L’émotion était palpable hier en l’église Sainte-Jeanne-d’Arc où était célébrée la cérémonie religieuse des funérailles de Robert Frouin. Au cimetière, les instances civiles et coutumières, au cours de brèves prises de parole, ont mis en exergue le rôle humain, social et politique de cet homme d’exception qu’a été Robert Frouin tout au long de sa vie.

« Robert Frouin, c’était le Nord. C’était l’éleveur, l’agriculteur, le mineur et c’était aussi quelqu’un qui a servi l’Etat pendant des décennies, comme maire de Koumac - on sait combien il était attaché à cette commune - comme membre de l’Assemblée territoriale, comme membre du Congrès », a souligné Thierry Lataste, haut-commissaire de la République. « Le Premier ministre avait demandé, après l’avoir décoré, s’il acceptait d’être l’un des membres du Comité des Sages, chargé d’accompagner la campagne électorale avant le référendum qui va commencer dans quelques semaines. Robert Frouin avait accepté une nouvelle fois cette mission malgré l’âge, malgré la fatigue. » Pour France Debien, Robert Frouin était un vrai compagnon de route. « C’était un homme qui était proche de tout le monde et qui n’était jamais monté au-dessus de ses souliers. Il vivait tranquille sa petite vie. Il a rendu de grands services autour de lui. Quand les gens de Poum étaient dans le besoin après un cyclone, c’était Robert Frouin qui amenait la nourriture par bateau. Il était un peu comme Jacques Lafleur à l’époque. C’était des gens de ce style-là. »

Un homme de conviction

Pour Wilfrid Weiss, maire de Koumac, Robert Frouin a vécu la Brousse. « C’était quelqu’un de profondément enraciné dans le Nord, bien qu’il soit né à Nouméa. Il a pratiquement donné sa vie à la politique communale, territoriale, et provinciale. C’était un homme de conviction, un homme qui avait aussi une vision des choses au niveau de l’avenir. C’est une perte pour la Nouvelle-Calédonie. »

Toujours dynamique

Henri Reuillard, habitant Koumac depuis plus de quarante ans et grand animateur de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine minier et historique du Nord calédonien (ASPMHNC), éprouve une grande tristesse. « C’était avant tout un ami. Robert a toujours été très attaché à la mise en valeur du site historique de Tiébaghi. Je reconnais en lui le créateur de l’ASPMHNC que j’ai moi-même développée après. » Philippe Cogulet, éleveur à Poum et conseiller provincial Nord, estime que la disparition de Robert Frouin est un grand vide dans la région. « Robert a été quelqu’un qui a aidé énormément autour de lui. Il n’était pas regardant et mettait gratuitement ses engins à la disposition des gens. Toujours très dynamique, il a beaucoup travaillé dans sa vie. Il a été le maire qui a dynamisé la commune de Koumac. Si c’est une petite ville aujourd’hui, c’est bien grâce à lui. C’est quelqu’un qui n’a jamais vieilli dans sa tête. Il était encore dynamique à plus de 80 ans. Il travaillait sur son bull, il s’occupait de son bétail... Il avait des projets comme s’il avait vingt ans. »