- Anne-Claire Pophillat et Outremers 360 | Crée le 29.11.2025 à 10h19 | Mis à jour le 01.12.2025 à 18h51ImprimerThierry Lataste, Rémi Bastille et Benoît Lombrière sont les trois facilitateurs de la mission mandatée par Sébastien Lecornu et Naïma Moutchou, afin "d'identifier les éclaircissements et compléments éventuels souhaités par les forces politiques" à l'accor Photo DR/ Action EuropeLe ministre des Outre-mer annonce l'envoie d'une mission de facilitateurs le 1er décembre en Nouvelle-Calédonie, composée de Thierry Lataste, Rémi Bastille et Benoît Lombrière, en vue "d'apporter les éclaircissements nécessaires" et de "parvenir, avec l'ensemble des partenaires, à un accord consensuel sur l'avenir du territoire", les critiques sur la façon de faire de l'État se multipliant ces derniers jours. Explications.
Alors que les esprits se sont échauffés ces derniers jours contre la façon de procéder de l'État, la venue de la mission de facilitateurs annoncée par Naïma Moutchou sera-t-elle de nature à les apaiser ? Ce sera notamment le rôle de Thierry Lataste, ancien haut-commissaire, Rémi Bastille, anciennement chargé de conduire les travaux sur l'avenir institutionnel de l'archipel, et Benoît Lombrière, ancien conseille Outre-mer de Nicolas Sarkozy, qui sont attendus sur le territoire lundi 1er décembre. "Des personnalités reconnues pour leur expérience et leur connaissance fine du dossier calédonien", relève le communiqué, mentionnant que cette mission est mandatée par la ministre des Outre-mer ainsi que le Premier ministre, Sébastien Lecornu.
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L'équipe a pour vocation de poursuivre le dialogue, "d'appuyer l'action du gouvernement pour parvenir, avec l'ensemble des partenaires, à un accord consensuel sur l'avenir du territoire". Concrètement, il s'agira de travailler "à identifier les éclaircissements et compléments éventuels souhaités par les forces politiques", précise le document. À charge ensuite à la mission de proposer au gouvernement central les ajustements qu'elle estimera nécessaires à l'accord de Bougival. "L'objectif est de lever les ambiguïtés, de consolider le texte et de favoriser l'adhésion la plus large possible."
Un document pédagogique
Cette démarche fait suite aux échanges tenus avec les partenaires lors du déplacement de Naïma Moutchou en Nouvelle-Calédonie, du 10 au 14 novembre, qui avaient abouti, affirme la ministre, à acter "quatre convergences majeures" : la réaffirmation du soutien des signataires à l'accord de Bougival, la tenue d'une consultation anticipée, la poursuite des discussions pour apporter les éclaircissements nécessaires, le lancement d'un plan de relance économique.
L'autre charge des trois membres de la mission sera de contribuer à l'élaboration d'un "document pédagogique", exposant les dispositions essentielles de l'accord. "Il permettra aux électeurs concernés par la consultation anticipée, envisagée en mars, de se prononcer en pleine connaissance de cause." De quoi faire penser, dans une moindre mesure, à celui élaboré par l'État à la veille du troisième référendum en 2021 sur les conséquences du Oui et du Non.
Corps électoral spécial
Le communiqué précise également la nature du corps électoral appelé à se prononcer pour la consultation anticipée. Il s'agirait du "corps électoral spécial consultation, c'est-à-dire les populations intéressées, conformément à l'accord de Bougival et à la pratique des trois référendums sur l'accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté".
Le projet de loi organisant cette consultation pourrait être présenté en conseil des ministres le 17 décembre, puis être examiné par le Parlement début janvier. Un calendrier censé permettre au gouvernement de tenir compte "des éléments issus des échanges avec la mission d'écoute, afin d'organiser la suite du processus dans des conditions de clarté et de responsabilité", sans préciser de quelle façon les éventuels ajustements seraient intégrés dans la suite du processus. Car d'après le projet de loi organisant la consultation, cette dernière repose sur le texte publié le 6 septembre au Journal officiel de la République française. Quelle valeur, dans ce cas, d'un tel scrutin ? D'autres questions ne trouvent toujours pas de réponse, comme la pertinence de la date retenue - le même jour que le premier tour des municipales -, la nature du corps électoral, qui serait instauré par une simple loi organique, le calendrier serré...
Trois personnalités qui connaissent le dossier calédonien
Thierry Lataste, ancien secrétaire général de la Nouvelle-Calédonie entre 1991 et 1994, fut l’un des principaux négociateurs de l’accord de Nouméa en 1998, qu’il signera en tant que représentant du secrétaire d’État à l’Outre-mer. Il a ensuite occupé deux fois le poste de haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie : une première fois de 1999 à 2002, au début de l’application de l’accord de Nouméa, puis de 2016 à 2019, avec notamment la charge d’organiser le premier référendum de 2018 sur l’accès à la pleine souveraineté. Sa connaissance des accords de Nouméa et sa participation aux négociations fondatrices font de lui un acteur clé de ce processus.
Rémi Bastille est un spécialiste reconnu de la Nouvelle-Calédonie depuis sa première mission sur le territoire en 2016, lorsqu’il était chef adjoint du cabinet du Premier ministre Manuel Valls. Il a été conseillé auprès de l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a notamment participé à l’organisation des deux premiers référendums, puis a officié au haut-commissariat en tant que secrétaire général de 2020 à 2022, avant d’être nommé préfet en charge d’une mission de service public, celle de conduire les travaux sur l’avenir institutionnel de l’archipel. Il a également accompagné Emmanuel Macron lors de son déplacement sur le territoire en mai 2024, au moment des émeutes, alors membre de la mission nommée par le Président, avec Éric Thiers et Frédéric Pottier, pour faire face à la situation sur l’archipel.
Benoît Lombrière apporte une expertise complémentaire acquise au fil de plusieurs missions. Il a fait partie du groupe d’experts dirigé par Alain Christnacht et Jean-François Merle, constitué en 2014 lors du XIIe Comité des signataires pour travailler sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ancien conseiller Outre-mer de Nicolas Sarkozy, il a participé, en juillet, aux négociations de l’accord de Bougival.
Les Loyalistes s'opposent à "une remise en cause de l'équilibre d'ensemble" de l'accord de Bougival
Dans un communiqué vendredi 28 novembre, les Loyalistes s’étonnent des prises de position de plusieurs groupes signataires de l’accord de Bougival, qui "ont exprimé de lourdes réserves quant à la poursuite du processus d’adoption de l’accord". Le mouvement politique estime qu’ils "réclament de nouvelles négociations en vue de le modifier avant sa présentation aux Calédoniens", remettant ainsi en cause ce qui avait été collégialement décidé. Les Loyalistes précisent que, "s’ils ont accepté de poursuivre le travail d’éclairage du texte, il n’a jamais été question que cela aboutisse à une remise en cause de l’équilibre d’ensemble du texte de compromis", ajoutant que si la logique d’indépendance-association (qui avait prévalu à Deva) revenait sur le tapis, "cela entraînerait immédiatement leur retrait". Les Loyalistes regrettent que "ces atermoiements fragilisent l’accord" et en appellent aux signataires, afin de "respecter l’esprit et la lettre de Bougival pour offrir à la Nouvelle-Calédonie un chemin de stabilité".
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