.

    Les biopolymères non encapsulés – qui contrairement aux prothèses sont injectés et se dilatent dans le corps – ont été interdits au Venezuela en 2012, après des années de commercialisation massive dans les salons de beauté et de coiffure et même dans les cabinets médicaux.

    "Ce qui sort, c’est de l’huile"

    La chirurgie esthétique est une tradition bien ancrée au Venezuela, pays célèbre pour ses reines de beauté et ses Miss Monde.

    L’injection de biopolymères semblait au début des années 2000 un procédé révolutionnaire qui permettait d’éviter la chirurgie. L’augmentation du volume du fessier était alors en vogue mais le précieux liquide était aussi injecté dans les seins, les mollets et, dans le cas des hommes, même dans le pénis…

    Il n’existe pas de chiffres officiels sur le nombre de personnes affectées par des complications à la suite d’injections de biopolymères. L’AFP a demandé en vain des statistiques au ministère de la Santé. La presse locale a même recensé un décès.


    A Caracas, une infirmière réalise un massage à Maria Sanchez, 50 ans, pour l’aider à se rétablir après la deuxième opération d’extraction de biopolymère. Au Venezuela, des centaines de femmes se rendent désespérément dans des centres de santé privés et paient de grosses sommes d’argent pour se faire opérer et extraire des biopolymères – injectés principalement dans leurs fesses. Photo Magda GIBELLI / AFP

    "Ce qui sort, c’est de l’huile", explique le chirurgien Juan Carlos Blanco, qui tente de réparer les dégâts de la dégradation des biopolymères. Depuis 2018, il a traité une cinquantaine de cas dont 20, comme Maria Sanchez, ont dû subir une intervention chirurgicale.

    Jusqu’à 1,2 million l’opération

    Les biopolymères perturbent le système immunitaire, qui les combat constamment, provoquant fièvre, gonflement et douleur.

    Pendant des mois, Maria Sanchez a souffert. De l’arthrite, des rhumatismes et même un lupus ont été diagnostiqués avant d’identifier les biopolymères comme cause de ses maux. "Il ne m’est jamais venu à l’esprit que cela pouvait être dû à ça", confie-t-elle. Les opérations d’extraction de liquide peuvent coûter jusqu’à 11 000 dollars (plus de 1,2 million de francs).

    C’est ce que doit payer Susana, 39 ans (dont le nom a été changé ayant requis l’anonymat) qui en est à sa troisième opération. Elle aussi avait voulu bomber son fessier il y a douze ans. Cinq ans plus tard, après sa deuxième grossesse, elle a commencé à ressentir des douleurs. Susana vit dans la partie la plus élevée d’un bidonville situé sur les collines de Caracas et, pour elle, se déplacer est un véritable enfer : "Je ne peux pas marcher très loin. Je dois mettre mes pieds dans de l’eau chaude", dit-elle.

    Impossible d’enlever 100 %

    Les chirurgiens s’accordent à dire qu’il est impossible d’enlever 100 % de la substance injectée : quiconque prétend le contraire "ment", assure le Dr Blanco. "Il restera toujours une petite quantité".

    Avant qu’une technique chirurgicale ne soit mise au point, il était recommandé de ne pas toucher la zone affectée.

    Susana raconte qu’après être tombée malade, elle a fait "l’erreur" de se faire opérer en 2017 avec une technique contre-indiquée similaire à la liposuccion. Cela lui a coûté 3 000 dollars et conduit à "l’aggravation" de son état : "Je ne pouvais plus marcher", se souvient-elle. En 2019 un autre médecin l’a à nouveau opérée en urgence contre 5 000 dollars…

    Elle a des cicatrices sur la partie supérieure et inférieure de ses fesses, meurtries par les interventions. Elle attend une troisième opération. La chirurgienne "va enlever le maximum de choses. Et (elle me dit) de ne pas la détester si mes fesses sont plates", raconte-t-elle.

    "Mais je ne vais pas la détester, je lui serai très reconnaissante".

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