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    Nouvelle Calédonie
  • Philippe Frédière et Yann Mainguet | Crée le 04.05.2018 à 06h32 | Mis à jour le 04.05.2018 à 07h52
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    La nuit venait de tomber quand Emmanuel Macron est arrivé à Nouméa où il a signé des autographes et cédé à la mode des selfies. Photo Julien Cinier
    Arrivé avec du retard hier à Nouméa, Emmanuel Macron a pourtant pris le temps de serrer les mains longuement et de s’offrir un bain de foule. Dans sa première intervention, il a insisté sur la place de la France dans la zone « indopacifique » et sur le référendum du 4 novembre qui devra exprimer « un choix adulte »

    Le président de la République est arrivé d’Australie hier avec une petite heure de retard. Son avion s’est posé peu avant 17 heures à l’aéroport de La Tontouta. Emmanuel Macron a été accueilli par le haut-commissaire Thierry Lataste, le général Marietti, commandant supérieur des FANC, et Harold Martin, maire de Païta, commune qui abrite l’aéroport. Puis il s’est rendu à Nouméa pour recevoir les honneurs militaires et se faire présenter les corps constitués. Malgré le retard pris, il a longuement serré chaque main, échangé quelques mots avec les invités, avant de s’offrir un petit bain de foule où il a cédé à la mode des selfies, mais également signé plusieurs autographes. Le ton de sa visite, le président l’avait donné peu avant lors d’une déclaration devant la presse à La Tontouta. Il a parlé mémoire, il a parlé présence française et stratégie indo-pacifique, il a enfin parlé de l’approche du référendum dans une Calédonie où s’est construite « une souveraineté dans la souveraineté. »

    « Moments douloureux »
    « Je suis très heureux, dans les derniers jours de la première année de mon mandat, de venir fouler le sol de cette île qui nous est chère, et dans une année importante pour la Nouvelle-Calédonie » a-t-il déclaré en intorduction. Son séjour ? « Ce sera d’abord l’occasion de consacrer des moments importants de notre histoire commune. Des moments douloureux comme l’anniversaire des trente ans d’Ouvéa, des moments dont nous pouvons être fiers comme les vingt ans de l’accord de Nouméa. Cette histoire partagée est faite d’ombre et de lumière, comme il est convenu de dire. Ce temps mémoriel est important car on ne fait rien de bon en négligeant une part de son histoire, quels qu’en soient les contours. » Emmanuel Macron a tracé les grands thèmes qui vont rythmer sa visite. Après la mémoire, la Calédonie d’aujourd’hui. «Nous allons évoquer l’Education nationale à travers un passage dans une école. Nous allons montrer la République qui réinvestit, qui décide de faire, y compris dans les quartiers les plus difficiles. » Question manifestement chère à l’esprit du président, la position de la France et sa stratégie dans la région. « Parler de la Nouvelle-Calédonie aujourd’hui, c’est aussi décliner avec les élus et les forces économiques, cette stratégie indo-pacifique que j’ai expliquée pendant deux jours en Australie. C’est cette volonté que la France réussisse dans cette région du globe où elle est forte et où elle peut être fière. La zone indo-pacifique, c’est 1,6 million de citoyens français, c’est une force militaire importante, c’est plus des trois quarts de notre espace maritime, et donc des atouts que nous devons faire rayonner sur le plan économique, de la pêche, de la recherche et de la lutte contre le réchauffement climatique. » Un sujet qu’il reprendra ce soir lors de son dîner avec les chefs d’État ou de gouvernement de la région. « Ce sera un moment important qui montrera la force de la France dans le Pacifique. »

    «Souveraineté dans la souveraineté »
      Emmanuel Macron a bien sûr évoqué l’échéance du référendum du 4 novembre. « J’aurai l’occasion d’y revenir samedi, mais je souhaite que, dans le calme, l’unité, nous puissions construire ce choix parce que le monde entier nous regarde. Parce que ce que nous avons fait à partir d’une page douloureuse de notre histoire n’a pas de précédent. C’est construire une souveraineté dans la souveraineté, c’est exprimer un choix adulte qui ne doit céder à aucun embrasement pour ne pas faire bégayer l’histoire. »


     

    Dans un « esprit d’apaisement et d’unité »

    « En cette année qui va être cruciale, et dans ces temps que nous avons à vivre, il faut que nous regardions notre passé dans toutes ses composantes », a appuyé Emmanuel Macron.

    Les images avaient de la force, hier soir, au Sénat coutumier. La première, après les chants et les danses de la troupe du Wetr, lorsque, le dos courbé mais le regard fixe, le grand chef Clément Païta a accueilli dans sa langue Djubéa le président de la République devant la case. Et la dernière, quand, avant de remonter dans sa voiture, Emmanuel Macron a serré dans ses bras Line Decoiré, la maman de William, jeune homme de Saint-Louis tué le 29 octobre 2016 par un gendarme en « état de légitime défense », selon le parquet. Entre ces deux images, des échanges, du respect. Entouré de grands chefs, Gilbert Téin, porte-parole de l’institution coutumière, a émis une crainte pendant la coutume de bonjour, à la nuit tombée. Que sa langue, c’est-à-dire sa culture et sa civilisation, « soit anéantie ». Les mots présidentiels n’ont pas tardé en retour. « La légitimité dont vous procédez est une légitimité ancestrale. Elle vient de cette terre d'avant même la Nation française et d'avant la République », a observé Emmanuel Macron, aux côtés des ministres Annick Girardin ou encore Jean-Yves Le Drian. « Je crois que notre force collective, c'est de savoir marier des légitimités que les uns et les autres ici représentent. Cette légitimité ancestrale, celle d'un peuple premier fort qui veut préserver l'identité qui est la sienne. Et une légitimité démocratique ici aussi présente dans la République ». D’ailleurs, le locataire de l’Élysée l’a reconnu, « notre histoire a pu parfois être bousculée. Elle a pu être faite de blessures ».Lors des longues minutes de discussions sous la grande case, clôturées par des applaudissements, les autorités coutumières ont lu un courrier contenant des demandes, sans détour.

     

    « Notre histoire a pu être faite de blessures »

     

    Lors des longues minutes de discussions sous la grande case, clôturées par des applaudissements, les autorités coutumières ont lu un courrier contenant des demandes, sans détour. Parmi elles, « que l’Etat français reconnaisse les crimes contre la civilisation et les nations kanak, perpétrés dans la période 1853-1946, durant la période violente de l’indigénat dont les effets négatifs perdurent pour les populations impactées et qui exigent des mesures de réparation ». Ou encore, que soit adopté, après consultation du conseil des grands chefs et du Sénat coutumier, « un plan de résorption des effets des traumatismes de la colonisation ». Sur ces doléances concernant « les crimes », Emmanuel Macron « ne s’est pas trop exprimé dessus » rapporte un coutumier ayant assisté à l’échange. A la sortie de la grande case, le chef de l’Etat a tenu à adresser un message, à l’aube du référendum. « Nous avons collectivement, de là où nous sommes, dans les mois qui viennent, pour réussir, quel que soit d'ailleurs le projet que l'on porte, le devoir de garder cette tradition et de réussir à nous projeter dans la modernité. Et partout où nous sommes, d'être dans l'esprit d'apaisement et d'unité ». Cette alliance de coutume et de futur est importante « pour notre jeunesse ». Et une invitation a été lancée. Les autorités coutumières seront sans doute dans les tribunes parisiennes pour le défilé le 14 juillet 2019.

     

    Ils sont prêts à marcher pour la France

    Au siège des Républicains Calédoniens, hier, l'heure était aux derniers préparatifs.

    Les préparatifs se sont achevés voilà quelques heures. La marche « bleu blanc rouge » organisée par les Républicains Calédoniens, le MPC et l’UPR et suivie par le Rassemblement, débutera en fin de matinée. Tous les manifestants sont invités à se rendre dès 11 h 30 près du Memorial américain, Baie-de-la-Moselle. Le cortège ira ensuite en direction du haut-commissariat et reviendra vers 13 h 15 à son point de départ. Les organisateurs souhaitent des vêtements en bleu, en blanc ou en rouge, ou avec les trois couleurs. Ils n’entendent pas protester ni même afficher un soutien au président de la République, mais bien manifester leur intention de rester Français. Plusieurs personnes adhérentes à ces formations ont fait valoir qu’une marche serait l’occasion pour tous ceux qui n’auront pas le droit de voter lors du référendum, de faire connaître leur préférence. Banderoles, drapeaux ou encore t-shirt, tout est donc prêt pour se faire entendre et se faire voir par Emmanuel Macron.

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