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    Nouvelle Calédonie
  • Julien Mazzoni | Crée le 30.12.2025 à 10h39 | Mis à jour le 30.12.2025 à 10h48
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    La production de CBD local constituerait un des principaux débouchés de la filière. Photo d'illustration Radio1 Tahiti
    Déposée le 29 décembre sur le bureau du Congrès, une proposition de délibération vise à organiser, d’ici 2030, une filière chanvre en Nouvelle-Calédonie. Rien à voir avec une légalisation du cannabis, le texte entend sécuriser juridiquement la production, la transformation et les usages du chanvre, produit non stupéfiant, tout en ouvrant la voie à de nouveaux débouchés économiques mais aussi à des actions de prévention. Explications.

    "On n’est pas en train d’ouvrir un débat, on est en train de poser un cadre pour faire aboutir des travaux menés depuis plusieurs années." Vaimu’a Muliava, élu Éveil océanien au Congrès, en est convaincu, le chanvre est une filière d’avenir pour le Nouvelle-Calédonie.
    Ce lundi 29 décembre, avec Emmanuelle Khac (Calédonie ensemble), Lionnel Brinon (Loyalistes) et Laura Vendegou (Rassemblement), ils ont déposé une délibération cadre visant à structurer une filière chanvre industriel sur le Caillou. Un texte transpartisan qui entend organiser la production, la transformation et les usages du chanvre non stupéfiant (avec un taux de THC limité à 0,3 %), dans un contexte de crise économique et de forte consommation de cannabis.

    "Il faut le dire clairement : on parle de chanvre, pas de cannabis, martèle Laura Vendegou. Le but, c’est justement d’éviter les amalgames qui ont bloqué ce dossier pendant longtemps."

    Un travail engagé depuis 2019

    L’idée de développer la culture du chanvre n’est pas nouvelle. Les premières réflexions remontent à 2019. À l’époque, des études sont lancées pour identifier des cultures alternatives au maïs ou à la squash. "Le chanvre est ressorti comme une culture adaptée", explique Lionnel Brinon. Des échanges ont eu lieu avec des acteurs nationaux, puis des essais ont été menés en province Sud, notamment à Nessadiou, à Bourail, afin de vérifier l’adaptation des variétés et le respect des seuils réglementaires. "On a commencé par vérifier une chose simple : est-ce que ça pousse ici, et est-ce que ça respecte les taux de THC sur tout le cycle", détaille l’élu. Les analyses, réalisées avec des laboratoires locaux, confirment la conformité des essais.

    Une logique de filière, pas une expérimentation isolée

    La délibération propose de structurer la production agricole, la transformation locale et les débouchés industriels et à l’export. "Organiser la filière, c’est s’assurer qu’on va y arriver", explique Vaimu’a Muliava. "Chacun a son rôle : l’action publique pour le cadre légal et sanitaire, les professionnels pour le savoir-faire, les établissements de santé et de recherche pour le contrôle."

    Le texte prévoit une gouvernance dédiée, un comité de pilotage et un dispositif de suivi et d’évaluation. Objectifs : éviter les initiatives dispersées et rassurer les investisseurs. "Les entreprises nous disaient toutes la même chose : tant que le cadre n’est pas clair, on n’investit pas", rapporte Lionnel Brinon.

    Agriculture, industrie et débouchés

    Sur le terrain agricole, le chanvre est présenté comme une culture de diversification. "C’est une plante qui consomme peu d’eau, qui améliore les sols et qui peut s’intégrer en rotation", souligne Lionnel Brinon. Sur les 1 000 hectares aujourd’hui équipés pour les grandes cultures, environ 300 hectares pourraient, à terme, être mobilisés chaque année pour la culture du chanvre et générer plus d’un millier d’emplois.

    Côté industrie, les débouchés seraient multiples : bâtiment, textile, huiles, matériaux composites. Mais la valeur ajoutée la plus forte se situe ailleurs. "La branche la plus rentable, ce sont les cannabinoïdes, notamment le CBD", reconnaissent les élus. À condition, évidemment, d’un encadrement strict, de la traçabilité et de la certification.

    Export, CBD et vide juridique

    Un levier majeur est clairement identifié : l’exportation. "L’Australie et l’Allemagne importent encore la majorité de leur consommation, indiquent les porteurs du projet. Ça laisse de la place, si on est capables d’atteindre les standards."

    Le texte entend également combler un vide juridique, notamment autour du CBD. "Aujourd’hui, des produits sont saisis par les douanes parce qu’il n’y a pas de cadre clair, constate Laura Vendegou. La filière doit permettre à la fois de produire localement et d’importer de façon contrôlée, en attendant." En clair, la démarche pourrait rapidement conduire à un retrait du CBD de la liste des substances stupéfiantes.

    Quant au calendrier de mise en œuvre, les élus restent prudents. Le plan stratégique pourrait être adopté d'ici fin mars. De nouveaux essais sont prévus en 2026, avec un objectif de montée en production à partir de 2027. "On lance une dynamique, insiste Vaimu'a Muliava. Sans précipitation, mais sans attendre encore dix ans."

    Le chanvre pour lutter contre le cannabis


    Laura Vendegou (Rassemblement), Vaimu'a Muliava (Eveil océanien), Lionnel Brinon (Loyalistes) et Valéry Delage, secrétaire du Syndicat du chanvre.

    Les élus entendent également lier explicitement le projet à la santé publique. "En Nouvelle-Calédonie, on sait que la consommation de cannabis commence très tôt, parfois dès l'enfance, alerte Laura Vendegou. La filière chanvre, ce n'est pas qu'un projet économique. C'est aussi un outil de prévention."

    Le texte prévoit ainsi la création d'un fonds dédié, alimenté par les retombées économiques de la filière, pour financer des programmes éducatifs et des actions de lutte contre les addictions. "L'idée, c'est de transformer une ressource économique en ressource pour la santé publique", résume Lionnel Brinon.

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