- Baptiste Gouret | Crée le 09.12.2025 à 18h08 | Mis à jour le 09.12.2025 à 18h17ImprimerLes émeutes de mai 2024 continuent d’affecter l’économie calédonienne et les finances publiques des collectivités, révèle la CTC dans un rapport publié ce mardi 9 décembre. Photo Archives LNC/Anthony TejeroConfrontées à la crise du secteur du nickel et aux conséquences économiques des émeutes, les collectivités calédoniennes ont connu une importante dégradation de leur situation financière entre 2023 et 2024, révèle la Chambre territoriale des comptes dans un rapport publié ce mardi 9 décembre. Le soutien de l’État n’a pas permis de compenser l’importante baisse des recettes fiscales et sociales dont elles sont victimes. Explications.
En pleine période d’élaboration des budgets 2026, le document vient confirmer ce que les collectivités calédoniennes observent depuis plus d’un an : les finances publiques de la Nouvelle-Calédonie sont exsangues. Dans un rapport rendu public ce mardi 9 décembre, la Chambre territoriale des comptes (CTC) passe au crible la situation financière du secteur public local, et fait état d’une "dégradation significative". Les raisons sont connues : les émeutes de mai 2024, additionnées à la crise du secteur du nickel, ont entraîné une chute de 15 % du PIB calédonien, et continuent de produire des conséquences sur l’économie du territoire. Les collectivités en sont les premières victimes.
Des investissements publics divisés par deux
Le "soutien massif" de l’État (197,6 milliards en 2024, soit 28 % du PIB) n’a pas suffi à sortir les institutions de l’ornière.

Poids du transfert financier de l'Etat dans le PIB de la Nouvelle-Calédonie. Infographie CTCCela se traduit par une nette diminution de la dépense publique, qui atteint 218,4 milliards de francs, en baisse "de 10 % entre 2023 et 2024", indique la CTC. Une diminution qui n’est pas liée à la baisse des charges de fonctionnement (elles progressent au contraire de 6,4 %), précise la Chambre, mais bien à une chute de 48 % des dépenses réelles d’investissement en un an. Elles atteignent ainsi 38 milliards de francs toutes collectivités confondues, "un niveau historiquement bas", ce qui se répercute sur l’ensemble du tissu économique du territoire.
La CTC alerte également d’un risque "d’effet de ciseaux" auquel s’exposent les institutions calédoniennes, c’est-à-dire des charges de fonctionnement qui pourraient bientôt dépasser les recettes, plombées par une baisse de 17 % des produits de la fiscalité et par un affaiblissement des dotations. La Nouvelle-Calédonie est particulièrement concernée, ses charges réelles de fonctionnement ayant augmenté de 45 % en 2024, alors que ses recettes ont fortement diminué.

La Chambre alerte du risque d'un effet de ciseaux. Infographie CTCPour faire face à la crise, la Nouvelle-Calédonie a également eu recours à l’emprunt, avec pour conséquence une augmentation de 23 milliards de la dette totale des collectivités, qui atteint désormais 197 milliards de francs, soit 21,5 % du PIB.
Des prélèvements obligatoires en baisse, mais une pression fiscale plus forte
Entre 2023 et 2024, les recettes fiscales nettes de la Nouvelle-Calédonie, de la Cafat et des communes "diminuent de 14,2 %" pour atteindre 184,9 milliards de francs. Les cotisations sociales (Cafat et Caisse locale des retraites) perdent quant à elles 8,6 % en un an. Malgré ces baisses, la pression fiscale et sociale en Nouvelle-Calédonie s’est accrue. En cause : la chute du PIB (- 15 %) a été plus importante que celle de la fiscalité. Par conséquent, le taux de prélèvements obligatoires s’élevait à 32,9 % en 2024.
Concernant le budget de répartition et de reversement, les sommes octroyées aux provinces, aux communes et aux établissements publics diminuent "de 19 % entre 2023 et 2024", et s’établissent à 135,5 milliards de francs. La Nouvelle-Calédonie perd 31 % du budget de reversement, obtenant seulement 23,7 milliards de francs.
Quant à la situation des comptes sanitaires et sociaux, celle-ci "se dégrade encore un peu plus en 2024", souligne la CTC. "Tous les régimes sociaux gérés par la Cafat sont déficitaires en 2024, à l’exception du régime des prestations familiales", indique la Chambre, appelant à "de nouvelles réformes".

Infographie CTCDes budgets 2024 modifiés en cours d’exercice
"L’exécution budgétaire de la Nouvelle-Calédonie et des provinces a été significativement modifiée au cours de l’exercice 2024", signale la CTC. La Nouvelle-Calédonie a notamment dû verser des subventions supplémentaires pour éviter un effondrement à divers organismes, entraînant une augmentation de 126 % des dépenses de fonctionnement de la collectivité par rapport à ce qui avait été prévu au budget primitif.
La crise insurrectionnelle survenue il y a un an et demi continue d’affecter la situation économique des institutions calédoniennes. Ainsi, au 31 août 2025, "les dépenses réelles d’investissement de l’ensemble des collectivités sont en deçà du niveau atteint en moyenne en 2022 et 2023 pour la même période (- 33 %)". Les produits de la fiscalité n’atteignent également que 62 % du montant perçu à cette même date en 2022 et 2023. Cette diminution est toutefois largement compensée par l’État, dont les dotations ont été multipliées "par 1,62".
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