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    Nouvelle Calédonie
  • Gilles Caprais | Crée le 27.04.2018 à 04h25 | Mis à jour le 27.04.2018 à 09h45
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    Pascal Hébert (à g.), secrétaire général de FOL, au côté de Catherine Poëdi, présidente de l’APEHNC et d’Alain Grabias, président de l’Asea-PN, hier soir, dans les locaux de la FOL, à la Vallée-des-Colons. Photos Thierry Perron
    SOCIÉTÉ. Le Collectif des associations a relayé un appel à l’intention de la classe politique, hier à Nouméa. Les coupes budgétaires et le manque de structuration mettent l’édifice associatif « en danger ».

    Soudés par leurs difficultés communes, une vingtaine de responsables d’association ont exprimé leur écœurement face aux restrictions budgétaires et au « manque de considération » des pouvoirs publics à leur égard, hier soir, à la Vallée-des-Colons. Et les absents ne sont pas oubliés. Handicap, culture, enfance, sport… plus de 70 associations, listent des signataires, se reconnaissent dans le discours que prononce Pascal Hébert à la tribune.

    « Il n’existe pas de politique associative en Nouvelle-Calédonie. Pire, même, les coupes budgétaires actuelles mettent les associations en danger », alerte le secrétaire général de la FOL. « Drastiques », « brutales », les mesures d’austérité « inquiètent les associations sur leur capacité à continuer à mener leurs actions au service des citoyens », poursuit Catherine Poëdi, présidente de l’Association des parents d’enfants handicapés (APEHNC). Moins 30 %, moins 50 % parfois bien plus, certaines « assos » ont perdu une grosse partie des subventions qui leur permettent de vivre. « L’AFMI* souffre énormément », lance une personne, « la Halte* aussi », répond une autre. Les exemples pleuvent. Mais il n’y a pas que l’argent dans la vie, il y a la considération aussi, et les signataires ont beaucoup à dire à ce sujet.

     

    Sentiment d’injustice

    Le Collectif déplore que les associations soient « utilisées comme des prestataires » au lieu d’être traitées comme des « partenaires » que l’on associe aux « orientations des politiques publiques », quand elles ne sont pas « instrumentalisées » par la classe politique.

    Le sentiment d’injustice est d’autant plus fort que les associations effectuent « des missions de service public en lieu et place de l’administration et à moindre coût, enrage Richard Fournier, président du Collectif-Handicaps et de l’association Valentin-Haüy. Les clubs sportifs s’occupent de milliers de gosses qui vont à l’entraînement au lieu de traîner dans la rue ! », tonne-t-il.

    Catherine Poëdi redescend de quelques décibels mais la tonalité est la même. « Lors de l’examen du Plan contre la délinquance, au Congrès, les élus ont insisté sur l’importance du tissu associatif. Mais si on nous retire nos moyens d’actions, nous ne pouvons rien faire ».

     

    Le temps presse

    La diminution des subventions n’est pas simplement la conséquence de la « conjoncture », « ce sont des choix politiques », cette conviction fait l’unanimité derrière la tribune. Pour y remédier, les signataires avancent une revendication : que les élus fassent « de la vie associative une priorité en parallèle des échéances de la fin de l’accord de Nouméa ». Le Congrès est sommé de « s’engager » et de discuter d’une « feuille de route ». Le gouvernement, de faire réaliser un diagnostic de la situation « dès 2018 ». Car le temps presse.

    Catherine Poëdi craint que le mouvement associatif, à force de cravacher, ne finisse par s’essouffler. « Vous voyez la moyenne d’âge ce soir… Il n’est pas facile de trouver la relève ».

    *Association de formation des musiciensintervenants (AFMI), Handicap - Arts - Littérature-Théâtre - Exposition (Halte)

     

    Quelle est la situation... de l'association dont vous êtes responsable ?

    Alain Grabias

    Association pourla sauvegarde de l’enfance, de l’adolescence et des adultes de la province Nord

    « Notre association a été créée à la demande de la province Nord pour gérer la Maison de l’enfance de la côte Ouest, à Koné. Lors de l’ouverture, en 2016, le plan prévoyait une montée en puissance sur trois ans : 21 places dans un premier temps, 45 à terme. La province nous a attribué une subvention la première année, et son montant n’a pas évolué par la suite. Pire, en début d’année 2018, on nous a annoncé qu’elle était désormais divisée par deux. On va descendre à 18 places. On doit donc se préparer à un plan de redressement, et peut-être à des licenciements économiques. »

     

    Valentine Holle, Conseil des Femmes de la province Sud

    « À cause du manque de subventions, on ne donne plus uniquement du temps, on donne aussi de l’argent pour effectuer nos missions, pour se déplacer. Alors on ne va quasiment plus dans les tribus. C’est terrible, parce que notre rôle, c’est justement, au contact des femmes, de leur donner des conseils, pour créer une entreprise, pour s’adresser aux institutions, pour suivre leurs démarches. Les politiques ne se rendent pas compte que le travail que l’on fait, on le fait à leur place. Nos actions, c’est du service public, ça mérite de la reconnaissance. »

     

    Catherine Peyrache , Coordinatrice du Collectif-Handicaps

    « Nous avons subi une diminution de nos subventions de l’ordre de 50 % en deux ans. Ça met en danger la pérennité du Collectif et donc des emplois salariés. Au quotidien, on laisse beaucoup d’énergie dans la quête de subventions, et on remplit moins bien nos fonctions premières, l’accompagnement des personnes handicapées. Le plus grave, c’est peut-être que la démocratie y perd beaucoup. Le Collectif-Handicaps est présent dans une quarantaine de commissions. Les associations sont un contre-pouvoir, c’est la voix des citoyens, et on doit pouvoir les entendre. »

     

    Emmanuel Touraille, Association pour le Développement des Arts et du Mécénat Industriel et Commercial (le Rex)

    « Au Rex, nous avons la chance de ne pas avoir subi les coupes budgétaires. La jeunesse est bien aidée, tout le monde met les moyens pour nous donner la possibilité de fonctionner normalement. Mais de nombreuses associations sont en souffrance. C’est forcément très inquiétant.

    Trop de coupes budgétaires risquent de créer un gros dysfonctionnement dans un territoire où les associations sont très nombreuses, très dynamiques. Et même économiquement, on est très moteur. Le travail des bénévoles est un travail, il crée de la valeur, on ne peut pas le séparer de l’économie. »

     

    72 associations

    ont signé le communiqué intitulé « Le monde associatif calédonien, un trésor à l’abandon ! »

     

    Repères

    Les coupes budgétaires

    Les subventions aux associations sont globalement en souffrance, provinces et gouvernement confondus. La Nouvelle-Calédonie a par exemple réduit ses subventions aux associations et aux établissements publics de 8 % en 2018, après -10 % et -18 %.

     

    Le Collectif des Associations

    La « méta association » existe depuis 2015. Elle regroupe une cinquantaine de membres. Tous n’auraient pas signé le communiqué « par crainte de mettre en péril leurs subventions ».

    Les membres du Collectif représentent près de la moitié des 72 signataires.

     

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