- Baptiste Gouret | Crée le 14.03.2025 à 16h16 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h19ImprimerAlcide Ponga, président du gouvernement, a défendu les orientations budgétaires du gouvernement devant les conseillers du Congrès, réunis ce vendredi 14 mars dans l’hémicycle du boulevard Vauban. Photo Baptiste GouretPour équilibrer son budget 2025, la Nouvelle-Calédonie pourra compter sur un prêt 120 milliards de l’AFD garanti par l’État. Mais sa mise en œuvre demeure imprécise, ont déploré les membres du Congrès lors du débat d’orientations budgétaires, ce vendredi 14 mars. Ils ont rédigé un courrier commun demandant à Bercy de clarifier sa répartition et les conditions qui l’accompagneront.
C’est la planche de salut d’une Nouvelle-Calédonie "au bord du gouffre", confrontée à "une situation économique pire que catastrophique", selon les mots du président du gouvernement Alcide Ponga. Voté dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le prêt garanti par l’État de 120 milliards de francs accordé par l’Agence française de développement (AFP) à la Nouvelle-Calédonie représente désormais le seul moyen pour le pays d’élaborer un budget à l’équilibre.
Si une partie de cette somme (46 milliards) servira à rembourser les avances accordées par l’État, le reliquat "permettra de maintenir les dotations des collectivités de la Nouvelle-Calédonie à un niveau acceptable, de compenser les déficits structurels annuels de nos principaux services publics et, enfin, d’accompagner les collectivités dans la mise en œuvre des réformes permettant de mieux maîtriser nos dépenses et de redresser les déficits publics", détaille le gouvernement. Mais sous quelles conditions ? Bercy a en effet pris l’habitude d’imposer des projets de réforme au pays en contrepartie de son soutien financier. Et comment ce montant sera-t-il ventilé ? Son versement va-t-il s’étendre sur plusieurs années ?
"Mise en œuvre contre-productive"
Autant de questions restées pour l’instant sans réponse. Ce qui représente, à deux semaines du vote du budget de la Nouvelle-Calédonie, un véritable problème, selon les membres du Congrès. Réunis ce vendredi 14 mars boulevard Vauban pour débattre des orientations budgétaires défendues par l’exécutif, les chefs de groupes ont pris quelques minutes, en début de séance, pour rédiger un courrier commun adressé à l’État pour exiger de Bercy des précisions autour de ce prêt. "Il faut comprendre que, quelle que soit notre stratégie, si nous ne réglons pas cette question sur le fléchage de l’aide de l’État, nous ne parviendrons pas à éviter le chaos et l’effondrement", a averti Philippe Michel, président du groupe Calédonie ensemble. "Sans ce prêt garanti, il n’y a pas de budget", a abondé Yoann Lecourieux, conseiller hors groupe, soulignant qu’il serait "judicieux que la Nouvelle-Calédonie soit informée des conditions dans lesquelles il sera accordé, si possible avant le vote du budget" prévu le 28 mars.
Si cette opacité inquiète tant les élus, c’est notamment parce que le soutien financier de l’État s’est régulièrement accompagné, ces derniers mois, d’une "mise en œuvre contre-productive des décisions prises par la France", a alerté Sonia Backès, du groupe Les Loyalistes. Autrement dit : les services de Bercy ont tendance à ajouter des conditions drastiques aux promesses de l’Hexagone, déplore la présidente de la province Sud. Ce fut déjà le cas avec la décision modificative n°6 voté en décembre, pour permettre à la Nouvelle-Calédonie d’obtenir une enveloppe de 27,4 milliards de francs, conditionnée à l’adoption d’une série de réformes impopulaires (TGC et CCS). C’est encore le cas aujourd’hui, notamment sur le sujet de la reconstruction des bâtiments publics que l’État a accepté de prendre en charge.
"L’année de tous les dangers"
"On nous parle d’appliquer des coefficients de vétusté qui empêcheront la reconstruction de se faire, car certaines collectivités n’ont tout simplement pas les moyens de payer le différentiel", a dénoncé Sonia Backès. Même reproche concernant les intérêts du prêt de 120 milliards, fixés à 5 %, un chiffre "totalement hallucinant". "On n’arrive pas à sortir la tête de l’eau et certains administratifs de l’État continuent de la maintenir sous l’eau", a continué de critiquer la présidente de la province Sud. "Je ne comprends pas comment Bercy peut contredire des décisions politiques annoncées par Valls", s’est étonné pour sa part Mathias Waneux, président de la province des Îles et membre de l’UC-FLNKS et Nationalistes, s’interrogeant sur la capacité du gouvernement calédonien à négocier dans de telles conditions.
Le gouvernement a toutefois pu éclairer les membres du Congrès sur certains points. Le versement du prêt "se fera en deux tranches", a dévoilé Thierry Santa, en charge du budget et des finances. La première sera versée "rapidement" et "sans condition". Elle doit permettre de rembourser les 46 milliards dus à l’État et de financer les dispositifs de chômage ainsi que les comptes sociaux jusqu’en juin. Le temps "de discuter des modalités de mobilisation de la deuxième tranche", explique Thierry Santa. Pour de nombreux élus, la majeure partie du prêt devra être mobilisée en 2025, année où la chute des recettes fiscales liée aux émeutes va se faire le plus ressentir. "C’est l’année de tous les dangers", a averti Philippe Michel, qui milite pour que le prêt soit "concentré au maximum sur 2025".
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