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    Nouvelle Calédonie
  • Par Esther Cunéo et Edmond Jarzabek | Crée le 01.10.2018 à 04h25 | Mis à jour le 01.10.2018 à 06h38
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    Interruption des approvisionnements en raison du lancement de la TGC : Leader Price avait clairement annoncé la couleur à l’entrée du magasin. Photo Cyril Terrien
    Sentiment de frustrations et d’impuissances pour beaucoup de commerçants engagés dans une course contre la montre ce week-end afin d’être prêts, aujourd’hui, pour la mise en œuvre définitive de la TGC à taux plein. Une dernière ligne droite qui s’est illustrée par la ruée des consommateurs dans les grandes surfaces et par une razzia sur certains produits, dont l’alcool et le tabac.

    « Le bazar », « l’usine à gaz », « la prise de tête ». Dernière ligne droite douloureuse pour nombre de commerces plongés, ce week-end, dans les chiffres et les coefficients, à la veille de l’application définitive de la TGC (Taxe générale à la consommation) à taux plein. « Ça fait cinq semaines qu’on est dans la recherche des dossiers, qu’on charge des mises à jours sur les taux, qu’on fait un inventaire extrêmement soigné et précis », énumère avec lassitude la patronne d’une bijouterie devant son bureau recouvert de paperasses. Le calcul du prix du bijou ? « Un casse-tête. » Car le taux de TGC sur les pièces détachées s’élève à 22 %, contre 6 % pour la main-d’œuvre. « Sans compter que les grandes marques nous imposent des forfaits, renchérit la petite dame. On sera prêts, mais on a beau retourner les chiffres dans tous les sens, on ne voit pas les prix baisser. »

    Casse-tête également pour les opticiens, dont le logiciel élaboré en Métropole doit encore faire l’objet de mises à jour. « L’informaticien doit passer lundi normalement, indique Mylène, d’Optique Bétrancourt. Aux clients qui m’ont passé des commandes, j’ai dû leur donner un prix approximatif. » Profitant de samedi et de dimanche matin pour écouler encore quelques articles, plusieurs commerces ont prévu de fermer aujourd’hui pour faire la bascule, dont le réétiquetage. Pour d’autres, c’est la course contre la montre. Comme pour Vega (société de vente de produits d’hygiène, d’entretien et d’emballages) dont les responsables ont passé le week-end à s’arracher les cheveux sur les calculs des prix de plus de 100 000 références.

    En Brousse également, le passage à la TGC fait grincer des dents. Le 11 septembre déjà, jour de l’adoption de la réglementation des prix pour la mise en place de la TGC, les commerçants avaient eux aussi marqué leur mécontentement en baissant leur rideau, faisant ainsi écho à la mobilisation du Medef devant le gouvernement. Du côté de La Foa, le nouvel arrêté fait craindre un impact sur les commerces, divisés en deux camps. Ceux qui ont fait le choix de rester ouverts jusqu’au dimanche soir pour liquider les stocks. Et ceux qui ont préféré fermer la boutique samedi midi, voire vendredi, afin de préparer l’échéance fatidique.

    Si les prix baissent, c’est bien pour les clients, mais ce n’est pas bien pour nous », grogne un gérant.

     

    Budget de Noël

    Pas question cependant pour certains de répercuter le manque à gagner sur le consommateur, à quelques semaines des fêtes. « Les gens ont déjà dans leur tête le budget de Noël », glisse la patronne d’une boutique de vêtements. Même discours pour un vendeur de cigarette électronique. « On préfère rogner un peu sur nos marges pour ne pas trop impacter nos clients. »

    Mais face à la perspective peu réjouissante de « travailler plus pour gagner moins », ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on prépare le basculement fiscal. Certains évoquent d’emblée une baisse drastique des marges, au point d’être contraint de déduire, en contrepartie, des heures de travail à leurs employés. Voire de licencier, à l’instar d’un patron de station-service à La Foa, inquiet pour ses salariés.

    Toujours dans la commune, un grand groupe commercial attendait, hier encore, le feu vert de la direction à Nouméa pour mettre en place les nouveaux prix. Le magasin est donc resté ouvert jusqu’à dimanche midi et ne devrait fermer qu’aujourd’hui pour le lancement des hostilités. L’une des responsables se montre néanmoins confiante : « Il y a un essai d’un an, on verra bien. »

    Des rayons pris d’assaut par les consommateurs

    En Brousse, comme ici à La Foa, le contraste est encore plus frappant. Photo Edmond Jarzabek

     

    Nombreux à appréhender la réforme fiscale avec scepticisme, des consommateurs ont fait le plein ce week-end en prévision de l’application définitive de la TGC à taux plein à partir d’aujourd’hui. Il n’était donc pas rare de voir, à la sortie des grandes surfaces, des Caddies débordants de vivre, dont certains, chargés en boissons alcoolisées. « J’ai vu que ça allait augmenter un peu et, comme ça coûte déjà cher, j’anticipe pour gagner quelques pièces », confie Marco, à la sortie de Leader Price. Même constat pour les cigarettes, dont la hausse attendue de 20 à 21 %, a conduit certains fumeurs, comme Alice, à faire un « dernier plein ». « Après ça, je vais devoir arrêter de fumer », sourit la jeune femme, haussant des épaules.

    Vers une Pénurie de yaourts

    Jour J-1 : difficile de ne pas relever certains étals dévalisés, comme ici au rayon frais. Photo E.C.

    Alors que grandes surfaces et fournisseurs suspendent les approvisionnements pour liquider leur stock avant la date fatidique, la ruée des consommateurs a contribué à vider un peu plus les étals, par endroits littéralement nettoyés, comme aux rayons des yaourts et des desserts lactés. Pas étonnant pour la présidente du Syndicat des importateurs.

     

    La méthode de remboursementn’est pas simple, et beaucoup d’importateurs ont reçu leur coefficient de marge tardivement. 

    « Pour limiter leur stock et lisser l’impact sur leur trésorerie, les magasins ne passent plus de commandes, et les importateurs ne livrent plus », indique Sylvie Jouault. En effet, si les commerçants ont intégré la TGC dans le calcul des nouveaux prix, ils ne pourront pas déduire les sept anciennes taxes, dont quatre douanières (Taxe de base à l’importation, Taxe générale à l’importation, Taxe de péage et Taxe sur le fret aérien) qu’ils ont pourtant déjà payées, et pour lesquelles un remboursement est prévu d’ici quatre à cinq mois (*). « La méthode n’est pas simple et beaucoup d’importateurs ont reçu leur coefficient de marge tardivement », commente la présidente du syndicat. « Nous sommes encore dans les calculs des prix, confiait samedi un responsable d’une grande surface, le regard pensif devant les rayons vides. Nos fournisseurs sont dans le même cas que nous, ils n’ont pas pu anticiper et ne nous livrent plus pour avoir leur propre stock à zéro avant le désarmement des taxes. »

    * L’Agence pour le remboursement des taxes à l’importation de la Nouvelle-Calédonie (Arti-NC) a pour mission de rembourser aux entreprises concernées les taxes à l’importation payées sur des marchandises stockées lors de la mise en œuvre de la TGC à taux plein.

     

    4,8 milliards

    C’est le montant des recettes constituées avec la marche à taux réduits de la TGC qui a commencé en avril 2017.

     

    Remboursements

    L’Arti-NC a pour mission de rembourser les taxes à l’importation payées sur des marchandises en stock avant le 1er octobre.

    « On a beau retourner les chiffres dans tous les sens, on ne voit pas les prix baisser. »

    La patronne d’une bijouterie

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