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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 23.05.2024 à 18h41 | Mis à jour le 24.05.2024 à 19h36
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    A l'arrivée des derniers renforts ce jeudi soir, 3 000 policiers et gendarmes seront présents en Nouvelle-Calédonie. Photo Baptiste Gouret
    Malgré des avancées notables, la reconquête par les forces de l’ordre de certaines zones est freinée par la présence d’armes et d’explosifs aux mains d’émeutiers qui n’hésitent pas à en faire usage. De quoi faire perdre patience à une partie de la population toujours coincée chez elle.

    Dixième jour d’émeutes en Nouvelle-Calédonie et l’accalmie des derniers jours annoncée par le haut-commissaire est toute relative. Dans certains quartiers, outre les nouveaux pillages et incendies, il est toujours impossible de circuler, d’en sortir ou d’y entrer. C’est le cas à Kaméré, Tindu, Rivière-Salée, Apogoti ou encore Saint-Louis. Malgré un nombre de gendarmes qui a doublé en moins d’une semaine et un effectif total de forces de l’ordre qui va s’élever à 3 000 agents dans les prochaines heures, la reconquête de ces quartiers contrôlés par les émeutiers est loin d’être acquise.

    "Tireurs cachés"

    Les barrages, imposants, demandent du temps et des moyens matériels importants pour être détruits. Ils sont bien souvent reconstitués la nuit suivante. Mais la reprise de contrôle est surtout entravée par la présence de nombreuses armes à feu dans ces quartiers. Gendarmes et policiers redoutent l’existence de "tireurs cachés" dans les broussailles.

    Une source policière l’affirme : "il y a des snipers sur les toits." Sur certains des barrages détruits, des bouteilles de gaz reliées entre elles ont nécessité l’intervention des services de déminage. Des caisses de cocktails Molotov ont également été retrouvées. Les 5 000 émeutiers estimés par les services de renseignement sont "violents, mobiles et très mobilisés", assure une source de gendarmerie. Leur jeune âge (en moyenne entre 15 et 25 ans) et leur précarité sont des caractéristiques communes. Le niveau de violence atteint par ces jeunes des quartiers populaires, souvent connus des services de police et de gendarmerie, n’avait pas été anticipé. Ces "bataillons" que certains jugent manipulés n’hésitent pas à tirer en direction des forces de l’ordre avec l’intention de tuer, assurent les autorités.

    Des armes d’origine étrangère auraient été saisies, alimentant les craintes d’une ingérence étrangère et la conviction que ces violences sont le fait d’une "organisation entraînée, bien équipée et dangereuse". Depuis le début de la crise, les gendarmes et les policiers ont essuyé une quinzaine de coups de feu. Deux gendarmes ont été tués (dont un à la suite d’un tir accidentel d’un collègue) et trois policiers blessés par balle.

    Une population qui perd patience

    Malgré ce niveau de violence inédit, la consigne donnée par le gouvernement aux autorités est claire : pas question de mettre davantage de vies en danger, tant du côté des forces de l’ordre que des émeutiers. L’exécutif se félicite en effet qu’aucun des six morts à déplorer depuis le déclenchement des émeutes ne soit à mettre sur le compte des forces de l’ordre. Ainsi, la décision a été prise d’employer la méthode lente. La progression se fait "au fur et à mesure", rue par rue. Quitte à faire perdre patience à la population comme à certains responsables politiques. À son arrivée ce jeudi matin au haut-commissariat, le maire du Mont-Dore Eddie Lecourieux a exprimé l’irritation des habitants de sa commune. "On a une population qui souffre. Douze jours, ça commence à être très compliqué, les gens commencent même à pleurer […] On nous a fait miroiter que plus de forces de l’ordre allaient régler les choses, ça fait plusieurs jours qu’ils sont arrivés et ça évolue lentement", a signalé le premier édile, partisan d’une méthode plus ferme pour rétablir l’ordre.

    Des opérations d’envergure devraient se tenir dans les prochaines heures pour reprendre la maîtrise de certains secteurs. Mais le retour à un contrôle total de Nouméa pourrait prendre encore plusieurs jours voire plusieurs semaines. Le président de la République Emmanuel Macron a affirmé que les 3 000 forces de police et de gendarmerie présentes sur le territoire "resteront aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques".

    "Un traitement judiciaire massif"

    Depuis le déclenchement des émeutes, 281 personnes ont été placées en garde à vue, exclusivement pour leur participation aux violences. Parmi elles, 184 l’ont été pour des atteintes aux biens. Par ailleurs, 18 mandats de dépôt ont été délivrés et 55 convocations en justice ont été envoyées. Les comparutions immédiates sont régulières et concernent en priorité les personnes ayant commis des violences sur les forces de l’ordre. "Le traitement judiciaire est massif", assure le parquet.

    Concernant les homicides survenus ces dix derniers jours en lien avec les émeutes, trois personnes ont été mises en examen pour le meurtre d’un jeune homme de 20 ans à Tindu, tué d’une balle dans le dos. Elles sont assignées à résidence et placées sous surveillance électronique tandis que des analyses balistiques doivent encore être réalisées. Une seconde information judiciaire a été ouverte concernant l’homme responsable du double homicide d’un homme de 36 ans et d’une femme de 17 ans à Ducos. Les deux victimes avaient chacune été atteintes d’une balle dans la tête alors qu’elles tentaient de cambrioler le commerce du tireur. Quant à l’homme décédé à la suite d’un échange de tirs sur un barrage filtrant à Kaala-Gomen, aucune interpellation n’a encore eu lieu. La brigade de gendarmerie de Koné est chargée de l’enquête.

    Enfin, une enquête est ouverte pour l’assassinat d’un gendarme, à Plum. Le tireur n’a toujours pas été retrouvé.

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