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    Nouvelle Calédonie
  • | Crée le 18.09.2020 à 04h30 | Mis à jour le 18.09.2020 à 11h14
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    TRIBUNE. Quatre intellectuels calédoniens, enfants lors des Événements, ont signé une tribune dans Le Monde à la veille du référendum. Ou comment permettre à une génération de reprendre la parole dans l’espace public. Le texte fait grand bruit en Calédonie. Extraits.

    « Nous étions enfants pendant les « événements » [1984-1988], chacun retranché dans son « camp ». Trente-cinq ans plus tard, nous nous apprêtons à voter au référendum. Dans des sens différents. Jolie revanche sur notre histoire : quand nos anciens ont pu prendre les armes les uns contre les autres, aujourd’hui nous prenons la plume ensemble et sortons du silence pour dire notre exaspération face à une pensée simplificatrice venue de Métropole. Comme celle d’Edwy Plenel. »

    Éviter les « stéréotypes » sur la Calédonie que certains continuent d’observer « avec une grille de lecture datant des années 1980 ». C’est dans ce but que Jenny Briffa, journaliste et autrice, Louis Lagarde, maître de conférences en archéologie de l’Océanie à l’université de la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Tjibaou, directeur de l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK)-Centre culturel Tjibaou et Jean-Marie Wadrawane, conservateur à l’Institut d’archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique, ont cosigné une tribune dans le quotidien national. « Il faut avoir le courage de la nuance, et refuser les stéréotypes réconfortants, pour embrasser cette réalité calédonienne tellement complexe. »

    Dire notre exaspération face à une pensée simplificatrice, venue de Métropole.

    « Au moment où nous cherchons une solution inédite de vivre-ensemble, les analyses simplificatrices nous indignent parce qu’elles nous déresponsabilisent. Nourrir un discours de victimisation des Calédoniens d’origine kanak, qui, en 2020, seraient les délaissés de l’Etat colonial, est non seulement une contre-vérité absolue (des programmes de discrimination positive existent, des investissements colossaux ont été réalisés pour l’éducation des jeunes Kanak, pour le développement des provinces administrées par des élus indépendantistes) mais entretient l’idée que tout mérite réparation, que tout est un dû. Par porosité, ce discours a infusé dans toute la Calédonie. Au quotidien, nous assumons les conséquences délétères de ces discours répandus dans toutes les communautés : demandes farfelues d’embauches, acceptation et défiscalisation de projets sans cohérence économique. », indiquent les auteurs qui insistent sur les inégalités persistantes dans le pays.

    « Notre identité qui se créolise efface-t-elle les douleurs du passé (spoliations foncières, insurrections kanak réprimées dans le sang, atrocités du bagne…) ? Non, bien entendu. Gomme-t-elle les effets structurels de la colonisation ? Non, car malgré les progrès des trente dernières années, l’accès des Kanak aux diplômes et aux postes à responsabilité est toujours en deçà de celui des autres Calédoniens ».

    « Oui, notre pays s’est bâti sur des ségrégations créées par l’histoire coloniale. Et comme il est toujours, pour l’observateur, plus simple de voir les différences que de comprendre la structuration de ce qui est homogène, on nous assomme depuis un demi-siècle avec les mêmes clichés opposant Noirs et Blancs, colonisés et colons, riches et pauvres, sans donner de place, jamais, aux familles métisses, si nombreuses, et qui portent en elle la mémoire de toutes nos communautés. Qu’on le veuille ou non, notre créolisation se tisse en silence, depuis bientôt deux siècles. Comme l’écrivait Edouard Glissant : « Nous “savons” que l’Autre est en nous, qui non seulement retentit sur notre devenir mais aussi sur le gros de nos conceptions et sur le mouvement de notre sensibilité. »

    Les quatre Calédoniens l’assurent, au-delà de tout clivage politique, partisan d’une Calédonie dans la France ou indépendante : « Nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus systématiquement nous inscrire dans des fidélités historiques, familiales ou ethniques. Chaque jour, nous travaillons concrètement pour le vivre-ensemble et le destin commun. Nous ne sommes pas là pour panser les maux de la mauvaise conscience française, mais bien pour sortir d’une pensée idéologisée et aller vers une pensée qui objective. Nous, Calédoniens, qui démontrons au quotidien notre capacité à penser contre nous-mêmes, n’avons de leçon à recevoir de personne ».

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