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    Nouvelle Calédonie
  • Marion Courtassol | Crée le 24.06.2021 à 12h30 | Mis à jour le 24.06.2021 à 12h31
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    Françoise Morin, entre son ancienne vie aux Nouvelles avec une caricature réalisée par un diffuseur, et sa vie actuelle, celle de mamie de six petits-enfants, dont elle porte fièrement les prénoms sur son t-shirt. Photo M.C.
    En avion, en bateau, en ambulance ou dans sa propre voiture : durant des décennies, Françoise Morin a veillé à ce que les informations parviennent chez tous les Calédoniens.

    Faire en sorte que le journal arrive jusqu'à ses lecteurs : c'est en résumé la mission qu'a remplie pendant plusieurs décennies Françoise Morin. Nouméa, Grand Nouméa, Brousse et Îles : il a fallu bien de l'ingéniosité et de la ténacité à la directrice de la diffusion pour réussir ce défi quotidien. " Au début des années 1980, les journaux partaient avec le courrier, ils arrivaient donc dans la soirée dans les magasins de Brousse. À la fin de ma carrière, ils étaient chez les dépositaires avant même leur ouverture." Les dépositaires, ce sont eux qui formaient le cœur du travail de Françoise : " Au fil des années, nous avons noué des liens très fort qui nous ont parfois permis de déplacer des montagnes."

    Femme de terrain

    Car, pas question pour Françoise de gérer son petit monde depuis son bureau à Nouméa. C'est sur le terrain qu'elle allait au-devant d'eux pour régler d'éventuels problèmes ou ajuster au mieux les quantités à apporter. Sans compter les heures passées à la rotative de Normandie pour organiser les tournées afin de faire partir en priorité les exemplaires destinés aux Îles et à la Brousse. "Quand ils savaient que je montais, les dépositaires me demandaient de petits services comme apporter leurs déclarations d'impôts à Nouméa. Ils me parlaient d'un sujet et je transmettais aux journalistes. D'ailleurs, alors que je suis à la retraite depuis 2017, certains continuent de m'appeler. De mon côté, je savais que je pouvais leur demander n'importe quoi."

    Au début des années 2000, elle doit mener un nouveau chantier d'importance, celui du portage à domicile. " Là, je me suis un peu mis le réseau de dépositaires à dos, se souvient-elle. Ils n'étaient pas très contents de voir que certains lecteurs qui achetaient jusqu'alors leur journal chez eux le recevaient à domicile." Françoise a donc une fois de plus pris la route pour aller à leur rencontre et calmer le jeu. Elle ne savait pas que quelques années plus tard, c'est le tournant du numérique qu'elle leur expliquerait. Une proximité que tous appréciaient. Toujours souriante, celle qui a aussi fait les beaux jours de la sélection de basket, ne s'en laissait pas pour autant conter : "Le fait d'avoir gravi tous les échelons m'a permis de bien connaître les rouages, difficile dans ces conditions de m'embrouiller."

    Cyclones, intempéries ou casse mécanique à l'atelier, tout n'a pas été de tout repos en trente ans de carrière dans un quotidien. Des livreurs ne veulent plus aller dans certains quartiers de Nouméa car ils se sont fait caillasser ? " Je prenais le relais avec ma voiture. J'attendais le petit matin pour qu'il fasse jour et c'était parti." Saint-Louis est bloqué ? " Une de mes connaissances embarquait les journaux sur son bateau à Nouméa et faisait le tour des abonnés une fois de l'autre côté." Des souvenirs épiques, Françoise en a une quantité, comme lors d'un blocage de La Tontouta : " J'avais trouvé un monsieur qui avait un petit avion. Il m'a bien expliqué que le poids emporté devait être limité. À chaque fois qu'il tournait le dos, je rajoutais quelques journaux dans l'avion. Une fois qu'il a décollé, il devait en avoir le double de ce qui était prévu. J'ai prié pour qu'il ne lui arrive rien !" Sans parler des fois où, pour passer des barrages, c'est en ambulance que les quotidiens faisaient la route.

    Une famille soudée

    Car s'il était impensable pour Françoise que les journaux n'arrivent pas, ou en retard, les dépositaires avaient la même exigence. "À l'époque où le numérique n'existait pas encore, le journal papier était sacré. S'il avait ne serait-ce que deux heures de retard, on m'appelait. S'il n'était pas livré, le téléphone sonnait toute la nuit." Quand les portables ont fait leur apparition, Françoise était joignable en permanence, même en vacances, "même en France ou en Australie". Autant dire qu'il a fallu beaucoup de patience à Gérard, son mari, et une bonne dose d'abnégation "pour s'occuper de nos enfants quand je rentrais à pas d'heure la nuit, quand je partais aux aurores ou quand j'étais en formation en Métropole". Des enfants qui ont, eux aussi, parfois donné la main. "Combien de fois ai-je dit à ma fille aînée, qui a quatorze ans de plus que le dernier, je te laisse bébé, je vais livrer et je reviens." Un petit dernier qui fait figure de privilégié par rapport aux plus grands : " Quand les deux aînés étaient petits, je faisais le tour des dépositaires pour récupérer les invendus. À la sortie de l'école, je les embarquais et ils se retrouvaient à l'arrière de la fourgonnette avec les journaux. Comme j'étais devenue directrice pour le dernier, lui, il avait droit à une confortable voiture de fonction."

    Fille de Thio

    Avec le recul, celle qui est aujourd'hui mamie de six petits-enfants, le reconnaît, " je ne sais pas comment j'ai fait tout cela." Dans ce tout cela, même si l'humilité de Françoise l'empêche de le mettre en avant, il y a aussi le fait d'avoir été la première femme à siéger au comité de direction des Nouvelles. Femme mais aussi Calédonienne, ce qui faisait la grande fierté de nombre de ses interlocuteurs : "On me disait toi la fille de Thio, tu es directrice des Nouvelles ! raconte-t-elle dans un éclat de rire. Je me hâtais de préciser que j'étais uniquement directrice de la diffusion. C'était déjà pas mal !"

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