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    Nouvelle Calédonie
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 17.10.2025 à 18h00 | Mis à jour le 31.10.2025 à 16h46
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    L’association Hô-üt, très active à Touho, fait partie des 22 structures lauréates du fonds de soutien mis en place par le gouvernement. Photo association Hô-üt
    Reforestation, conservation d’îlots, protection des mangroves, lutte contre les espèces envahissantes… Le Fonds de soutien aux associations œuvrant pour la biodiversité, instauré par le gouvernement en avril finance pour l’instant 26 projets de préservation des écosystèmes. Il reste encore près de 50 millions à attribuer d’ici 2026. Des acteurs associatifs pointent cependant l’absence de visibilité et de financement pérenne de leurs structures.

    C’est en avril que le gouvernement a instauré un fonds de soutien aux associations œuvrant dans l’environnement, dont la gestion a été confiée à l’Agence néo-calédonienne de la biodiversité (ANCB). Doté de 200 millions de francs, ce dispositif vise à "sauvegarder" ces structures, largement affectées par les émeutes de mai 2024, et à "les accompagner dans la conservation de leurs emplois menacés et le maintien de leurs activités pour la préservation des écosystèmes", souligne Jérémie Katidjo-Monnier, membre de l’exécutif en charge du développement durable et de la biodiversité. Deux études rendues publiques en juillet dressaient en effet un constat bien amer sur l’état du tissu associatif après les événements : financements au plus bas, perte de bénévoles et de salariés, manque de reconnaissance et surcharge de travail.

    L’ANCB a donc été largement sollicitée. Sur les 44 projets déposés afin de bénéficier du fonds de soutien, 26, portés par 22 associations, ont été sélectionnés par un jury entre avril et août, pour un montant de 154 millions de francs. Il reste donc encore 46 millions à pourvoir. Une priorité a été donnée aux initiatives qui favorisent l’emploi. "24 postes sont ainsi sauvegardés ou créés grâce à ces financements." Surtout, note Jérémie Katidjo-Monnier, cet outil a provoqué "un effet de levier", permettant de mobiliser plus de 150 millions de francs de financements complémentaires.

    Absence de moyens

    L’aide a été saluée par l’ensemble des lauréats présents ce vendredi 17 octobre à la FOL lors d’une conférence de presse sur le sujet. Thibaut Bizien, membre du Collectif des associations (CDA) et chargé de mission chez Caledoclean, rappelle la situation difficile que traversent encore ces structures – "des emplois sont menacés voire perdus" -, regrettant "l’absence de moyens". Dans ce contexte, "toute mesure permettant de maintenir une continuité dans l’emploi pour les associations qui sont engagées depuis des années est bénéfique, d’autant plus qu’elles sont rares".

    Néanmoins, certains représentants ont partagé leurs craintes pour la suite. Les perspectives sont particulièrement moroses pour les acteurs associatifs, témoigne Fabien Albouy, directeur de l’OEIL, Observatoire de l’environnement de Nouvelle-Calédonie. "Quelles sont les prévisions pour les années à venir ? On sait que ça va être compliqué. Je suis inquiet, il faut travailler sur la pérennisation de nos structures." Car si financer des projets, "c’est bien", ajoute-t-il, la question de la préservation des actions au quotidien, comme pour l’OEIL le suivi des incendies, lui semble essentielle. Martine Cornaille (Ensemble pour la planète) a une solution : créer un fonds pour les initiatives citoyennes, qui serait en partie financé par un prélèvement de 1 % sur les indemnités des élus. Cette préoccupation a été entendue par Jérémie Katidjo-Monnier, qui a reconnu que les "financements étaient insuffisants". Le membre du gouvernement, également confronté à l’absence de visibilité, s’est déclaré "aussi inquiet que vous".

    Un foisonnement de projets


    Les lauréats du fonds de soutien aux associations œuvrant pour la biodiversité avec, au centre, Jérémie Katijo-Monnier, membre du gouvernement en charge du secteur.

    Thibaut Bizien, chargé de mission à Caledoclean : "Planter et maintenir les sols sur le site du pont des Japonais"

    "L’association va intervenir du côté du pont des Japonais, où se trouve une ancienne mine orpheline. L’endroit a également été très largement incendié. Le travail est double. On avait planté 15 000 arbres sur différentes parcelles, on en a 20 000 de plus qui devraient être plantés pour pouvoir assurer une continuité forestière avec une ceinture verte. Et pour aider au maintien des sols en dehors des plantations et à la reprise de la biodiversité, l’idée est de réaliser plusieurs centaines de mètres linéaires de fascines, qui vont permettre de couvrir les zones déjà érodées, qui malheureusement libèrent des centaines de mètres cubes de terre dans la rivière et polluent à la fois l’exutoire et le cours d’eau en dessous."

    Philippe Bruot, vice-président de Semences paysannes : "Produire des graines bio adaptées au climat local"

    "Notre objectif est de produire des graines bio reproductibles et adaptées au climat de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi de mettre à disposition nos connaissances et nos expériences auprès des professionnels et du grand public. Une équipe d’agriculteurs travaillent à reproduire les semences et à les adapter. Ils sont épaulés par l’association dans le cadre du suivi de leurs parcelles, mais aussi par Repair (Réseau professionnel pour une agriculture innovante et responsable), dont les techniciens sont de très bons conseils pour identifier et gérer les maladies d’une façon naturelle. Le projet favorise le développement d’une agriculture fondée sur la biodiversité et donc moins dépendante des intrants et des importations de produits divers, pour une transition agricole durable et résiliente. Cela pose les bases d’une filière locale capable de produire des semences de qualité."

    Nathanaël Ambroise, coordinateur de Gardien des îles : "Réduire la vulnérabilité de sept îlots de Païta"

    "Nous travaillons sur le projet Connect’îles, qui vise à réduire la vulnérabilité de sept îlots de Païta, dont Ronde, Ange et Pandanus, les plus fréquentés, face aux effets du changement climatique et aux pressions humaines, tout ça en conciliant les usages de ces sites et en préservant la biodiversité. Cela passe par des actions concrètes, comme la lutte contre les espèces envahissantes, la sensibilisation et la formation des usagers, ainsi que des solutions fondées sur la nature et des savoirs locaux comme la restauration des formations végétales sur les îlots pour lutter contre l’érosion."

    Claire Garrigue, responsable scientifique d’Opération cétacés : "Développer une plateforme pour recenser les informations sur les baleines à bosse"

    "Notre association existe depuis plus de trente ans, et on n’a jamais eu les moyens d’avoir un salarié. Grâce à ce projet, on va pouvoir en avoir un, au moins en partie. Cela va nous permettre de participer à la conservation des baleines à bosse. On a également un objectif de sensibilisation des usagers à la protection de la mer et des animaux, à travers une campagne et une création de plaquettes pédagogiques, ainsi qu’un objectif de sciences participatives, grâce à une plateforme pour recenser les informations sur les baleines à bosse."

    22 associations lauréates

    Les 22 associations lauréates du fonds de soutien sont : Caledoclean, Opération cétacés, Gardien des îles, Endemia, Bird conservation NC, le Centre d’initiation à l’environnement (CIE), Red ground, l’Observatoire de l’environnement (OEIL), Dumbéa rivière vivante, Bio Caledonia, Ensemble pour la planète (EPLP), Hô-üt, Animal action, Zone côtière ouest (ZCO), l’Observatoire des pêches côtières, Hortivena, Repair, Pala Dalik, Semences paysannes, SOS Mangroves, Lytofishing et la Société calédonienne d’ornithologie (SCO).

    Les 26 projets portés par ces structures ont été classés en quatre thématiques : surveillance et acquisition de données environnementales (73 millions) ; restauration d’écosystèmes et lutte contre les espèces exotiques envahissantes (37 millions) ; sensibilisation et mobilisation de la population (24 millions) et biodiversité dans les espaces agricoles (20 millions).

    Note

    Le dépôt des candidatures est ouvert jusqu’au 26 octobre. Les dossiers doivent être envoyés par mail à : contact.fondsbiodiv@ancb.nc. Tous les détails sur le site Internet de l’Agence néo-calédonienne de la biodiversité (ANCB).

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