- Anne-Claire Pophillat | Crée le 03.10.2025 à 12h07 | Mis à jour le 30.10.2025 à 16h17ImprimerLe Vanuatu offre des opportunités aux entrepreneurs calédoniens. Photo Archives LNC / Thierry PeronAlors que la crise s’est installée en Nouvelle-Calédonie, les entreprises regardent chez les voisins du Pacifique et y étudient les possibilités de développement à l’export. Une délégation économique du Vanuatu, en déplacement sur le territoire, a animé une matinée d’information ce jeudi 2 octobre à l’auditorium de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), afin de présenter les opportunités sur l’archipel.
Renforcer les liens et les échanges économiques entre la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu, deux pays mélanésiens francophones voisins. C’est l’objet de la présence d’une délégation de l’archipel cette semaine sur le territoire, qui a évoqué devant des entrepreneurs calédoniens les possibles opportunités que représente le Vanuatu. "Ce n’est pas normal qu’à l’heure actuelle, il n’y ait pas plus d’échanges économiques", introduit Jean-Marie Duffau, conseiller à la CCI du Vanuatu et directeur d’une chaîne de supermarchés, qui rappelle que des groupes comme Ballande, Pentecost, Vega, Bluescope, Leroux ou encore Caillard & Kaddour y sont installés. "Je ne vois pas de raison qu’il n’y en ait pas d’autres." La visite des représentants vanuatais vise donc à favoriser le "travail en commun et à rapprocher les deux pays".
Une porte d'entrée sur la région
D’autant que l’archipel constitue un marché potentiellement prometteur pour les sociétés calédoniennes, qui peuvent apporter "de l’expérience, de l’expertise, un savoir-faire". Pour les attirer, les membres de la délégation, représentant différentes administrations du Vanuatu, ont expliqué les démarches à suivre pour constituer une entreprise et l’enregistrer, ainsi que les atouts de la législation locale – il n’y a, par exemple, pas d’impôt sur les bénéfices -, ou encore les filières demandeuses : l’industrie manufacturière, l’agriculture, le tourisme - qui représente 40 % du PIB -, transformation de produits, les énergies renouvelables…

Jean-Marie Duffau, conseiller entreprises à la CCI du Vanuatu et directeur d’une chaîne de supermarchés. Photo A.-C.P.Autre avantage, le Vanuatu est au cœur de la Mélanésie. "Il y a des sociétés calédoniennes qui se sont installées au Vanuatu et qui maintenant s'implantent aux Salomon. Ça peut être une porte d’entrée sur le reste de la région, comme Fidji", même si Jean-Marie Duffau précise que "s’installer n’est jamais facile. Il y a un peu la barrière de la langue, des connaissances locales, des freins concernant la connectivité, par exemple". Deux liaisons aériennes hebdomadaires relient aujourd’hui l’archipel voisin. Mais, une nouveauté est attendue concernant la desserte maritime. La CMI, Compagnie maritime des îles, doit affréter, à partir de janvier 2026, un bateau de fret pour une rotation mensuelle, dans un premier temps.
"Montrer que la France est présente"
Autre enjeu, poursuit le conseiller de la CCI vanuataise, la géopolitique. La France est le troisième pays à investir avec la Nouvelle-Zélande, après la Chine et l’Australie. Jean-Marie Duffau souhaiterait voir cette place se renforcer. "Les Australiens investissent énormément, la Chine on le sait. Il y a aussi le Japon, la Nouvelle-Zélande… L’idée majeure cette semaine, c’est également de relancer les relations pour ne pas se laisser manger par les autres pays et montrer que la France est présente. C’est tout à fait dans l’axe Indo-Pacifique voulu par le président Macron. Mais maintenant, il faudrait un peu plus d’aide." Après la rencontre, à Paris, entre le Premier ministre vanuatais, Jotham Napat, et le président de la République, "on espère que ça va avancer". De quoi faciliter aussi l'insertion de la Nouvelle-Calédonie dans son environnement régional.

Des dizaines de personnes ont assisté à la réunion d’information sur le Vanuatu ce jeudi 2 octobre à l’auditorium de la CCI. Photo A.-C.P.Les acteurs calédoniens semblent intéressés. En mars, une délégation de dix entrepreneurs spécialisés dans le bâtiment, encadrée par Team France Export Nouvelle-Calédonie, opéré par la CCI, s'est rendue au Vanuatu, en vue de participer à la reconstruction de l’archipel, touché par un violent séisme en décembre 2024, et de répondre aux différents besoins que ce soit en termes d’assainissement et de traitement des eaux, de gestion des déchets, etc. Visiblement, le déplacement a porté ses fruits. Depuis, des membres de cette délégation ont décidé de se lancer, comme les piscines Desjoyaux et la GFC, spécialisée dans le confortement de talus (lire par ailleurs). Des signatures de chantiers sont en cours.
Les contacts devraient se renforcer. La création d’une French Week à Port-Vila a été annoncée pour 2026 au moment du 14-Juillet. Et les deux pays envisagent de consolider leur coopération "notamment dans le domaine économique et commercial", a indiqué Serge Alain Mahe, consul du Vanuatu en Nouvelle-Calédonie. "Un accord en projet doit être renégocié en fin d’année."
Cédric Gobin : "Il y a un potentiel d'activité dans mon secteur"

Cédric Gobin, gérant de GFC, se développe au Vanuatu."Ma société, GFC, créée en 2008, fait du confortement de talus, fondation, risques naturels. La CCI a pris contact avec moi en mars, après le séisme. Avant cela, je n’avais jamais vraiment pensé à m’installer au Vanuatu. Et en allant là-bas, je me suis rendu compte qu’il y avait potentiellement de l’activité dans mon secteur. Alors, de par la connaissance technique et le matériel qu’on a aujourd’hui en trop ici, je me dis que ça peut être une solution de s’exporter là-bas et de répondre aux besoins que le gouvernement peut avoir, sans qu’il ait à passer par de grosses entreprises internationales, notamment australiennes, qui viennent avec des montants de marché importants. C’est aussi un intérêt pour le Vanuatu d’avoir des marchés plus abordables, puisqu’on peut répondre avec des prix concurrentiels.
On a des touches
Depuis, j’y suis retourné en juin pour rencontrer les entreprises. Nous sommes aussi en relation avec un cabinet local qui nous aide pour les démarches administratives. On vient d’avoir l’autorisation de la licence, et là il me faut un visa de travail. On n’a pas encore signé de contrats, mais on a des touches. Il y a des marchés potentiels avec le gouvernement, mais ils attendent que le matériel soit sur place pour pouvoir être sûrs que la société est bien là, viable. Il s’agit de petits marchés d’un mois ou deux, jusqu’à 15, 20 millions de francs de travaux. Le Vanuatu, c’est une possibilité de se développer, d’apporter quelque chose de nouveau, et d’aider au développement du pays. L’idée est de former localement et de favoriser l’emploi local."
Denis Etournaud : "Il faut s’intégrer dans la région"

Denis Etournaud, administrateur de BlueScope Acier et Bluescope Lysaght Vanuatu, également coprésident du cluster NCT & I, New Caledonia Trade & Invest."BlueScope est installé au Vanuatu depuis 1976. On a fait des lotissements et d’autres choses. On a fait pareil à Fidji, on a des partenaires à Tahiti, on a WallisSteel à Wallis, donc moi j’ai eu une approche régionale dès que je me suis implanté en Nouvelle-Calédonie. Au départ, on a monté une toute petite structure, et là on est à notre troisième usine, très moderne, avec les dernières technologies, on a une stratégie export, donc c’est une belle réussite.
Les entreprises doivent rendre au pays
On est invité dans un pays, on doit s’intégrer, faire que de l’emploi local, avoir des partenaires locaux et une stratégie à long terme. Les clés de la réussite, c’est de l’intégrité, une bonne intégration, le respect des us et coutumes, comprendre, former les gens, s’investir… Les entreprises, quand elles veulent réussir et qu’elles réussissent, elles doivent rendre au pays. Ici c’est le Pacifique, c’est tout petit, ce sont des petits marchés avec des cultures différentes, polynésiennes, mélanésiennes, anglo-saxonnes, etc., il faut anticiper, s’adapter, s'il y a un cyclone, un tremblement de terre. Je me suis toujours dit qu’il ne fallait pas que je sois dépendant d’un pays avec une mono industrie, le nickel, avec des cycles et qu’il fallait s’intégrer dans la région. Mais, les politiques, le gouvernement français, tous les décideurs, même les patrons n’étaient pas sensibles à ce discours au départ. C’est en train de changer avec la nouvelle génération de patrons. Ce qui me paraît le plus important, c’est que nos politiques, que l’État français, que nos entreprises sachent qu’il faut s’intégrer dans la région, ça fait 45 ans que je le dis, on doit être la plateforme de l’Europe dans le Pacifique."
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