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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 30.04.2024 à 16h27 | Mis à jour le 30.04.2024 à 16h27
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    Célestine et Mansen, habitants de Magenta, aiment marcher dans la mangrove de Sainte-Marie, "un endroit calme et apaisant en plein dans la ville". Photo Anthony Tejero
    Globalement préservées à l’échelle du pays, les mangroves ont en revanche été largement détruites dans le Grand Nouméa au profit de l’urbanisation, qui fait encore peser de nombreuses menaces sur les derniers vestiges de ce milieu. C’est pourquoi la province Sud, les communes de l’agglomération et l’université de Nouvelle-Calédonie ont scellé, ce mardi 30 avril, un partenariat pour tenter de sauver et restaurer "ensemble" cet écosystème qui rend bien des services à l’Homme.

    Comment est né ce "plan d’action mangrove 2030" ?

    À l’échelle mondiale, la plus grande menace qui pèse désormais sur la mangrove vient de l’urbanisation. Et la Nouvelle-Calédonie n’échappe pas à cette règle, dans le Grand Nouméa du moins, où les constructions et les activités humaines fleurissent un peu partout sur le littoral. Sauf qu’en vingt ans, le regard sur cet écosystème, auparavant dénigré, considéré comme insalubre et très souvent remblayé, a considérablement évolué.

    C’est pourquoi la province Sud planche depuis l’an passé sur une feuille de route intitulée "mangrove 2030". Ce plan d’action vise à améliorer l’état de santé et préserver, si ce n’est augmenter les superficies des dernières mangroves de l’agglomération.

    En quoi consiste ce programme ?

    Cet écosystème étant à la frontière entre les compétences provinciales et municipales, le plan d’action mangrove (Pam) réunit désormais, par une convention, la Maison bleue, les communes du Grand Nouméa (Nouméa, Dumbéa, Mont-Dore et Païta) ainsi que l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC), afin de partager leur expérience, leurs problématiques et leur projet de revitalisation de ces écosystèmes. Le tout en bénéficiant de l’expertise et d’un suivi scientifique et universitaire qui permettra d’établir les chantiers prioritaires à mettre en place pour sauver ces mangroves urbaines.


    Le vice-président de l’université de Nouvelle-Calédonie, Cyril Marchand (à droite) sera responsable du comité de suivi du plan d’action mangrove, signé ce matin entre la province Sud et les quatre communes du Grand Nouméa. Photo Anthony Tejero

    "L’action de la province est bien plus efficace lorsqu’elle travaille avec les communes, les associations et les scientifiques. Ça fait longtemps que le monde environnemental a compris l’intérêt de cet écosystème, mais c’était important de l’officialiser, glisse Philippe Blaise, premier vice-président à la Maison bleue. La signature de cette charte apporte une caution morale pour dire que c’est un vrai sujet et que nous soutiendrons tous ceux qui travaillent pour préserver la mangrove et la mettre en valeur. C’est un combat d’intérêt général et donc on doit y aller tous ensemble."

    Dans quel état se trouvent les mangroves du Caillou ?

    La Nouvelle-Calédonie compte près de 35 000 hectares de mangrove et, globalement, ce milieu n’est pas en péril. "La mangrove calédonienne est plutôt dans un très bon état par rapport aux autres pays du monde. Cela s’explique par notre faible densité de population qui fait que ces écosystèmes sont donc globalement préservés", assure Cyril Marchand, professeur et vice-président de l’UNC.

    Les principales menaces concernent aujourd’hui les palétuviers situés au pied de mines orphelines, mais surtout ceux situés en milieu urbain soumis à bien des pressions : pollution, défaut d’assainissement des eaux pluviales et urbaines, présence de déchets ménagers, défrichement… Et ce, en dépit de nombreuses opérations de nettoyage et de réhabilitation menée notamment par les associations.


    Pour Emmanuel Coutures, chargé de projets à la DDDT (Direction du développement durable des territoires), "plus on fédérera d’acteurs autour des mangroves, plus on parviendra à obtenir des fonds de la part des bailleurs" pour réhabiliter ces écosystèmes. Photo Anthony Tejero

    Comment concilier villes et palétuviers ?

    Actuellement dans l’agglomération, il ne reste que très peu d’espaces non anthropisés pour replanter en masse de la mangrove. Seules quelques poches résiduelles peuvent donc être réhabilitées et densifiées. Pour autant, les collectivités peuvent encore freiner les effets de la bétonisation des côtes en adaptant leurs politiques publiques et en particulier leur plan d’urbanisme directeur (PUD), notamment dans le cadre de ce plan d’action mangrove. "Aujourd’hui alors que ces écosystèmes sont menacés par la croissance démographique, ils reculent partout à cause de la montée des océans. Or dans ces zones urbaines, les mangroves n’ont plus de place. Il faudrait donc dès à présent anticiper ce phénomène dans nos PUD là où c’est encore possible", avance Cyril Marchand.

    Pourquoi cet écosystème permet-il de lutter contre l’érosion ?

    Les palétuviers rendent bien des services, en particulier pour lutter contre l’érosion du littoral. La raison ? Leur système racinaire, très développé, retient les sédiments, ce qui permet en cas de houle, de fortes vagues ou de cyclone de freiner considérablement les effets destructeurs de ces phénomènes.

    "Lors du grand tsunami de 2004, en Asie du sud-est, les villages situés derrière de la mangrove ont été protégés alors que là où il y avait des plages, les vagues se sont engouffrées. Ce milieu est donc une réelle barrière de protection qui permet également d’atténuer les effets de la montée des océans", explique Cyril Marchand.


    Depuis son ouverture, la passerelle et la promenade au sein de la mangrove du parc urbain de Sainte-Marie, à Nouméa, attire de nombreux promeneurs. Photo Anthony Tejero

    En quoi la mangrove atténue-t-elle les effets du réchauffement climatique ?

    Cet écosystème est également réputé pour considérablement piéger le CO2, et donc les gaz à effet de serre émis par les activités humaines. "Dans les sols de mangrove, les stocks de carbone sont dix à cent fois supérieurs à ceux d’une forêt classique car c’est un sol gorgé d’eau où la décomposition de la litière y est très lente. Ce carbone peut ainsi être stocké pendant plusieurs milliers d’années, ce qui est un gros avantage dans la lutte contre le changement climatique puisque cela limite les quantités de carbone présentes dans l’atmosphère", poursuit Cyril Marchand.

    Par ailleurs, ce milieu permet également de filtrer et donc de piéger dans le sol d’importantes quantités de contaminants et de polluants, dont les métaux lourds.

    En quoi les palétuviers constituent-ils un maillon essentiel de la chaîne alimentaire ?

    Les Calédoniens le savent déjà : ces écosystèmes sont de véritables garde-mangers pour les pêcheurs. Ce que l’on sait moins, c’est que la mangrove joue un rôle primordial dans les équilibres de la biodiversité marine et terrestre. Et ce pour une raison simple : lorsque les feuilles tombent et se décomposent, ce phénomène génère des sels nutritifs utiles au développement de microalgues que l’on appelle le phytoplancton, ce qui est à la base de la chaîne alimentaire et donc de la biodiversité le long des littoraux tropicaux.

    Sans oublier que ces écosystèmes servent de refuges et de nurserie pour bon nombre d’espèces (poissons, requins, oiseaux).

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