fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Jean-Alexis Gallien-Lamarche / jeanalexis.gallien@lnc.nc | Crée le 24.05.2018 à 04h25 | Mis à jour le 24.05.2018 à 07h36
    Imprimer
    La camionnette qui a servi à la reconstitution était une réplique de celle conduite par William Decoiré. Photos J.-A.G.-L.
    JUSTICE. Il y a un an et demi, le jeune habitant de Saint-Louis était tué par un gendarme. Les faits ont été reconstitués, hier. Sa famille réfute la thèse de la légitime défense tandis que le militaire a été mis en examen pour « coups mortels ».

    Cinq heures pour lever des doutes et faire émerger la vérité. Disséquer les déclarations des témoins, les confronter et les mettre à l’épreuve du terrain, analyser les expertises balistiques et légistes et ne laisser de côté aucune piste pour que la justice puisse faire son œuvre sereinement. Hier, dès 5 heures du matin, la reconstitution des événements qui ont conduit à la mort de William Decoiré le 29 octobre 2016 pilotée par la juge d’instruction en charge du dossier, s’est déroulée sans le moindre heurt, route du Ranch, à La Coulée. Elle a permis « d’apporter des réponses sur les positions des gendarmes, dont celle du tireur, et de la camionnette conduite par William Decoiré », avance Me Lucien Felli, l’avocat de la famille de la victime considérant qu’il était « impensable que cette affaire se termine sans reconstitution » pour « affirmer que la légitime défense ne tient pas car William tentait de s’enfuir et ne voulait pas tuer un gendarme ».

     

    À l’abri des regards

    Cette nouvelle étape judiciaire depuis la plainte déposée contre X pour meurtre par la partie civile au début de l’année 2017, Line Decoiré, la maman du jeune homme de 23 ans originaire de Saint-Louis, en « attendait beaucoup » pour « analyser ce qui s’est vraiment passé en confrontant tous les avis ». « Je veux la vérité, je ne vais pas laisser tomber mon fils. Un an et demi après sa mort, je n’ai pas toutes les réponses à mes questions », poursuit-elle, visiblement affectée par ce qu’elle a vécu plus tôt.

    Couverte par le secret de l’instruction, la reconstitution n’était pas publique, elle s’est réalisée derrière des palissades pour tenir les curieux et les journalistes à l’écart. Impossible pour les automobilistes de ne rien remarquer, le dispositif de sécurité - une centaine de gendarmes mobilisés - étant hors-norme. La mort de « Wyldé », qui avait entraîné une vague de violence paralysant le Mont-Dore, faisait craindre aux autorités des débordements. Il n’en a rien été.

     

    Un procès aux assises ?

    D’après nos informations, le gendarme auteur du tir mortel a été tout récemment mis en examen. Si la thèse de la légitime défense a d’abord été privilégiée au terme de l’enquête préliminaire, la juge d’instruction a décidé d’inculper le militaire pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner (coups mortels). Une information jusque-là jamais révélée qui semble embarrassante pour le militaire mais qui n’est « pas attentatoire à la présomption d’innocence », rappelle le procureur de la République. « Ça ne présume en rien à l’appréciation de la légitime défense », balaye Alexis Bouroz.

    En tout état de cause, la décision finale revient au magistrat-instructeur : poursuivre le gendarme ou décider d’un non-lieu à son égard estimant que les charges ne sont pas suffisantes. S’il est mis en examen pour coups mortels, il sera renvoyé devant la cour d’assises. Le gendarme pourrait alors encourir jusqu’à quinze ans de réclusion criminelle.

     

    Repères

     

    Légitime défense : ce que dit la loi

    Cause d’irresponsabilité pénale, la légitime défense, strictement définie et encadrée par la loi, est justifiée par le péril qui menace l’auteur. La riposte à un acte d’agression est définie par le code pénal par trois conditions : l’acte de défense doit être nécessaire (absence d’alternative possible), proportionné à la gravité de l’atteinte et immédiat (ce qui permet de distinguer la légitime défense et la vengeance).

     

    Six témoins ont participé à la reconstitution

    Pour permettre de faire toute la lumière sur cette affaire, la magistrate avait convoqué six témoins des faits : trois, en contrôle judiciaire, se sont présentés d’eux-mêmes et trois autres, détenus au Camp-Est, ont été transférés sur les lieux sous bonne escorte.

     

    Pas de coupure

    Quelques ralentissements ont été observés compte tenu de l’importance de la circulation mais, à aucun moment, la route n’a été coupée pour les besoins de la reconstitution. Contactée, l’avocate du gendarme, Me Lepape, n’a pas répondu à nos sollicitations.

     

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • MEDIAS ASSOCIÉS
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS